Les troponines cardiaques peuvent également être dosées chez le cheval

Le dosage sanguin d’isoenzymes libérées par les cellules cardiaques lésées est utilisé couramment en médecine humaine, à la fois pour les aspects diagnostique et pronostique des lésions myocardiques ischémiques, traumatiques ou septiques.

Chez le cheval, bien que les affections myocardiques soient beaucoup plus rares, plusieurs équipes se sont intéressées à l’activité d’isoenzymes cardiaques telles que les LDH-1 (fraction 1 de la lactate déshydrogénase), les CK-MB (fraction MB de la créatine kinase) et les troponines (fractions T et I). La présence de réactions croisées entre les différentes isoenzymes de la LDH et des CK libérées par les muscles striés squelettiques limitait la spécificité de ces tests.

La structure des troponines cardiaques chez les mammifères est relativement bien conservée, de sorte que des tests commerciaux de détection des troponines cardiaques I et T en médecine humaine ont été utilisés chez des chiens et des chats, afin d’établir des valeurs de référence et l’effet de diverses maladies cardiaques sur ces paramètres.

Le dosage des troponines cardiaques est accessible dans certains laboratoires vétérinaires spécialisés et les hôpitaux humains. Il fait appel à des techniques Elisa (enzyme linked immunosurbent assay) et à des immuno-essais qui présentent de faibles réactions croisées avec la troponine libérée par les cellules des muscles striés squelettiques. L’évaluation des troponines cardiaques chez le cheval est plus limitée.

Néanmoins, récemment, des valeurs de référence ont été établies pour des pur-sang adultes sains au pré et à l’entraînement, ainsi que pour des poulains sains.

Les troponines cardiaques augmentent chez les chevaux atteints d’affections cardiaques

Les lésions du myocarde sont rencontrées chez le cheval lors de myocardite aiguë, d’origine virale (influenza, morbillivirus), bactérienne (secondaire à une infection streptococcique chez l’adulte) outoxique (intoxicationparles ionophores).

Quelques études ont documenté une augmentation des troponines cardiaques chez un cheval atteint de myocardite et un cheval souffrant de tachycardie ventriculaire avec une lésion aortique. Le suivi des concentrations sériques en troponine cardiaque a également permis de montrer que la cardioconversion électrique biphasique de deux chevaux présentant une fibrillation atriale idiopathique n’endommage pas les cellules myocardiques. De plus, de façon intéressante, la troponine cardiaque T augmente significativement chez les poulains septicémiques, ce qui suggère le développement de lésions myocardiques lors de septicémie. Mais les auteurs de cette étude n’ont pas mis en évidence de corrélation entre la hausse de ces biomarqueurs et le pronostic de survie.

Des études complémentaires sont nécessaires chez les équidés afin d’étudier les valeurs diagnostique et pronostique du dosage des troponines cardiaques lors de maladie cardiaque acquise, infectieuse et non infectieuse.

• Sources : Simon Peek : « Cardiac troponins in horses », conférence issue du 24^e congrès de l’Acvim, Mineapolis, en juin 2006 et J. A. Slack, S.M. McGuirk, H.N. Erb et coll. : « Biochemical markers of cardiac injury in normal, surviving septic, or nonsurviving septic neonatal foals », J. Vet. Intern. Med., juillet-août 2005, n° 19, vol. 4, pp. 577-580.