Le grand bloc de chirurgie de l’ENVT est fermé par principe de précaution - La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006

Vie des écoles. Pollution par des agents anesthésiques volatils à Toulouse

Actualité

Auteur(s) : Carole Ballin

Le grand bloc de chirurgie des petits animaux de l’école de Toulouse est fermé depuis le 25 octobre dernier, sur décision du directeur de l’établissement, Alain Milon. Cette fermeture fait suite à un rapport de la Caisse régionale d’assurance maladie de Midi-Pyrénées qui souligne que des prélèvements d’air ambiant effectués dans plusieurs salles du grand bloc de chirurgie en juin dernier révèlent un niveau de pollution à l’isoflurane dix fois supérieur aux valeurs recommandées. Les textes législatifs imposent pourtant diverses mesures préventives et fixent des normes en matière d’exposition aux agents anesthésiques volatils (AAV). Les principes généraux de prévention sont précisés dans le Code du travail(1). En France, les valeurs limites d’exposition aux AAV sont fixées par la Direction générale de la santé à 25 ppm pour le N2O et à 2 ppm (15 mg/m3) pour les halogénés. Pour assurer une ambiance salubre, il est recommandé de descendre à 30 % de cette norme, soit 5 mg/m3 d’air. Dans le cas de l’ENVT, la pollution enregistrée est dix fois supérieure.

Les étudiants de D3 sont les plus pénalisés par la fermeture

La proportion d’anesthésies réalisées à l’aide d’agents anesthésiques volatils n’a cessé d’augmenter ces dernières années au sein du bloc chirurgical de l’école. Pourtant, aucun travail de rénovation n’a été entrepris pour mettre les locaux aux normes. Le grand bloc opératoire a été conçu dans les années 60. Les normes ont considérablement évolué depuis. Une remise à niveau s’impose donc, particulièrement dans le cadre d’un système universitaire dans lequel cette salle est destinée à la formation des étudiants. De nombreux projets de rénovation ou de reconstruction n’ont pu voir le jour faute de budget. « L’enseignement de qualité en chirurgie et en anesthésie des animaux de compagnie nous apparaît indispensable à une bonne formation des étudiants en vue de leur insertion dans la vie professionnelle », souligne pourtant l’un des membres de l’établissement.

Aucun système actif (l’un des moyens de captage des agents anesthésiques les plus efficaces) n’est présent. La ventilation des locaux avec une évacuation par extraction, normalement simple complément aux autres moyens de dépollution, est assurée dans le petit bloc chirurgical de l’ENVT, mais fait défaut dans le grand. « Il est vrai qu’après avoir passé quatre heures en salle de chirurgie, il nous arrivait d’avoir mal à la tête, mais cet inconfort restait minime en comparaison du plaisir à venir opérer », constate un étudiant.

En attendant que la situation se normalise, le petit bloc reste ouvert pour ne pas trop pénaliser la formation des étudiants. Les D3 sont les plus lésés. Seulement deux interventions hebdomadaires (au lieu de douze auparavant) sont prévues pour chaque groupe de huit D3. Ils peuvent en outre assister aux opérations dites majeures réalisées par les enseignants et les chargés de consultations. Par ailleurs, les lapines qu’Alain Milon s’était engagé à fournir aux étudiants de D3 lors de la réunion du 3 novembre dernier sont arrivées cette semaine. Chacun pourra ainsi réaliser au moins une ovariectomie en anesthésie fixe. De plus, les élèves qui le souhaitent sont autorisés à partir en stage pratique pendant leur rotation.

L’organisme de contrôle, l’APAVE, a effectué de nouvelles mesures, cette fois dans toutes les salles, le 30 octobre dernier. A l’heure où nous mettons sous presse, les résultats sont encore inconnus. Ils devaient être annoncés le 16 novembre.

La réglementation sur l’aération et l’assainissement des locaux de travail est précisée dans le décret du 7 décembre 1984 (n° 84-1093). Ce texte impose de supprimer les émissions de substances insalubres, de capter les polluants au plus près des sources d’émission quand cela est techniquement réalisable, de diluer et d’évacuer les produits par la ventilation générale. Une maintenance de l’installation, des respirateurs et des cuves est normalement prévue dans chaque établissement de santé(2). Or, à l’ENVT, celle-ci n’a pas été réalisée depuis longtemps.

S’il demeure difficile d’affirmer la nocivité de cette pollution, il convient toutefois, compte tenu des données épidémiologiques actuelles, d’appliquer le principe de précaution en vigueur en matière de santé publique.

« Des moyens pour réduire les seuils de pollution des blocs opératoires existent, il apparaît inconcevable de ne pas les mettre en œuvre faute de crédit », estime un étudiant.

  • (1) Loi du 31/12/1991 (n° 91-1414).

  • (2) Circulaire du 10/10/1985.

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