Où se cache le vétérinaire ?

11 h : appel pour une matrice chez M. El’Veurcharol.

11 h 20 : je suis dans la cour. Pas de M. El’Veurcharol, uniquement sa femme. « Dites, vous savez que pour les matrices, il faut être au moins deux !? » Mme El’Veurcharol le sait. Ni mari ni voisin, seul le grand-père rode dans la cour. Et notre vache attend dans l’étable, la matrice dehors…

Mme El’Veurcharol emporte un seau, met les mouchettes. Je prends la planche, mon matériel. J’enfile la casaque, les gants. Je réalise une épidurale. Ouf, réussie ! Je mets la matrice sur la planche que Mme El’Veurcharol tient de toutes ses forces. J’enlève la délivrance, rince la matrice et la rentre d’un coup d’un seul, enfin presque… Deux oblets, les épingles et un coup d’antibiotique. Le grand-père me dit que mes “patrons” (dur de n’être qu’aide !) ont une autre technique (certainement meilleure) que la mienne pour mettre les épingles. Je retourne à la voiture et mets ma blouse brune quand le mari arrive en trombe dans la cour, me lance un regard rapide en guise de bonjour (je suppose) et se précipite dans l’étable. Il cherche… Quoi ? La vache, la matrice et le vétérinaire ! Il a une mine affolée, à mi-chemin entre l’incompréhension et la surprise : la vache est là, la matrice rentrée, mais personne autour !? Il sort de l’étable, appelle sa femme et demande le plus sérieusement du monde : « Où se cache le véto ? »

Voilà l’histoire d’une jeune vétérinaire dans le charolais…