Les experts de l’Advisory Board on Cat Diseases préconisent un rappel annuel pour le coryza

Cet hiver, l’Advisory Board on Cat Diseases (ABCD, comité consultatif sur les maladies félines) aura adopté deux directives sur la maîtrise des maladies : l’une sur l’herpès virus-1 félin (FHV-1), l’autre sur la calicivirose féline (FCV), soit les composantes virales les plus fréquentes du tractus respiratoire chez le chat.

« Pour une protection optimale contre le FHV-1 et la FCV, nous recommandons deux injections de primovaccination chez le chaton, à un intervalle de deux à quatre semaines, la seconde dose étant administrée à l’âge de douze semaines, a déclaré Etienne Thiry (Liège, Belgique), membre de l’ABCD et spécialiste des herpès virus. Ce protocole (deux injections de primovaccination et un rappel annuel) s’applique également aux chats adultes de statut vaccinal inconnu et indépendamment de la nature du vaccin utilisé (vivant modifié ou inactivé). »

En cas de risque élevé, la primovaccination à trois doses est recommandée

Dans les situations à risque élevé (refuges et colonies), les chatons devraient recevoir une troisième dose de vaccin vers l’âge de seize semaines, « car les anticorps anti-FCV maternels peuvent persister bien au-delà de douze semaines d’âge, explique Alan Radford (université de Liverpool, Royaume-Uni), membre de l’ABCD et expert des calicivirus félins. Cela s’applique en particulier à des situations où il est avéré que le FCV a déjà provoqué la maladie chez des chatons vaccinés. »

Le FCV et le FHV-1 sont tous deux courants chez le chat et peuvent provoquer une maladie grave, en particulier chez le chaton. La vaccination contre ces agents pathogènes est donc estimée essentielle chez tous les chats. En s’appuyant sur les données scientifiques actuelles, l’ABCD recommande un rappel annuel, en particulier pour les animaux exposés à des situations à haut risque, comme les chatteries, les foyers hébergeant plusieurs chats et les expositions félines. Dans des contextes considérés à « faible risque » (chats d’appartement sans aucun contact possible avec des congénères, par exemple), un intervalle de trois ans entre les rappels peut suffire.

La plupart des chats infectés par le FHV-1 deviennent porteurs à vie

Bien qu’il ne soit pas systématiquement mortel, le FHV-1 produit des signes respiratoires débilitants. Typiquement, les chats atteints par le FHV-1 développent une rhinite et une conjonctivite, voire une kératite dendritique ulcérative (signe pathognomique). En raison de son caractère infectieux, cette maladie est typique des chats qui vivent en collectivité. Les signes cliniques disparaissent généralement en une ou deux semaines, mais la plupart des chats infectés deviennent porteurs à vie. Après la guérison, le virus reste latent dans les ganglions trigéminés. Du stress, tel qu’un séjour dans une chatterie, une mise bas ou un déménagement, peut réactiver le virus, entraînant une récidive de la maladie et une excrétion virale. La réactivation peut également être induite par une corticothérapie. Les porteurs latents sont une source majeure d’infections. « La vaccination fournit une bonne protection contre la maladie, induisant une réduction de plus de 90 % des scores cliniques et elle limite l’excrétion virale et la recrudescence », ajoute Etienne Thiry.

La FCV, maladie à facettes, possède une forme souvent mortelle

Concernant la FCV, les infections aiguës typiques entraînent des ulcères de la bouche, des signes respiratoires supérieurs et une fièvre élevée. La FCV peut aussi provoquer une arthrite passagère. En outre, elle est identifiée chez presque tous les chats à stomatite ou gingivite chroniques, vraisemblablement en raison d’une réaction immune-médiée. Des incidents d’une forme d’infection à FCV généralisée plus grave sont rapportés, à la fois aux Etats-Unis et en Europe, affectant surtout des chats adultes et provoquant des signes systémiques sévères. La plupart des vaccins actuellement disponibles ne semblent fournir qu’une protection limitée contre cette forme spécifique et souvent fatale de FCV.

« Comme la plupart des virus à ARN, le FCV est un virus hautement variable, qui mute en permanence. De nombreuses souches de calicivirus félin existent – et de nouvelles sont créées régulièrement, précise Alan Radford. Cela explique pourquoi une variation de virulence, d’antigénicité et d’immunité est observée après l’infection. Les chats guéris d’une maladie associée à la FCV n’ont probablement pas une immunité à vie contre d’autres épisodes de la maladie, en particulier s’il s’agit d’autres souches. »

Les directives⁽¹⁾ sur l’herpès virose et la calicivirose félines ont été adoptées lors des quatrième et cinquième réunions de l’ABCD qui ont eu lieu respectivement du 27 au 29 septembre 2006 et du 31 janvier au 2 février 2007. Lors de la dernière réunion, le comité s’est également penché sur les rétroviroses félines, pour lesquels des directives sont actuellement en cours de préparation.

• (1) Des informations supplémentaires et les directives complètes sont consultables et téléchargeables sur www.abcd-vets.org. Ces dernières contiennent également des recommandations adaptées aux cas particuliers.