La serum amyloid A est une protéine majeure de la phase aiguë de l’inflammation

En médecine équine, il n’est pas toujours aisé de mettre en évidence, de quantifier et de suivre l’évolution d’un syndrome inflammatoire, en particulier quand les signes cliniques ne sont pas évidents. Le fibrinogène est un marqueur de l’inflammation utilisé quotidiennement depuis fort longtemps. Mais, depuis quelques années, l’intérêt se porte sur la serum amyloid A (SAA), une protéine de la phase aiguë de l’inflammation, larguée en grande quantité dans la circulation lors d’infection ou de souffrance tissulaire. L’équipe de S. Jacobsen, au Danemark, a beaucoup travaillé sur cette protéine et vient de publier une intéressante synthèse (^{voir bibliographie}).

La serum amyloid A peut être dosée par la méthode immunoturbimétrique

La cascade de la réaction inflammatoire est complexe. En résumé, à la suite du stimulus inflammatoire, les monocytes et les macrophages sécrètent des cytokines (IL1, IL6, TNFα), qui auront de nombreux effets cellulaires et tissulaires dans tout l’organisme. En particulier, elles vont stimuler la synthèse de protéines dites “de la phase aiguë” par les hépatocytes et par certains autres tissus extrahépatiques. Il existe plus d’une trentaine de ces protéines chez l’homme, classées en “protéines majeures de la phase aiguë” (qui augmentent d’un facteur de dix à mille) et en “protéines mineures de l’inflammation” (qui augmentent de cinq à dix fois). Dans cette dernière catégorie entrent, chez le cheval, l’haptoglobine et, surtout, le fibrinogène, utilisé quotidiennement. La serum amyloid A est une protéine majeure de la phase aiguë de l’inflammation, dont la séquence a été publiée en 1989 pour le cheval. Il existe plusieurs isoformes, dont la SAA3, isolée dans les tissus mammaires et les articulations. Son rôle exact dans la réaction inflammatoire n’est pas connu. La concentration plasmatique chez le cheval normal varie de moins de 0,5 mg/l à 20 mg/l. Il existerait des fluctuations avec l’âge, mais elles ne sont pas claires. Aucune variation due au sexe n’est observée, sinon une légère augmentation chez la jument en fin de gestation et après le poulinage.

La serum amyloid A peut être dosée par la méthode immunoturbimétrique. Cette technique, utilisée chez l’homme et validée chez le cheval, est automatisée et rapide. Elle permet à quelques laboratoires en Europe (Royaume-Uni, Danemark, France) de proposer ce test pour les chevaux. En outre, un test destiné aux cliniques est depuis peu commercialisé en Scandinavie et au Royaume-Uni et semble prometteur.

Les infections bactériennes provoquent une hausse nette de la protéine SAA

Même si elle n’est pas spécifique de tel ou tel type d’inflammation, la serum amyloid A est un paramètre utile pour détecter et suivre l’évolution d’un syndrome infectieux dans un effectif de chevaux et, individuellement, pour gérer le suivi d’un traitement anti-infectieux. Ce marqueur permet de prendre une décision thérapeutique rapide et d’évaluer la réponse à l’antibiothérapie, dans l’attente des résultats de la bactériologie.

Par ailleurs, S. Jacobsen et son équipe ont publié, l’an dernier, une étude qui montre une augmentation marquée de la serum amyloid A dans le liquide synovial lors d’arthrite ou de ténosynovite septique, comparée à des cas d’inflammation articulaire non septique (^{voir bibliographie}). Dans ce cas, ce paramètre peut également être utile pour suivre l’efficacité du traitement.

En néonatalogie, un taux de 100 mg/l est considéré comme la valeur limite au-delà de laquelle il existe un phénomène septique. Chez le foal, il n’est pas toujours aisé de distinguer le sepsis d’un phénomène de faiblesse ou de dysmaturité. Ainsi, la serum amyloid A est un marqueur précoce qui peut raisonnablement être incorporé au calcul du score septique. En pathologie respiratoire, la serum amyloid A est un bon indicateur de la guérison, qu’il s’agisse du suivi d’une infection virale ou d’une pneumonie bactérienne (par exemple Rhodococcus equi). En revanche, elle ne s’est pas révélée utile pour détecter une infection à Rhodococcus equi dans un screening systématique au sein d’un effectif de poulains.

Pour le moment, la serum amyloid A n’a été étudiée que dans un nombre restreint d’affections aiguës chez le cheval. Les données manquent pour les maladies subcliniques. Il serait intéressant également, comme pour les autres espèces, de combiner le dosage de plusieurs protéines de la phase aiguë, afin d’obtenir des informations sur la chronicité d’un syndrome inflammatoire (comme le ratio haptoglobine/SAA).

La valeur de la serum amyloid A comme indicateur pronostique n’est pas encore connue chez le cheval. Elle pourrait se révéler utile dans le cas de coliques et de suivi postopératoire, par exemple. D’autres études sont donc nécessaires pour élargir les champs d’application du dosage de cette protéine.

BIBLIOGRAPHIE

• 1 - S. Jacobsen, Ph. Andersen : « The acute phase protein serum amyloid A as a marker of inflammation in horses », Equine Vet. Educ., 2007, vol. 19, n° 1, pp. 38-46.
• 2 - S. Jacobsen, M. Halling Thomsen, S. Nanni : « Concentration of serum amyloid A in serum and synovial fluid from healthy horses and horses with joint disease », Am. J. Vet. Res., 2006, vol. 67, pp. 1738-1742.