Merial European Vaccinology Symposium. Immunité des nouveau-nés et vaccination
Actualité
Auteur(s) : Karin De Lange
Le taux d’anticorps maternels chez le jeune animal après la prise colostrale détermine la durée de cette protection maternelle, a rappelé Michael Day (université de Bristol) lors du symposium européen Merial de vaccinologie comparative (MEVS) qui s’est tenu du 2 au 4 novembre dernier à Athènes (Grèce). Ce taux peut donc indiquer le moment propice pour la vaccination du chiot. Cependant, il existe des différences importantes de ce taux entre les portées du même animal et même à l’intérieur d’une portée.
Concernant les foyers récents de parvovirose canine (CPV) observés au Royaume-Uni, Michael Day a indiqué que l’analyse des données de pharmacovigilance sur l’éventuel manque d’efficacité de vaccins suit son cours au Veterinary Medicines Directorate (l’agence britannique du médicament vétérinaire). Il a cependant avancé l’hypothèse que l’augmentation de cas de CPV outre-Manche soit en partie due à une chute du taux de vaccination canine, engendrée par des « lobbies anti-vaccination » sur l’Internet. Et d’évoquer aussi « une contribution possible » de la fin du protocole vaccinal à dix semaines d’âge, préconisée par certains laboratoires pour permettre une socialisation plus précoce. A ce sujet, une étude vient d’être publiée (non encore rendue public au moment du symposium), qui démontre qu’une primo-vaccination à six et dix semaines permet une protection « suffisante »(1) dans des conditions normales. Cependant, le professeur Schultz (université de Wisconsin-Madison, Etats-Unis), membre de plusieurs comités consultatifs vétérinaires de recommandations vaccinales, déconseille vivement d’arrêter la primo-vaccination du chiot contre la CPV avant douze ou même seize semaines d’âge, en raison du taux croissant de chiots qui ne répondent pas au vaccin provoqué du fait d’une persistance des anticorps maternels jusqu’à cet âge. Il a cité une étude dans laquelle 8 % des chiots ne répondaient pas à la vaccination à douze semaines d’âge en raison de l’interférence des anticorps maternels. Selon lui, la demi-vie des anticorps maternels contre la CPV est aujourd’hui estimée à onze jours (+/- deux jours), « ce qui signifie que les anticorps persistent plus longtemps que ce que l’on supposait jusqu’alors », calculés sur la base d’une demi-vie de neuf jours en moyenne.
L’intérêt de la vaccination muqueuse a été souligné par Ingileif Jonsdottir (université d’Islande). Il s’agit « d’une évidence » selon elle, étant donné que la plupart des agents pathogènes du nouveau-né entrent dans l’organisme par les muqueuses. En s’appuyant sur différentes études, elle a montré que le NALT (tissue lymphoïde nasale) constitue un site important d’induction immunitaire des muqueuses. Surtout, à l’aide de certains adjuvants, les réponses systémiques et muqueuses des cellules B et T sont déclenchées, même en présence de taux élevés d’anticorps maternels. Elle propose donc une combinaison de vaccination de la mère et de l’enfant comme solution future.
D’autres stratégies pour surmonter les anticorps maternels ont été présentées à Athènes, parmi lesquelles les vaccins ADN, les vaccins vecteurs recombinants, l’usage d’adjuvants appropriés, “l’amorçage” du nouveau-né et des rappels précoces. Certaines de ces stratégies ont déjà été mises en pratique avec succès en médecine vétérinaire, comme l’ont illustré Laurent Fischer, Camila Pardo, Jules Minke et Michel Bublot (du département Recherche et Développement de Merial) en présentant la valeur ajoutée de vaccins ADN contre la maladie d’Aujeszky et des vaccins vecteurs contre la maladie de Carré, l’influenza équine et la maladie de Gumboro respectivement.
(1) Bergman et coll. : « Comparative trial of the canine parvorirus, canine distemper virus and canine adenovirus type 2 fractions of two commercially available modified live vaccines », The Veterinary Record, 2006, n° 159, pp. 733-736.
C'est un éleveur néerlandais, Geert reinders, qui a décrit l'immunité maternelle pour la première fois, a rappelé Paul-Pierre Pastoret (Organisation mondiale de la santé animale) lors du symposium MEVS. Vers la fin du XVIIIe siècle, l'éleveur a observé que les veaux issus de vaches ayant survécu à la peste bovine étaient réfractaires à l'inoculation de la maladie. En médecine humaine, une observation comparable a été réalisée aux Iles Féroë au cours de l'épidémie de rougeole de 1845.
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