Un bon choix des prélèvements et des tests diagnostiques optimise le résultat - La Semaine Vétérinaire n° 1255 du 03/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1255 du 03/02/2007

Avortements bovins

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Amélie Perié

Les prélèvements qui permettent une identification directe, tels la bactériologie ou la PCR, sont à privilégier.

Les avortements représentent une source d’insatisfaction permanente pour les différents acteurs de la filière en raison du grand nombre de cas non élucidés. Malgré la législation, les avortements sont fréquemment sous-déclarés, alors qu’ils peuvent constituer des signes d’appel précoces de maladies d’élevage, voire de zoonoses.

La Journée normande, organisée le 10 octobre dernier à Deauville (Calvados), a été l’occasion, pour notre confrère Pierre-Hugues Pitel, du laboratoire départemental Franck Duncombe (Caen), de rappeler les différentes techniques à la disposition des praticiens, ainsi que les prélèvements les plus adaptés.

Le vétérinaire sanitaire joue un rôle essentiel de “préleveur”, mais aussi de conseil. Il lui revient de choisir le ou les prélèvements les plus adaptés à la recherche des agents pathogènes suspectés et les techniques de recherche à mettre en œuvre. Il est également nécessaire de rappeler que la responsabilité du vétérinaire est engagée sur le conditionnement, le délai et la température de transport des prélèvements jusqu’au laboratoire.

1 QUEL PRÉLÈVEMENT CHOISIR ?

Lorsqu’il est disponible, l’avorton constitue le prélèvement de choix pour la plupart des agents infectieux : la mise en évidence de Neospora caninum se fait de façon préférentielle sur l’encéphale ou le cœur du fœtus. Quand il n’est pas disponible, le placenta est suffisant pour la plupart des agents infectieux, qu’il s’agisse de virus (virus de la diarrhée virale bovine), de bactéries (Chlamydophila, Coxiella) ou de champignons. Le mucus vaginal doit rester l’ultime recours.

2 QUEL AGENT INFECTIEUX CHERCHER ?

Il existe des stades de gestation pendant lesquels un fœtus est plus ou moins sensible à un agent infectieux. Le virus de la BVD sera recherché en priorité en cas d’avortement précoce. Un avortement tardif nécessite des analyses plus larges, car de nombreux agents peuvent être incriminés : Brucella, Chlamydophila, Coxiella burnetti, virus de la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), etc. Certains parasites comme Neospora provoquent des avortements à tous les stades de gestation, avec un pic entre quatre et sept mois.

3 QUELLE TECHNIQUE PRIVILÉGIER ?

Il est toujours préférable de choisir des prélèvements qui permettent une identification directe, plutôt qu’indirecte, de l’agent pathogène. La bactériologie permet de rechercher, entre autres, Brucella, Coxiella ou Chlamydophila.

Les analyses sérologiques sont les techniques les plus fréquemment prescrites, ce qui s’explique notamment par la facilité de réalisation des prélèvements et les exigences moindres en termes de conditions d’acheminement. La sensibilité et la spécificité de ces techniques se sont améliorées depuis une vingtaine d’années. Cependant, comme le rappelle notre confrère Pierre-Hugues Pitel, « la sérologie signe un contact entre l’organisme et un agent pathogène. Elle doit donc être utilisée pour ce qu’elle est, rien de plus et rien de moins ». Il serait préférable de mettre en œuvre cette technique sur des lots d’animaux ou d’établir des cinétiques lorsque Coxiella ou Chlamydophila sont suspectées.

La recherche de virus (IBR, BVD) sur cultures cellulaires est désormais progressivement remplacée par des techniques de biologie moléculaire. La PCR (polymerase chain reaction) est de plus en plus souvent employée. Cette technique, particulièrement sensible et spécifique, a l’avantage de pouvoir être mise en œuvre sur des prélèvements congelés, ce qui facilite l’acheminement. La PCR peut permettre d’identifier la présence d’agents difficilement isolables comme Neospora caninum, Coxiella ou Chlamydophila. L’un des freins majeurs à l’extension de cette méthode reste son coût. Celui-ci devrait baisser dans les mois ou les années à venir avec la mise sur le marché de PCR multiplex.

Si la visite d’avortement est encore un acte déprécié par nombre d’éleveurs, et même de praticiens, une amélioration de la qualité des prélèvements et des techniques de laboratoire a permis d’augmenter le nombre de cas élucidés. Afin de remotiver les différents intervenants, des politiques concertées (entre Groupements de défense sanitaire, Groupements techniques vétérinaires et laboratoires) ont vu le jour pour standardiser et améliorer les prélèvements.

« La mise en place de protocoles standardisés de recherches peut être un outil incitatif non négligeable, mais elle ne doit pas se substituer au recueil des commémoratifs, à l’examen clinique et au sens critique du vétérinaire », estime Pierre-Hugues Pitel.

CONFÉRENCIER

Pierre-Hugues Pitel, vétérinaire au laboratoire départemental Franck Duncombe (Caen, Calvados).

Article réalisé d’après une conférence présentée à la Journée vétérinaire normande, le 10 octobre 2006, à Deauville (Calvados).

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