Le picage des perroquets est un syndrome complexe, aux causes multiples

Le picage, thème présenté lors d’une conférence du congrès de l’Afvac 2006, est un terme originellement utilisé pour les volailles. Il se définit comme une perte de plumes ou une lésion cutanée due à l’action directe de l’oiseau ou d’un congénère. Chez le perroquet, il se traduit par une perte de plumes. Celle-ci concerne, dans un premier temps, les plumes de couverture, ce qui laisse apparaître le duvet, en particulier sur la poitrine et les épaules, puis le ventre et les cuisses. Le stade extrême correspond à une alopécie complète, à l’exception de la tête et du haut du cou, et de quelques rémiges ou de fractions de rémiges sur les ailes. Des lésions cutanées ulcératives sont parfois présentes aux plis d’insertion des ailes et des cuisses.

Lors d’origine somatique, la tête n’est pas épargnée

L’exploration de ce trouble passe par différentes étapes. Dans un premier temps, il convient de vérifier que le picage n’est pas infligé par un congénère. Si tel est le cas, les causes zootechniques et psychiques sont à envisager en premier lieu. En cas de picage autodirigé, il est possible d’observer l’oiseau s’arracher des plumes. Si la tête présente des pertes de plumes ou un plumage anormal, il convient de se focaliser sur des causes somatiques. En cas de prurit net (l’oiseau ne peut s’arrêter de s’occuper de son plumage avec son bec, et peut parfois se retourner brutalement, comme s’il était piqué), une cause somatique est la plus probable. A l’inverse, la présence d’un prurit léger ou son absence orientent davantage vers une cause zootechnique ou psychique.

Les connaissances en dermatologie des psittacidés sont malheureusement incomplètes à ce jour. Toutes les causes de dermite ou de folliculite peuvent conduire à du picage (causes somatiques, ^{voir tableau}). Les causes psychiques ne sont pas à négliger, car ces oiseaux sont intelligents. Toutes les causes génératrices d’anxiété peuvent induire du picage. En ce qui concerne les défauts dans les paramètres d’élevage, l’ennui aboutit à un temps de toilettage excessif. Les solutions sont alors la dispersion et la dissimulation de la nourriture, les “arbres à perroquets”, les jeux, les interactions sociales, les promenades. Il est également prouvé que les oiseaux demeurés moins de six semaines dans le nid puis élevés à la main, ou capturés dans la nature, sont davantage sujets au picage.

Un examen clinique détaillé, sous anesthésie générale si besoin, est nécessaire. Le recours à la radiographie ou à des tests de dépistage peut être envisagé. Il est indispensable d’analyser le régime alimentaire, de se renseigner sur le mode de vie et d’identifier les éventuels troubles du comportement afin d’apporter un traitement étiologique. La collerette ou le collier boule ne peuvent être que des traitements transitoires pour éviter l’automutilation.

• Article tiré de la conférence « Le picage des perroquets », présentée par Jean-Marie Péricard lors du congrès de l’Afvac en décembre 2006.