Matériel médical
Gestion
S’ÉQUIPER
Auteur(s) : Raphaële Dupré
A côté du matériel radiologique proprement dit et des paramètres de tension et de résistance, les films et les cassettes prennent une part importante dans la réalisation de clichés de qualité.
Le film radiographique, qui est sensible aux rayons X, est composé d’une émulsion photographique classique à base d’iodobromure d’argent. En coupe horizontale, un film présente différentes couches successives : le support, constitué de polyester d’une épaisseur de 200 microns environ ; l’émulsion, qui assure la sensibilité aux rayons X, et une couche protectrice superficielle. Les deux faces sont en général de composition identique et symétrique. Toutefois, certains films monocouche, comme ceux utilisés lors de mammographie, ne sont recouverts de l’émulsion que d’un seul côté. Ce sont des films plus fins, plus fragiles et aussi plus onéreux, qui nécessitent une technique de développement différente, notamment avec une température plus élevée.
Le support répond à des critères précis de transparence à la lumière (limitée sur certains films par un “voile de base” pour éviter l’éblouissement sur le négatoscope), de stabilité dimensionnelle dans le traitement et au cours du temps, de souplesse à la manipulation et lors du passage dans les développeuses automatiques, et enfin d’épaisseur (qui varie de 180 à 250 microns) afin d’assurer une certaine rigidité.
La couche protectrice, quant à elle, est perméable aux liquides de traitement qui agissent sur l’émulsion, tout en assurant une protection mécanique.
Enfin, l’émulsion, sensible à la lumière, se compose d’un mélange de gélatine, de bromure d’argent et de divers correcteurs.
Le film radiographique est impressionné par la lumière, mais cet effet n’est pas détectable : l’image est dite latente. Elle est révélée par le traitement chimique. Après l’exposition, les grains de bromure d’argent qui ont reçu les rayons X sont ainsi porteurs d’une image latente. Dans le révélateur, les cristaux porteurs de cette image se transforment en argent métallique et, dans le fixateur, les cristaux non exposés sont éliminés.
Le bromure d’argent seul est sensible aux rayonnements visibles qui possèdent une énergie élevée, comme le violet et le bleu. Il n’est pas modifié par la lumière jaune ou rouge. Mais il est possible de créer une sensibilité au vert, au jaune et au rouge grâce à des sensibilisateurs. Ainsi, un film orthochromatique enregistre les teintes allant jusqu’à l’orange, un film panchromatique jusqu’au rouge. Mais le choix d’un film en radiologie est surtout guidé par la prise en compte du couple film-écran. Les émulsions des films radiographiques doivent en effet répondre à des caractéristiques adaptées aux écrans avec lesquels elles sont utilisées. Pour les écrans les plus courants, le choix des films s’effectue ainsi en comparant le contraste, la sensibilité (il existe peu de différence entre les émulsions de marques différentes), la sensibilité chromatique et les conditions de développement.
Le film radiographique est peu sensible aux rayons X. Par effet photoélectrique, moins de 1 % de l’énergie qui atteint le film est absorbée par celui-ci. En revanche, certains corps absorbent mieux ces mêmes rayons X et émettent à leur tour un rayonnement lumineux auquel le film est sensible : c’est le principe des écrans renforçateurs.
Les écrans comprennent, de la profondeur vers le film, une couche de matière élastique (comme du feutre ou de la mousse) permettant au film d’adhérer parfaitement à l’écran ; un support cartonné réfléchissant la lumière (donc de couleur blanche) ; une couche active associant des cristaux luminescents (tungstate de calcium ou “terre rare”) enrobés dans un liant souvent coloré, et une couche de protection mécanique.
Comme le film comporte généralement une émulsion sur chaque côté, il existe un écran pour chacune des deux faces, avec des caractéristiques légèrement différentes. L’écran postérieur possède un pouvoir renforçateur légèrement plus important dans le but de compenser l’atténuation subie par le faisceau dans l’écran antérieur. Il est en outre doublé d’une mince couche de plomb qui supprime une partie du rayonnement rétrodiffusé. Cela explique pourquoi le positionnement des cassettes qui contiennent les écrans est tellement important.
Les écrans traditionnels utilisent le tungstate de calcium. Ils ne sont quasiment plus employés aujourd’hui, mais de nombreuses structures vétérinaires en possèdent encore. Un écran fin, d’épaisseur faible, donne une image fine : pour une quantité donnée de rayons X, la lumière qui atteint le film est réduite. Un écran rapide, avec un nombre plus élevé de grains, permet une exploitation maximale du rayonnement, mais au prix d’un flou de diffusion. D’une manière générale, les caractéristiques des films utilisés sont identiques, en particulier au niveau de la sensibilité chromatique.
Les écrans “terre rare” (à base de lanthanides : gadolinium, lanthane, terbium, etc.) présentent un coefficient renforçateur supérieur. A qualité d’image équivalente, la dose d’exposition est moindre.
D’autre part, la rapidité d’un couple film-écran dépend des deux : un écran “vert” peut être associé à un film “bleu” ou “vert”, mais la rapidité sera supérieure avec le film “vert”. La rapidité de l’écran est à adapter au type de cliché effectué, en se rappelant que plus la vitesse est élevée, moins la définition est bonne. Les écrans au tungstate de calcium émettent dans le domaine du bleu et du violet : ils sont associés à des films sensibles au violet et au bleu, mais peu au jaune. Certains écrans “terre rare” émettent dans le vert de manière importante. Il est donc souhaitable d’utiliser des films à cette longueur d’onde. Corollairement, le film sensible au vert l’est aussi à la lumière jaune, dite inactinique. Certains films, généralement orthochromatiques, doivent être développés à la lumière rouge.
En pratique, plusieurs types d’écrans “terre rare” existent : les uns émettent du vert et sont associés à des films sensibles au vert. Les autres émettent dans le bleu et sont associés à des films ordinaires, mais leur coefficient renforçateur semble moindre pour une finesse identique.
Le choix des écrans est important, bien qu’il soit souvent négligé par rapport au film. Ils permettent d’utiliser moins de rayons X pour le même noircissement et ainsi de diminuer la quantité de rayons utilisés, ce qui est intéressant du point de vue de la radioprotection. Les écrans permettent aussi de diminuer le temps de pose, et donc le flou cinétique, ou de pouvoir réaliser des radiographies de parties épaisses avec des appareils peu puissants.
Les cliniques vétérinaires devraient disposer de plusieurs écrans adaptés à leur exercice, de deux ou trois types différents au minimum. Le choix s’effectue selon la puissance de l’appareil de radiologie : une faible puissance conduit à utiliser des écrans rapides, alors qu’un générateur puissant permet l’emploi d’écrans plus fins qui vont améliorer la qualité de l’image. En outre, lorsque la partie à radiographier est en mouvement (cœur) ou très épaisse, il est préférable d’utiliser des écrans rapides. A l’inverse, quand les structures sont fines et immobiles, les écrans peuvent être plus fins et ainsi affiner l’image.
Le choix du film, quant à lui, dépend de la lumière émise par l’écran. Il est possible d’opter pour un seul type de film avec une sensibilité adaptée, mais il faut le choisir contrasté afin de répondre à toutes les situations.
De manière générale, le thorax possède un bon contraste naturel. En mouvement, il peut être radiographié avec des écrans fins ou intermédiaires si le générateur est puissant, sinon mieux vaut utiliser des écrans rapides. L’abdomen, à contraste naturel faible, est un endroit où l’atténuation du faisceau de rayons X est plus importante. Les radiographies doivent donc généralement être effectuées avec la pleine puissance de l’appareil et des écrans rapides. Leur emploi n’est pas gênant dans ce cas, car la finesse de l’image n’est pas une priorité.
Pour les structures osseuses, le contraste naturel est favorable et les mouvements plus faibles. Si les structures sont épaisses, il convient d’utiliser un écran rapide, mais pour les structures très fines (crâne, petits animaux), mieux vaut avoir recours aux écrans fins, voire aux films monocouche (qui servent pour les mammographie).
Opter pour le bon matériel radiographique, notamment le couple film-écran, est une composante essentielle de la maîtrise de la technique radiologique. La radiologie numérique, qui remplace ce couple par un récepteur lu par un faisceau laser, permet de résoudre une partie des difficultés du choix et de l’emploi de ce matériel.
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