Europe. Zoom sur les différences entre France et Suède
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Auteur(s) : Valentine Chamard
Pour son stage de deuxième année, Cécile Boos, une étudiante française, s’est rendue chez nos confrères suédois, dans le cadre d’une étude comparative.
Cécile Boos : La plupart des vétérinaires suédois sont fonctionnaires, depuis une réforme du système mise en place par le gouvernement pour pallier la désertification à l’œuvre dans les campagnes et le nord du pays. Il faut dire que les conditions de travail peu avenantes de la Laponie ne sont pas engageantes (la température peut chuter à - 50 °C, les fermes sont parfois éloignées de 40 km et le jour est absent pendant plus de deux mois !). La Suède a donc créé les “districts vétérinaires”, des structures publiques dans lesquelles les confrères portent la double casquette de praticien et d’inspecteur. Le gouvernement fournit matériel, voiture et médicaments, aussi bien pour l’exercice rural que canin. Les districts d’une même province sont étroitement liés : les praticiens peuvent s’installer dans l’un ou l’autre pour se connecter à la base de données. Après leur visite d’élevage ou un soin en “canine”, ils éditent une facture (ce qui représente d’ailleurs leur seul acte comptable !) qui doit être acquittée par le client au Jordbruks Verket, la branche du ministère de l’Agriculture qui emploie les vétérinaires. Les cliniques canines publiques ont été créées parce que les structures privées (qui n’ont pas de compte à rendre à l’Etat) sont concentrées dans les villes. La rémunération des praticiens consiste en un salaire fixe, auquel s’ajoutent des primes selon la région géographique et le nombre de visites réalisées.
C. B. : Il permet, grâce au maillage des districts sur l’ensemble du territoire (quatre-vingts en tout), un accès aux soins vétérinaires pour l’ensemble de la population : une gageure dans ce pays où l’habitat est dispersé et certaines régions glaciales. Grâce à l’étatisation et à l’interconnexion des districts entre eux, un réseau informatique a été instauré. Il autorise la réalisation de dossiers médicaux informatisés pour chaque animal, toutes espèces confondues. Même les cliniques rurales privées sont légalement obligées de remplir ce fichier, pour des raisons de santé publique. Ainsi, chaque vétérinaire dispose d’un ordinateur portable. Après la visite, il remplit une fiche qui indique le signalement de l’animal, l’anamnèse, l’examen clinique, le diagnostic et les médicaments prescrits, avec leur temps d’attente. Ce document fait office d’ordonnance et de facture. L’éleveur a l’obligation légale de conserver ces fiches, de sorte qu’un vétérinaire appelé plus tard pour le même animal ait accès à tout ce qu’a remarqué et prescrit le praticien précédent.
Les vétérinaires envoient chaque soir toutes les informations de la journée à une base de données nationale. Ainsi, avec le numéro de bague ou de puce de l’animal, ou encore le nom du propriétaire, ils ont accès à l’historique médical complet de l’animal, même s’il a été suivi par plusieurs vétérinaires. Comme cette base de données regroupe aussi l’identification des animaux (équivalent de la BDNI française), le praticien peut prendre connaissance de tous les déplacements de l’animal qu’il soigne, de son ascendance et de sa descendance. Ces données peuvent également être consultées par le vétérinaire de l’abattoir. Cela assure une traçabilité poussée à son maximum.
C. B. : Outre une sécurité de l’emploi, ils n’ont pratiquement pas d’investissements à faire : l’Etat prend en charge l’achat des murs et du matériel.
Les praticiens fonctionnaires n’ont ni gestion ni tâches administratives à effectuer : ils peuvent se consacrer entièrement à leur métier. Ils effectuent leurs visites et/ou missions de service public en alternance, et les adaptent à leur emploi du temps.
Les missions d’inspecteur leur sont confiées selon leurs compétences et leur expérience de terrain (aucune spécialisation n’est requise). Ainsi, j’ai rencontré un praticien familier de la filière “lait”, en charge des inspections dans ce domaine ; avec une autre vétérinaire, plus spécialisée dans les maladies contagieuses, j’ai visité un élevage placé sous l’équivalent d’un arrêté préfectoral de mise sous surveillance pour salmonellose. Les vétérinaires fonctionnaires suédois bénéficient d’un autre avantage, et non des moindres : le salaire est plus qu’attractif. Un jeune diplômé m’a indiqué gagner en moyenne 4 000 € nets par mois, en travaillant cinq jours par semaine, de 8 h à 16 h, avec une garde de nuit hebdomadaire et un week-end par mois !
2 500 vétérinaires exercent en Suède (soit pratiquement sept fois moins qu’en France). Il sont formés dans la seule école suédoise. Chaque année, une promotion de 85 élèves en sort. La nationalisation des structures vétérinaires et le statut de fonctionnaire des praticiens qui en découle ont été particulièrement bien accueillis, puisque les avantages sont indéniables.
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