Un comprimé anti-androgène et un nouveau dermocorticoïde sans effet secondaire

Quelques jours avant le congrès annuel des vétérinaires canins (Afvac), qui a lieu actuellement à Bordeaux, Virbac a réuni la presse vétérinaire pour lui dévoiler ses innovations pour l’année prochaine. Il s’agit de deux nouveaux médicaments qui viennent d’être approuvés par l’Agence européenne du médicament avec deux molécules inédites : l’acétate d’osatérone (Ypozane®) dans le traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate et un dermocorticoïde de la nouvelle classe des diesters, l’acéponate d’hydrocortisone (Cortavance®). Avec ces deux nouveaux produits, le laboratoire français investit donc sur deux marchés distincts, d’une part celui de la gériatrie, un «jeune» marché en forte croissance (^{voir graphique 1}), d’autre part celui de la dermatologie, dans lequel de nombreux laboratoires sont déjà présents, dont Virbac, depuis plusieurs dizaines d’années.

Diverses raisons expliquent la croissance du marché de la gériatrie canine. Il est vrai que l’offre de nouveaux produits, médicaments ou nutraceutiques ne cesse de s’élargir, notamment avec le développement de la cardiologie, des AINS et/ou des chondroprotecteurs pour lutter contre l’arthrose, ou encore… des produits contre le vieillissement cérébral. Dans ce dernier segment, Virbac a récemment lancé un nutraceutique sans AMM, les comprimés Novifit®, à base d’un sel de S-adénosylméthionine ou SAMe, destinés « à la gestion des troubles comportementaux du chien âgé », selon la communication que présente notre consœur comportementaliste Valérie Dramard au congrès de Bordeaux. Dans l’essai clinique comparatif contre placebo sur 36 chiens, le score clinique relié à ces troubles du comportement (diminution d’activité ou de vigilance, malpropreté, etc.) est amélioré de 44 % dans le lot traité avec Novifit®.Le placebo améliore ce score de 25 %. L’écart reste statistiquement significatif.

L’effet anti-androgène sur la prostate persiste six mois

Pour les chiens âgés mâles et non castrés, le nouveau médicament de Virbac, qui devrait être lancé courant 2007, s’attaque au traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Cette hyperplasie liée à l’âge est particulièrement fréquente, mais sous-diagnostiquée : 95 % des mâles âgés en seraient atteints. Les signes d’appel sont souvent peu spécifiques, voire absents. Le diagnostic repose d’abord sur un toucher rectal, puis la réalisation d’une radiographie ou, mieux, d’une échographie. Le laboratoire devrait donc sensibiliser les vétérinaires sur ces signes d’appel et encourager à la mise en œuvre d’un bilan gériatrique annuel comprenant un toucher rectal. Le nouvel anti-androgène, l’acétate d’osatérone, se présentera sous forme de comprimés Ypozane® en trois dosages pour petits, moyens ou grands chiens. Le schéma thérapeutique comprend une cure d’un comprimé par jour pendant sept jours (sur la base d’une dose de 0,25 mg/kg/j), pour un effet persistant au moins six mois. Une étude multicentrique a comparé l’efficacité du nouveau traitement par rapport à une injection de delmadinone à 3 mg/kg (Tardak®, Pfizer). Elle vient d’être rendue publique au congrès mondial de la WSAVA, organisé à Prague du 11 au 14 octobre dernier. Dans cet essai sur 150 chiens, le volume de la prostate est évalué par échographie à partir de trois mesures (longueur, largeur, hauteur). La réduction est significativement plus importante et plus durable avec Ypozane® (38 à 46 %) qu’avec Tardak® (27 % à 40 %) durant les six mois de suivi (^{voir graphique 2}).

Le dermocorticoïde n’est résorbé qu’à 0,2 % dans le sang

Dans un tout autre domaine, celui du « traitement symptomatique des dermatoses prurigineuses ou inflammatoires », Cortavance® est un spray cutané à base d’un dermocorticoïde de la classe des diesters d’activité anti-inflammatoire classée forte, mais sans les effets secondaires redoutés des corticoïdes. Il s’agit d’un diester de l’hydrocortisone (le cortisol naturel): l’acéponate, abréviation de 21-acétate et de 17-propionate. Son intérêt est surtout qu’il n’est pas résorbé par la peau et qu’il n’est donc pas susceptible de provoquer un syndrome de Cushing iatrogène, ni les autres effets généraux des corticoïdes. Appliqué sur la peau, la résorption dans le sang est négligeable (0,2 %). Sa pénétration est limitée aux follicules pileux et aux couches superficielles du derme ou profondes de l’épiderme, à une profondeur de 0,20 à 0,25 mm de la surface cutanée.

La solution à 0,584 mg/ml sera conditionnée dansunpetitflaconsprayde76 ml et s’emploiera une fois par jour à raison de deux pressions pour une zone de “prurit” de 10 x 10 cm. Les essais cliniques démontrent, contre témoin non traité, l’efficacité de cette formulation pour réduire, voire annuler presque totalement, les épisodes de prurit notamment dans les DAPP.