Le Cirad suit la migration d’oiseaux depuis l’Afrique

Si le commerce illégal d’oiseaux domestiques est une cause d’introduction du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène dans de nouveaux pays (notamment africains), le rôle des oiseaux migrateurs, qui ont souvent porté le chapeau, n’est pas exclu.

Les migrations, bien connues en Europe et en Asie, le sont moins en Afrique, estime le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Sur ce continent, le suivi des oiseaux migrateurs ne se fait que par comptage des populations dans chaque pays ou par baguage. Or, chaque année, cinq millions de canards d’Eurasie passent l’hiver en Afrique subsaharienne. Quant aux canards africains, ils seraient plus de quatre millions à effectuer des déplacements entre les différentes régions africaines. Afin de clarifier la situation, une équipe du Cirad explore depuis l’an passé les voies migratoires des oiseaux sauvages, afin d’établir leurs plans de vol complets et précis. Pour cela, grâce à un financement de la Food and Agriculture Organization (FAO), les chercheurs utilisent des petites balises Argos attachées au corps des oiseaux. Elles permettront de connaître le nombre d’étapes et la localisation des arrêts pendant la migration. Ceux-ci ont en effet lieu en zones humides, propices aux transmissions d’agents pathogènes, où la mixité entre différentes espèces est en outre élevée. Des informations plus générales sur les migrations (temps de parcours, facteurs écologiques ou anthropiques qui définissent les arrêts) seront également fournies par l’étude.

La surveillance des oiseaux fait l’objet d’une mise à jour bihebdomadaire

Trois espèces ont été sélectionnées dans le cadre de ces travaux : la sarcelle d’été, le dendrocygne et le canard casqué. Chacune représente un trajet type de migration. La sarcelle est un migrateur intercontinental Europe-Asie-Afrique. Elle hiverne exclusivement en Afrique subsaharienne où elle est également l’oiseau hivernant le plus abondant. Pour sa part, le canard casqué restreint ses mouvements au continent africain, mais parcourt plusieurs régions. Le dendrocygne, lui, canard africain le plus répandu sur le continent, est une espèce nomade à l’échelle régionale.

Dans un premier temps, les chercheurs ont testé l’impact de ces balises sur le comportement des trois espèces en captivité au zoo du Lunaret (Montpellier, Hérault). Puis ils se sont rendus en Afrique et, au cours du mois de février, ont capturé et équipé quarante-cinq oiseaux dans trois sites : le nord du Nigeria, une zone particulièrement humide où des foyers de grippe aviaire sont détectés depuis plus d’un an ; le delta intérieur du fleuve Niger, au Mali, qui constitue le plus important site d’hivernage des canards d’Eurasie en Afrique ; le Malawi, qui présente les lieux requis pour l’étude des migrations interrégionales. Les résultats de cette surveillance, mis à jour deux fois par semaine, sont disponibles en ligne sur un site Internet⁽¹⁾. Des cartes, publiées sur le site Wild birds and avian influenza in Africa permettent un suivi en temps réel des oiseaux. A l’heure actuelle, des sarcelles du Nigeria se dirigent vers le lac Tchad. D’ici à quelques jours, elles devraient prendre leur envol vers le nord.

Par ailleurs, des équipes de la FAO et du United States Geological Survey, partenaires du Cirad, ont également équipé des cygnes en Chine et en Mongolie.

• (1) http://wildbirds-ai.cirad.fr/satellite-tracking.php

• Pour en savoir plus : Nicolas Gaidet (nicolas.gaidet@cirad.fr). Source : communiqué du Cirad du 19/3/2007.