Le recueil des paramètres d’élevage est primordial

La première étape est le recueil des commémoratifs : une petite enquête permet de s’informer sur l’origine de la tortue, ses conditions d’hébergement, son alimentation. Le recours à un questionnaire, rempli avant la consultation, est un bon moyen de mettre en évidence certaines erreurs dans l’aménagement du mode de vie de l’animal. Le recueil des données anamnestiques doit être précis et exhaustif.

La qualité de la contention est primordiale. C’est en grande partie sur celle-ci que le praticien est jugé. Une tortue se manipule avec les deux mains enserrant la carapace, au-dessus d’un plan de travail, afin de prévenir toute chute. Certaines tortues aquatiques peuvent mordre. Une bande de Vetrap® ou assimilée permet de bloquer les membres afin d’éviter les coups de griffes. Les tortues terrestres ne sont jamais agressives. Les tortues agitées peuvent être posées sur un piédestal, en veillant à ce que leurs membres ne touchent pas le support.

Divers critères sont disponibles pour la détermination du sexe. Le mâle est généralement plus petit que la femelle. Chez les tortues terrestres, le plastron de la femelle est plat, alors qu’il est concave chez le mâle. Chez ce dernier, la queue est plus longue et l’orifice cloacal plus caudal. Chez les tortues aquatiques, les griffes du mâle sont plus longues que chez la femelle.

La tortue poursuit sa croissance toute sa vie, sauf pendant l’hibernation et la ponte

Pesée et mesure sont deux éléments importants, notamment pour le calcul des posologies. Le praticien conseillera au propriétaire de peser son animal une fois par semaine. Toute perte de poids est un signe d’appel précoce d’un problème sous-jacent. Une tortue doit grandir toute sa vie, à l’exception de deux périodes, l’hibernation et la ponte. Une formule rapide permet de calculer le poids théorique de l’animal :

poids (g) = (longueur en cm)³ x 0,191.

Vient ensuite l’examen clinique. Une inspection à distance est réalisée en laissant évoluer l’animal. Lors de la marche, le plastron des tortues terrestres ne doit pas toucher le sol. Il est recommandé d’observer une tortue aquatique dans un bac d’eau. Des anomalies de croissance de la carapace peuvent être notées si le substrat est trop sec, en absence de léthargie hivernale, ou en cas de suralimentation.

L’inspection rapprochée du tégument peut nécessiter l’emploi d’une loupe. Il convient de chercher la présence d’ectoparasites, notamment de tiques. Une épidermite traumatique bénigne peut survenir en période d’accouplement. Un défaut d’hygiène de l’eau peut entraîner une maladie ulcéreuse du tégument. Une inclinaison de la tortue vers le bas permet de faire sortir la tête. Le recours à une sédation est possible pour les animaux récalcitrants. L’ouverture de la cavité buccale (^{voir photo 1}) permet d’examiner les choanes et l’orifice glottique. Les muqueuses sont normalement de couleur rosée, à l’exception de la tortue grecque, chez qui elles sont jaunes. La présence d’un écoulement au niveau des narines peut être notée (herpèsvirose de la tortue d’Hermann, mycoplasmose des tortues grecques). Le bec peut présenter des excroissances en cas de nourriture trop tendre. Les yeux et les oreilles doivent être soigneusement inspectés. Les affections oculaires chez les tortues sont les mêmes que chez les mammifères. Les otites sont fréquentes, par carence en vitamine A. Les tortues méditerranéennes peuvent présenter des cloacites parasitaires dues à des oxyures, des ascarides, des ciliés et des flagellés. Un otoscope permet l’examen de la muqueuse cloacale. Une occlusion cæcale peut entraîner un prolapsus du côlon distal. Un prolapsus de l’oviducte est le signe d’une dystocie.

Un déséquilibre alimentaire peut occasionner une anomalie de la carapace

La palpation-pression permet d’évaluer un éventuel ramollissement de la carapace, signe d’un problème alimentaire. Une pression exercée sur le plastron ne doit pas provoquer l’extériorisation des membres ou de la tête. Bien que les organes internes soient difficilement accessibles, une palpation trans-cœlomique au niveau des fosses cervicales et préfémorales (^{voir photo 2}) peut permettre de sentir la présence d’œufs, d’un calcul vésical ou d’une masse intestinale.

Le rythme cardiaque peut être exploré grâce à un appareil de mesure de la pression artérielle pour carnivores domestiques.

Les ponctions veineuses se font dans le plexus veineux sous-nucal ou dans la jugulaire droite. Il est nécessaire de prévenir le propriétaire qu’un hématome se forme fréquemment. Les injections se font toujours par voie intramusculaire, souvent dans le biceps brachial. En ce qui concerne l’administration d’enrofloxacine (Baytril®), l’injection ne doit pas dépasser 1 ml de soluté par point d’injection (risque de nécrose cutanéo-musculaire). La voie intra-cœlomique dans la fosse préfémorale est possible.

En conclusion, la connaissance précise des conditions d’hébergement de la tortue se révèle primordiale. Le propriétaire apprécie que l’on décrive à haute voix la démarche et les observations. En raison d’une sémiologie fruste, les examens complémentaires (radiographie, échographie, coproscopie) revêtent une grande importance. Enrofloxacine, métronidazole et fenbendazole constituent la triade des molécules les plus utilisées chez la tortue.