Nous aimons les animaux, ils nous le rendent bien… peu

E. J. Smith, capitaine du Titanic a fini, lui aussi, par réaliser qu’il fallait agir pour sauver ses passagers du naufrage !

C’est une intention louable que de protéger le client des baratineurs de foire, mais sommes-nous certains qu’il est vraiment dupe, ce client… ? J’ai “la chance” d’exercer dans un département où les affaires d’exercice illégal ou, à tout le moins, de pratiques litigieuses, se succèdent à un rythme régulier, sans bruit et sans heurts, dans l’indifférence et la fatalité. Certains délégués en conviennent en aparté, « chez vous, c’est spécial ». Nous avons tout et nous avons tout connu : faux praticien adulé des éleveurs, nutritionnistes, comportementalistes, “pharmaciens praticiens”, etc. J’ai, au fil des années, acquis une certitude : le plus souvent, c’est en connaissance de cause que le client va voir ailleurs !

Quand un éleveur consulte et recommande un faux vétérinaire, il sait ce qu’il fait.

Quand un client renonce à venir renouveler son aliment diététique chez son vétérinaire, et lui préfère les conseils hasardeux d’un nutritionniste de comptoir, il sait ce qu’il fait.

Quand un propriétaire traverse toute l’agglomération pour acheter et se faire délivrer sans ordonnance des médicaments pour soigner son animal, il sait ce qu’il fait.

Que cherche-t-il au juste ? Des économies ? Un peu, parfois. Mais surtout, il se détourne d’un professionnel dont il est persuadé qu’il en fait déjà bien assez pour gagner sa vie !

Notre corporation a laissé son image dériver. D’autres, plus habiles, arrivent et occupent le terrain. Peu de gens connaissent notre métier, ses contraintes et ses plaisirs aussi, parmi lesquels la reconnaissance. Au fond, la principale qualité que chacun nous accorde, c’est d’aimer les animaux, et Dieu sait si nous les aimons. D’ailleurs, ils nous le rendent bien : nous voilà payés de nos peines. Et ne se pourrait-il pas que celui qui espère un peu plus soit un profiteur ?

Nous ne sommes plus respectés par les clients, pourquoi le serions-nous par les autres professionnels ? Samedi dernier, j’ai dépassé de quinze minutes l’heure d’un rendez-vous, le client est reparti sans un mot… Il ne voulait pas faire attendre son toiletteur ! C’est vrai, cela ne se fait pas. Cet homme-là travaille pour gagner sa vie, lui !