Si vous n’êtes pas efficace en début d’après-midi, faites donc une petite sieste !

Dans les pays industrialisés, pouvoir disposer de plus de temps est un souhait exprimé à 43 %. A titre de comparaison, avoir davantage d’argent n’est cité qu’à 27 %. Comme dans nombre de professions libérales, les vétérinaires praticiens ont bien souvent le sentiment de se laisser déborder par leurs activités, professionnelles surtout. Or « personne ne peut acheter du temps ni même le stocker ou le récupérer », ironise Jean-Michel Mainguené à l’occasion d’une conférence⁽¹⁾. Pour « gagner du temps », il faut donc travailler plus efficacement. Pour cela, trois pistes sont évoquées, dont la première est la concentration. « Il est nécessaire de se fixer des priorités et d’oublier le reste pour y consacrer toute son énergie », conseille le conférencier. La seconde piste est la délégation. « Il faut apprendre à dire non », explique-t-il, rappelant l’importance des auxiliaires vétérinaires aux côtés du praticien.

Travailler mieux, mais pas plus : 20 % des efforts produisent 80 % de l’efficacité

Troisième piste enfin : la suppression de ses freins psychologiques. Il s’agit de se défaire de ses mauvaises habitudes, souvent issues d’un conditionnement inconsciemment installé dès l’enfance (^{voir tableau}). « Il nous est demandé depuis toujours de mieux faire, plus vite… Mais, à un moment, il faut décider de qui appuie sur les boutons de la télécommande qui dirige notre vie ! » Finalement, comprendre l’origine et la finalité des habitudes permet de faire le tri et, idéalement, d’en changer. Même si la perfection a été enseignée comme une règle, il peut être justifié de stopper ce qui a été entamé ou de considérer que l’objectif fixé a été atteint.

Jean-Michel Mainguené a d’ailleurs rappelé le principe des 20-80 de l’économiste italien Pareto : 20 % des clients engendrent 80 % des recettes. De même, 20 % des efforts fournis produisent 80 % de l’efficacité. Il s’agit donc de cibler ces 20 % afin de mieux travailler, mais pas plus. L’organisation de la journée et de la semaine méritent aussi d’être analysées. Chacun présente des cycles d’énergie, se concrétisant par exemple par une inefficacité flagrante le lundi, suivie d’une progression, pour être au maximum de son efficacité le jeudi. Dans cet exemple, une opération difficile sera donc programmée de préférence en milieu de semaine. Dans la journée aussi, chacun subit des baisses de régime. « Statistiquement, la majorité d’entre nous atteint une efficacité maximale le matin vers 10 h et présente une chute entre 14 et 15 h », illustre Jean-Michel Mainguené. Une activité de forte réflexion ou une négociation délicate se prévoit en dehors des heures “creuses”. Et, puisque l’effet reposant d’une sieste de vingt minutes est bien supérieur à la même durée de sommeil nocturne… pourquoi ne pas instituer un vrai temps de repos à l’espagnole en début d’après-midi ?

• (1) Article réalisé d’après une conférence préparée avec Alo Van der Beek et présentée par Jean-Michel Mainguené, praticien à Montauban, au congrès Afvac de décembre 2006.