Le glucantime pourrait induire la résistance des leishmanies à l’antimoine pentavalent - La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1248 du 09/12/2006

Point de vue sur le traitement de la leishmaniose canine

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Jacques Lamothe

Le compte rendu de la conférence consacrée au traitement de la leishmaniose canine m’inspire quelques remarques(1). Auteur d’un grand nombre d’articles sur le sujet, je souhaite rappeler quelques points.

L’association glucantime-allopurinol est reconnue aujourd’hui comme un traitement efficace de la leishmaniose canine (Denerolle et Bourdoiseau, 1999). Néanmoins, ce seul critère d’efficacité n’est pas suffisant. Le glucantime, utilisé efficacement lors de leishmaniose viscérale humaine, ne devrait pas être employé chez le chien. Il conduit en effet facilement à l’apparition de souches résistantes chez ce dernier, qui sont transmises aux hommes. Des études de cas de leishmaniose infantile montrent l’existence de souches résistantes dont l’origine canine est fortement suspectée (Faraut-Gambarelli, 1997).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé officiellement, dès 1996, dans le manuel de lutte contre la leishmaniose, de ne pas utiliser les molécules employées chez l’homme pour soigner les chiens : « Cette méthode de traitement [avec le glucantime] pourrait induire la résistance des leishmanies à l’antimoine pentavalent, les chiens pouvant alors devenir des réservoirs de la maladie humaine. » Les craintes exprimées par les experts de l’OMS, justifiées, les vétérinaires peuvent-ils encore ignorer ces recommandations ?

Il faut, bien entendu, traiter les chiens. Des alternatives existent et il n’est pas prouvé qu’elles soient moins efficaces que le protocole cité plus haut. L’allopurinol seul est le traitement qui a fait l’objet du plus grand nombre d’études. Deux articles récents publiés dans le Journal of Veterinary Internal Medicine sur des séries importantes montrent son intérêt : quatre mois de traitement permettent de guérir 50 % des chiens et d’apporter une amélioration clinique chez les 50 % restant. Dans une autre étude chez 40 chiens atteints de leishmaniose et d’insuffisance rénale, six mois de traitement stoppent l’évolution des lésions rénale et, sur 8 chiens présentant un syndrome urémique, 5 retrouvent des valeurs normales d’urée et créatinine. Le professeur Slappendell, de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), montrait déjà, il y a quelques années, un taux de survie de 80 % au bout de quatre ans.

L’association spiramycine-métronidazole ou encore la marbofloxacine seule sont également possibles. J’ai obtenu une guérison clinique chez 8 chiens sur 11 traités à la dose de 2 mg/kg pendant un mois. Un traitement d’entretien avec cette molécule est par ailleurs indispensable.

Le traitement d’entretien avec l’allopurinol est connu pour éviter la dissémination des souches résistantes. Cependant, l’observance d’un traitement administré deux fois par jour durant plusieurs mois semble difficile. L’automédication en zone d’endémie, largement répandue, favorise aussi la dissémination de souches résistantes.

Pouvons-nous continuer à prendre le risque de disséminer de plus en plus de souches de Leishmania résistantes alors que nous ne disposons quasiment que de deux molécules pour traiter cette maladie chez l’homme ?

Je propose, pour le traitement de chiens atteints de leishmaniose, d’utiliser en première intention l’allopurinol seul ou l’association spiramycine-métronidazole. La visite de contrôle de l’animal s’effectue au bout d’un mois avec cette dernière et à l’issue de quatre mois pour l’allopurinol seul.

Ce n’est qu’en cas d’échec thérapeutique que l’association glucantime-allopurinol pourrait être éventuellement envisagée même si, à titre personnel, je pense qu’il serait souhaitable d’éviter les antimoniés.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1245 du 18/11/2006, pp. 36-37.
    La bibliographie de cet article est disponible sur Planete-vet.com, rubrique “Biblio” (mot clé : SV-1248-40).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur