À la une
Auteur(s) : Valentine Chamard
Qu’il soit d’institution ou visiteur, l’animal (en général le chien) peut servir de médiateur entre le bénéficiaire (malade, personne âgée ou handicapée, etc.) et l’intervenant.
Les acteurs de ce domaine s’accordent pour souligner le rôle essentiel joué par le vétérinaire, qu’il s’agisse du suivi sanitaire ou de la surveillance de la bien-traitance de l’animal.
Les notions d’activité associant l’animal (AAA) et de thérapie facilitée par l’animal (TFA), venues des pays anglo-saxons et saxons, où elles sont connues sous le nom de pet therapy, ont fait leur apparition en France à la fin des années 80. AAA et TFA désignent toutes les actions dans lesquelles l’animal peut jouer un rôle de médiateur entre le bénéficiaire et le thérapeute (ou un autre intervenant formé), que ce soit dans un but social, éducatif ou encore thérapeutique. L’animal est utilisé comme catalyseur d’aide par l’intervenant.
Les domaines et les moyens d’intervention sont nombreux : établissement de liens sociaux ; aide à l’apprentissage, à la responsabilisation et au développement de l’enfant, notamment émotionnel (autistes et trisomiques) ; aide thérapeutique (stimulations sensorielles et motrices, rupture d’isolement, motivation pendant les séances de soins). « Dans tous les cas, la médiation de l’animal est le maître mot, en aucun cas il n’est assimilé à un médicament », souligne l’Association française d’information et de recherche sur l’animal de compagnie (Afirac). De nombreuses institutions sont concernées par cette technique d’aide : hôpitaux, écoles (animal mascotte), maisons de retraite, centres d’éducation, etc. Fruit de volontés individuelles, les débuts de ces activités en France se sont heurtés à un blocage de la part du système de santé, en raison des problèmes d’hygiène, de sécurité et de surcharge de travail soulevés par l’introduction d’un animal en institution, auxquels s’est ajoutée la question de la légitimité et du réel impact bénéfique de la présence animale auprès de personnes en difficulté. D’autant qu’aucune réglementation n’encadre ce type d’activité…
C’est dans ce contexte que l’Afirac a créé en 1999 le Groupe de recherche et d’études sur la thérapie facilitée par l’animal (Gretfa), à seules fins d’identifier les pratiques impliquant un animal, d’établir une méthodologie de travail et de faire reconnaître par les professionnels de la santé les effets positifs pour les bénéficiaires(1).
Qu’il soit garant de la bonne santé des animaux présentés en institution ou acteur des réflexions menées dans ce domaine, « le rôle du vétérinaire est incontournable, bien que pas encore assez connu des praticiens », précise-t-on à l’Afirac. Les établissements qui “emploient” des animaux et les associations qui proposent des animaux visiteurs sollicitent les praticiens pour évaluer régulièrement l’état de santé des animaux. Le but de ces visites est double : prévenir le développement de zoonoses ou d’accidents liés à des troubles comportementaux, mais aussi contrôler la façon dont sont traités les animaux, “éponges émotionnelles et physiques”, intensement sollicités par ces programmes.
Si la compétence des confrères est indéniable en termes de médication de l’animal et de prophylaxie, notre consœur Nathalie Simon, comportementaliste, souligne toutefois les carences de la formation vétérinaire au-delà d’une vision pathologiste du comportement animal. « Le vétérinaire ne peut se lancer au hasard dans l’évaluation comportementale d’un animal, car il engage sa responsabilité. C’est l’animal dans son contexte qui doit être jugé, à savoir sa conduite en institution, où les personnes peuvent avoir des comportements particuliers et où les interactions avec l’homme modifient son attitude habituelle. Des compétences spécifiques doivent être maîtrisées par le praticien et cela nécessite une organisation de la profession », explique-t-elle.
L’Afirac offre son aide aux initiatives qui associent l’animal, en phase de montage ou de mise en œuvre. Depuis cinq ans, des formations sont ainsi proposées. L’adhésion de toute l’équipe soignante est par ailleurs indispensable à la bonne marche du projet. Les bases des besoins et du comportement animal sont, entre autres, inculquées. « Les personnes qui nous sollicitent n’ont parfois aucune connaissance animalière. Certaines pensent que l’animal est un instrument. Un recadrage est indispensable », indique notre confrère Franck Mollard, membre du Gretfa et formateur auprès de l’Afirac. Ce dernier évoque ainsi certaines dérives face auxquelles « le vétérinaire joue un rôle clé, notamment dans la prévention de certaines maladies, dont la plus fréquente, l’obésité. Le problème concerne surtout les chiens intégrés dans un établissement qui côtoient beaucoup d’intervenants pour qui la friandise est un réflexe. En outre, le temps de travail de l’animal doit être géré. Des études montrent que les séances avec un chien ne doivent pas dépasser trente minutes ».
L’accueil des animaux dans les institutions dépend de la “culture animalière” des personnes. Les principaux écueils résident dans la crainte des zoonoses, des problèmes d’hygiène et des agressions physiques. Le principe de précaution et la responsabilisation des intervenants en cas d’incidents sont un frein au développement des AAA.
Le chien est l’animal le plus prisé, car d’éducation facile et capable de développer beaucoup d’interactions avec l’homme. D’autres espèces peuvent, bien entendu, être de bons compagnons, mais leur “utilisation” est plus anecdotique, soit pour des raisons logistiques (animaux difficiles à introduire dans des centres : chevaux, dauphins, animaux de la ferme, etc.), soit en raison d’interactions faibles (oiseaux) ou encore de disponibilité rare et aux résultats incertains (singes capucins). Le chat est peu exploité mais, bien que son dressage et son suivi soient difficiles, il est intéressant justement parce qu’il ne nécessite pas de logistique lourde et que les interactions seraient plus aléatoires et puissantes.
Les chiens utilisés peuvent appartenir à des particuliers (animaux visiteurs), ou avoir été spécialement sélectionnés et éduqués. Il sont parfois issus des circuits de formation des chiens guides d’aveugles ou d’assistance (chiens d’accompagnement social). « Le débat est ouvert sur le choix de la race, du cursus de sélection et de formation du chiot. Je retiens quelques points incontournables : une bonne socialisation et un bon contrôle de l’animal, un référent sans ambiguïté pour le chien et pour toute personne en contact, une définition précise de la pratique afin que le chien puisse “se lâcher” en toute sécurité, un respect sans faille des rythmes de l’animal, de son confort physique et mental. Enfin, il est indispensable de ne pas être seul, c’est-à-dire de faire équipe avec un vétérinaire, sa hiérarchie, le service d’hygiène, etc. », indique Didier Vernay, neurologue et président de l’Afirac. « L’avenir des AAA passe, à mon sens, par les chiens visiteurs, qui sont plus cadrés », explique, quant à lui, Franck Mollard.
Le problème des propriétaires qui doivent se séparer de leur animal parce qu’ils entrent en maison de retraite est une application des débats menés sur la présence de l’animal dans de telles structures ; mais « l’intégration définitive d’animaux en centres de soins ou en maisons de retraite est une action plus difficile. Cependant, l’idée fait son chemin et il existe une réelle attente des propriétaires », ainsi que l’indique notre confrère Philippe Goessaert.
(1) Le chien partenaire de vies, éditions Eres, sous la direction de Didier Vernay.
Contact : www.afirac.org
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire