Affection cardiaque chez le chien
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Eric de Madron
Une étude montre la supériorité du pimobendane, mais les méthodes employées laissent dubitatif.
Dans une étude (Vetscope) multicentrique, randomisée, avec contrôle positif, 76 chiens atteints d’insuffisance mitrale sont évalués afin de comparer l’efficacité du pimobendane par rapport à celle du bénazépril (voir bibliographie 1). Les critères sur lesquels les animaux sont retenus sont la présence d’une insuffisance mitrale et l’existence de symptômes permettant de les inclure dans la classe ISACHC (International Small Animal Cardiac Health Council) II ou III au début de l’étude. Durant la phase initiale, de cinquante-six jours, les chiens sont divisés en un groupe sous pimobendane (groupe 1, n = 41) et un autre sous bénazépril (groupe 2, n = 35). Du furosémide y est éventuellement associé, pour chacun des groupes.
Pendant la phase dite de “longévité”, les chiens sous pimobendane peuvent recevoir n’importe quel médicament ayant une AMM pour le traitement de l’insuffisance cardiaque dans cette espèce. En revanche, les chiens initialement sous bénazépril ne peuvent en aucun cas recevoir du pimobendane.
Dans le sous-groupe de chiens ayant reçu du furosémide (n = 31 dans le groupe 1, n = 25 dans le groupe 2), l’amélioration du score d’insuffisance cardiaque (index multiparamétrique incluant la tolérance à l’exercice, le comportement, l’appétit, l’effort respiratoire, la toux et la dyspnée nocturne) est plus importante avec le pimobendane au 56e jour (p = 0,0011, la différence étant considérée comme statistiquement significative si p est inférieur à 0,05). Le temps de survie médian (mort ou échec du traitement) est de 415 jours pour le groupe 1, alors qu’il n’est que de 128 jours pour le groupe 2. Cette différence est significative (p = 0,0022). Les résultats apparaissent séduisants.
Une étude plus poussée de ces résultats conduit toutefois à s’interroger. Tout d’abord, 20 % des chiens ne sont pas sous furosémide au début des travaux. Ils sont considérés comme étant en insuffisance cardiaque ISAHC II sur des critères assez subjectifs (intolérance à l’effort, légère dyspnée, toux). Une toux ne nécessitant pas de furosémide n’est pas systématiquement un signe d’insuffisance cardiaque. L’expérience clinique montre que la plupart des chiens qui souffrent d’une insuffisance mitrale ne présentent aucun symptôme avant de développer un œdème pulmonaire.
Les résultats de la phase I (de 0 à 56 jours) indiquent une meilleure amélioration de la qualité de vie pour les chiens sous pimobendane. Ceci est corroboré par d’autres études vétérinaires (Smith et coll., JSAP, 2005). La phase de longévité laisse dubitatif. En effet, les chiens sous pimobendane peuvent recevoir du bénazépril sans que cela soit considéré comme un échec thérapeutique, alors que ceux sous bénazépril et pour lesquels du pimobendane est ajouté lors de l’aggravation des symptômes sont considérés comme des échecs thérapeutiques, par conséquent comme des non-survivants dans les statistiques. Le nombre de chiens ayant continué l’étude sous pimobendane et bénazépril reste inconnu. Or sans cette information, il est impossible de conclure avec certitude que le pimobendane seul est supérieur au bénazépril. Par ailleurs, le temps de survie pour le groupe bénazépril dans cette étude est bien inférieur à celui rapporté dans l’étude Bench (voir bibliographie 2), où le temps de survie des chiens avec une insuffisance mitrale et ayant été traités avec le bénazépril est de 436 jours.
En comparant les résultats de l’étude Bench avec ceux de l’étude Vetscope, la “supériorité” du pimobendane devient beaucoup moins évidente. Une question intéressante reste en suspens : l’association de pimobendane et de bénazépril est-elle supérieure au pimobendane seul ou au bénazépril seul ? Vetscope n’y répond pas. Cette étude établit simplement que le pimobendane a un rôle à jouer dans le traitement de l’insuffisance mitrale et que cette molécule a un impact positif sur la qualité de vie. Cependant, des travaux évaluant les bénéfices éventuels d’une association pimobendane-IECA sont nécessaires.
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