Maladie des ruminants. Evolution de la blue tongue en Europe du Nord
Actualité
Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet
Comme prévu, la baisse des températures a fait caler le virus. Les experts européens se préparent désormais à un hypothétique redémarrage estival.
Le calme avant la tempête ? Il est impossible de prédire si la vague bleue déferlera de nouveau en Europe du Nord dans quelques mois. En effet, l’épizootie de blue tongue qui a provoqué l’apparition de plus de deux mille foyers en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et au Luxembourg présente des caractéristiques originales : un virus de sérotype 8 qui n’avait jusque-là jamais été diagnostiqué sous de telles latitudes et un vecteur (probablement Culicoides dewulfi) différent du principal en cause dans le bassin méditerranéen (Culicoides imicola). Les bovins jouent le plus souvent le rôle de réservoir. Et généralement, l’infection se manifeste surtout chez les ovins avec un taux de mortalité de 2 à 20 %. Dans le cas présent européen, les bovins représentent plus de la moitié des animaux qui développent des symptômes de la maladie : boiterie, hypersalivation, œdème de la face, érythème et œdème de la mamelle et/ou des trayons.
L’épizootie sévit depuis le 17 août. Le climat – chaleur et humidité – a été favorable à la multiplication du vecteur et donc à celle du nombre de cas. Avec le refroidissement, une trêve hivernale est généralement observée, avec ou sans redémarrage associé à la hausse des températures. Pour l’instant, comme prévu, une diminution du nombre de foyers déclarés depuis le pic de mi-octobre est observée (voir graphique). Au 11 janvier, 2 055 foyers avaient été déclarés : 695 en Belgique, 891 en Allemagne, 457 aux Pays-Bas, 6 au Luxembourg et 6 en France, à Brognon, Tailly, Hierges (Ardennes), Beaurieux, Bondues (Nord) et dans la Meuse. Et ensuite ? Des groupes d’experts européens se réuniront prochainement à Bruxelles pour en discuter et définir la meilleure stratégie à adopter en cas de réapparition du phénomène. Pour l’instant, aucune stratégie médicale de lutte n’est possible puisque aucun vaccin ciblant le sérotype 8 n’est encore disponible. La lutte contre l’infection repose uniquement sur l’instauration de mesures sanitaires, notamment de désinfection et de désinsectisation, de limitation des mouvements des animaux sensibles, de leurs embryons, semence et ovules, complétées par une surveillance clinique, sérologique et entomologique. Les mesures de limitation des mouvements ont fortement pénalisé les éleveurs de ruminants, via la délimitation de zones de protection (100 km de rayon) et de surveillance (150 km de rayon) autour du foyer.
Néanmoins, face au constat d’inactivité du moucheron vecteur, effectué par les experts du Cirad(1) et de l’université Louis-Pasteur de Strasbourg, la réglementation a été simplifiée et assouplie(2). Une zone réglementée unique a été définie, au sein de laquelle les mouvements des ruminants domestiques ou sauvages sont désormais complètement libres, hors périmètres interdits qui restent en place.
Outre le nord de l’Europe, deux zones épidémiques peuvent être distinguées sur le continent européen : l’ouest du bassin méditerranéen, qui est concerné par les virus de sérotypes 1, 2, 4 et 16, ainsi que sa partie est, touchée par les sérotypes 1, 4, 9 et 16(3). Dans ces deux zones, Culicoides imicola est le principal vecteur responsable et les moutons les principaux animaux atteints cliniquement. La Corse a déjà subi trois vagues épizootiques, en 2000 et 2001 (sérotype 2), en 2003 et 2004 (sérotype 4) et en 2004 (sérotype 16), ainsi que plusieurs campagnes de vaccination. D’ailleurs, la vaccination de son cheptel ovin est reconduite pour l’hiver 2006-2007. En effet, le dispositif de surveillance sérologique de veaux sentinelles a démontré la persistance d’une circulation du virus sur l’île. La campagne 2006-2007 concerne l’ensemble des ovins âgés de plus de deux mois et demi, présents dans les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Elle devra s’achever avant la fin avril 2007. Le vaccin utilisé est un vaccin inactivé bivalent contre les sérotypes 2 et 4(4). Dernière source d’inquiétude, mais pas la moindre, le virus de sérotype 1 a récemment été détecté en Tunisie, au Maroc, en Algérie et en Sardaigne.
(1) Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
(2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1251 du 06/1/2007 en page 14.
(3) Voir le site http://blue-tongue.cirad.fr/
(4) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1252 du 13/1/2007 en page 16.
Aube (arrondissement de Bar-sur-Aube et cantons d’Arcis-sur-Aube, de Chapelle-Saint-Luc, de Mery-sur-Seine, de Piney, de Ramerupt, de Troyes – 1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 7e cantons), Ardennes, Aisne, Marne, Haute-Marne (arrondissement de Saint-Dizier et cantons d’Andelot-Blancheville, de Bourmont, de Chaumont-Nord, de Chaumont-Sud, de Clefmont, de Juzennecourt, de Saint-Blin, de Vignory), Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise (arrondissements de Clermont, de Compiègne et cantons de Beauvais-Nord-Est, de Beauvais-Nord-Ouest, de Beauvais-Sud-Est, de Betz, de Crépy-en-Valois, de Crèvecœur-le-Grand, de Formerie, de Grandvilliers, de Marseille-en-Beauvaisis, de Nanteuil-le-Haudouin, de Nivillers, de Pont-Sainte-Maxence), Pas-de-Calais, Bas-Rhin (arrondissements de Haguenau, de Molsheim, de Saverne, de Strasbourg-campagne, de Strasbourg-ville, de Wissembourg et canton de Obernai), Seine-Maritime (cantons d’Aumale, de Blangy-sur-Bresle, d’Eu), Seine-et-Marne (cantons de Ferté-sous-Jouarre, de Lizy-sur-Ourcq, de Rebais), Somme, Vosges (cantons de Bulgnéville, de Charmes, de Châtenois, de Coussey, de Mirecourt, de Neufchâteau, de Raon-l’Etape, de Senones, de Vittel).
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