La piste hongroise crée des remous outre-Manche… - La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1257 du 17/02/2007

Influenza aviaire H5N1 HP. Origine du foyer en Angleterre

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en 1996, peste porcine classique en 2000 ou encore fièvre aphteuse en 2001 : autant d’exemples de gestion britannique désastreuse d’épizooties auxquels personne ne voudrait aujourd’hui voir s’ajouter la grippe aviaire. Pourtant, depuis la récente confirmation officielle du foyer d’influenza aviaire de sous-type H5N1 HP outre-Manche, le 3 février dernier(1), les polémiques qui émergent ne sont pas rassurantes.

D’une part, la piste d’une contamination d’origine hongroise de l’élevage anglais de dindes de Upper Holton, dans le Suffolk, tend à se confirmer(1). Le groupe Bernard Matthews, propriétaire de l’exploitation, possède bien une filiale, la Saga Food, en Hongrie, où le virus a (re ?) fait son apparition en janvier dernier (voir encadré).

Si Fred Landeg, chef adjoint des services vétérinaires britanniques indiquait, le 5 février dernier, que la piste d’introduction du virus par un oiseau sauvage était probable, il privilégiait, quatre jours plus tard, la piste hongroise, au vu de la forte similarité des souches découvertes dans les deux pays concernés (99,96 %).

« L’hypothèse de travail actuelle est que le virus est arrivé par des livraisons sur le site de Suffolk depuis la Hongrie et qu’il a ensuite contaminé l’élevage du site », déclarait-il le 9 février.

Après la mise en évidence de cette similarité des souches virales, Bernard Matthews a reconnu que 38 tonnes de viandes partiellement transformées étaient importées chaque semaine entre l’exploitation hongroise et l’usine britannique de transformation, qui jouxte l’élevage de Upper Holton. Mais il nie toujours qu’elles soient à l’origine de la contamination anglaise. Les dirigeants du groupe agroalimentaire ne cessent d’affirmer qu’« il n’y a pas la moindre possibilité que les foyers britannique et hongrois soient liés, puisque l’élevage d’oies contaminées en Hongrie se trouve à 250 km de la filiale Saga Food ».

Des va-et-vient de camions qui ne troublent apparemment pas…

Si l’enquête épidémiologique officielle semble quelque peu piétiner, les médias de la reine sont plus prolixes. Ainsi, selon l’Observer, des dindes suspectes seraient arrivées par camion en provenance de Hongrie pour le dernier stade de leur transformation, quelques jours avant le 27 janvier, date à laquelle les ouvriers ont découvert les premières mortalités. Mais comment le virus a-t-il pu contaminer les dindes confinées dans les hangars ? Voilà de quoi sérieusement s’interroger sur les mesures de biosécurité en place dans l’élevage. A cette question, Fred Landeg répond aux journalistes qu’il estime que le niveau de sécurité biologique dans l’élevage contaminé était “raisonnable” tout en reconnaissant qu’il pouvait y avoir des défaillances ou, peut-être, des erreurs dans la construction d’exploitations aussi importantes. No comment ! En outre, selon le Sunday Times du 11 février, 20 tonnes de viandes de dindes ont été importées de Hongrie trois jours après la découverte du virus dans l’élevage anglais. « Interdire les importations en provenance de Hongrie aurait été en contradiction avec les règles de l’Union européenne sur le libre-échange », se défend David Miliband, ministre de l’Environnement, dans un entretien à la BBC1 le même jour. Un porte-parole du Department for Environment, Food and Rural Affairs (Defra) a ajouté que ces importations étaient légales, puisqu’elles ne provenaient pas de la zone de protection et de surveillance mise en place autour de l’élevage d’oies hongroises.

Flegme britannique ou royale négligence dans la transmission d’informations ?

Le deuxième grand sujet d’inquiétude concerne la conduite gauche des autorités compétentes quant à la transmission des informations. Les “fuites” de la presse anglaise embarrassent sérieusement le gouvernement de Tony Blair. Selon plusieurs journaux britanniques, ce dernier était au courant de ces échanges entre les deux pays depuis le 5 février dernier, mais n’en aurait averti ni la Commission européenne ni le Parlement européen. Les autorités vétérinaires ne sont pas épargnées par la tempête médiatique. Déjà, le Sunday Telegraph, dans son édition du 4 février, estimait que les services vétérinaires et le propriétaire de l’élevage n’avaient pas réagi assez vite. « 71 oiseaux sont morts dans l’élevage dès le 30 janvier dernier, 186 le lendemain, mais les services vétérinaires officiels n’ont été avertis que le 1er février, alors que plus de 1 000 dindes étaient déjà mortes », indiquait-il dans ses colonnes. De même, le rapport officiel de notification de la maladie adressé à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) le 5 février mentionne que le début de l’événement remonte au 27 janvier dernier. Notons que la notification officielle du foyer britannique semble en entraîner d’autres qui, du coup, passent inaperçues… Le Pakistan a annoncé un foyer d’IA HP de sous-type H5N1 le 7 février dernier, la Turquie et la Russie le 9. Une première vague avant une autre ?

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1256 du 10/2/2006, pp. 12-13.

Bernard Matthews à l’international

L’entreprise familiale Bernard Matthews emploie 7 000 personnes dans le monde. Elle élève des dindes dans 57 fermes de l’est de l’Angleterre. Bernard Matthews s’est développé en dehors du Royaume-Uni dans les années 1990. Il est présent sur le marché allemand. Il produit aussi en Hongrie. En Nouvelle-Zélande, Bernard Matthews donne dans l’agneau. Depuis la fin des années 1990, la marque dispose aussi de bureaux en Pologne, en Slovaquie et en République Tchèque.

N. D.

Source : www.linternaute.com

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