Une hyperglycémie associée à une cétonurie marque un déplacement à droite de la caillette - La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006

Pathologie digestive des ruminants

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

La modification de ces paramètres, ainsi que l’augmentation d’activité de l’aspartate aminotransférase suggèrent une intensification du métabolisme hépatique chez les vaches.

Le déplacement à droite de la caillette (DDC) des ruminants se caractérise par des signes généraux et des signes digestifs peu spécifiques. Les complications de dilatation/torsion viennent rapidement aggraver ce tableau clinique. Des chercheurs turcs ont souhaité mettre en évidence les principales modifications hématologiques et biochimiques qui surviennent lors de ce phénomène, lorsqu’un déplacement et une dilatation sont constatés, mais sans torsion. L’étude(1) est réalisée chez des vaches de race prim’holstein, de la région de Burdur, en Turquie. Il s’agit de la principale zone d’élevage dans ce pays. Le déplacement à droite de la caillette est l’un des problèmes majeurs rencontrés dans cette région.

Pour deux tiers des animaux malades, le pH sanguin est supérieur à 7,4

Quarante-huit animaux, âgés de trois à sept ans, chez lesquels a été observé un tel déplacement avec dilatation, mais sans torsion, sont inclus dans l’expérimentation. Cinq vaches sont en deuxième lactation, six en troisième, quinze en quatrième, douze en cinquième et dix en sixième (voir tableau 1). Les animaux sont classés en trois groupes selon leur niveau de production laitière : moins de 5 kg de lait, moins de 10 kg ou moins de 20 kg. Une auscultation-percussion abdominale permet d’établir le diagnostic, par la suite confirmé grâce à une laparotomie réalisée sur le flanc droit. Température corporelle, fréquence, rythme cardiaques et respiratoires sont notés. Des analyses biochimiques et hématologiques sont également réalisées.

Dans l’étude, l’augmentation d’activité de l’aspartate aminotransférase plasmatique et les concentrations élevées en bilirubine totale, observées chez 90 % des animaux, suggèrent une affection du foie ou un métabolisme hépatique intense. Ces résultats sont en accord avec de précédentes études qui mettent en évidence une augmentation d’activité de l’aspartate aminotransférase lors de déplacement de la caillette, particulièment à droite.

Les concentrations plasmatiques en chlore, sodium, potassium et calcium diminuent fortement pour la majorité des vaches atteintes (voir tableau 2). Une alcalose métabolique, révélée par une augmentation du pH sanguin (pH > 7,4), est notée chez près des deux tiers des animaux (62,5 %). Au contraire, des vaches (25 %) présentent une acidose métabolique (pH < 7,4). Ces importantes et paradoxales variations de pH pourraient être liées au degré de sévérité du DDC, selon les auteurs.

De plus, tous les animaux atteints sont en hyperglycémie et la grande majorité (43 sur 48) présentent aussi une cétonurie, généralement marquée. L’hyperglycémie pourrait être liée à une néoglucogenèse hépatique exacerbée, induite par la production de propionate. La cétonurie proviendrait d’une forte lipolyse, liée au métabolisme hépatique intense. Les auteurs expliquent qu’une hyperglycémie associée à une cétonurie permet d’exclure une cétose primaire. En effet, dans ce cas, la plupart du temps, la glycémie est abaissée et corrélée de façon négative à la concentration en corps cétoniques.

Une ration riche en concentrés semble être une alimentation à risque

Dans l’expérimentation, le déplacement à droite de la caillette est diagnostiqué dans les quarante-cinq jours qui suivent le vêlage, surtout en hiver (71 % des cas). Le plus fort taux d’incidence est observé chez les vaches en quatrième lactation (31 %), le plus faible chez celles en deuxième (voir tableau 1). Par ailleurs, les vaches qui ont une alimentation riche en concentrés (plus de 60 %) sont plus souvent atteintes (taux d’incidence de 83,3 %) que celles nourries avec une ration constituée au moins de 50 % de fourrage (16,7 %). Ces résultats corroborent ceux d’autres travaux qui montrent que 90 % des DDC surviennent dans les six premières semaines après le vêlage. Par ailleurs, des auteurs ont mis en évidence la rareté du DDC chez les primipares. Sa fréquence augmente jusqu’au quatrième ou sixième vêlage, puis diminue. L’alimentation apparaît également comme un facteur de risque. Un excès de concentré conduit à une accumulation d’acides gras volatils, donc à une distension des réservoirs gastriques et à une atonie.

Au contraire, une forte proportion de fourrages augmente la motilité du rumen. En conséquence, en hiver, lorsque la disponibilité des fourrages est réduite, les DDC sont favorisés.

En outre, dix animaux présentent une hyperthermie marquée (supérieure à 39 °C), des fréquences cardiaques et respiratoires marquées, ainsi qu’une leucocytose associée à une lymphocytose, à une monocytose ou à une neutrophilie. Ces résultats sont probablement attribuables à une infection concomitante selon les chercheurs. En effet, ces dix animaux ont présenté une mammite. Par ailleurs, le stress induit par le DDC dans la phase précoce pourrait expliquer la leucocytose observée chez six animaux.

  • (1) S. Sahinduran et coll. : « Haematological and biochemical profiles in right displacement of abomasum in cattle », Revue de médecine vétérinaire, 2006, n° 157, vol. 7, pp. 352-356.

Le déplacement à droite

Atonie, accumulation de gaz et dilatation de la caillette sont des conditions nécessaires à un déplacement à droite de la caillette. Dès que cette dernière est remplie de gaz, sa grande courbure remonte dorsalement vers la zone paralombaire droite, alors que la partie pylorique remplie de liquide s’enfonce ventralement comme par un effet de bascule. Avec le temps, le déplacement simple évolue souvent vers la torsion : la dilatation est accentuée et la caillette tourne autour d’un axe fundus-pylore.

J.-P. G.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur