Avancées scientifiques. Rencontres de la recherche canine
Actualité
Auteur(s) : Marine Neveux
Génétique, orthopédie ou encore reproduction ont notamment été évoquées récemment à Maisons-Alfort.
L’école vétérinaire d’Alfort, la Société centrale canine (SCC) et l’Institut national de l’animal de compagnie ont organisé un colloque consacré à la recherche canine, le 13 avril dernier. Cette rencontre a notamment permis d’aborder des thématiques variées, de l’orthopédie à la reproduction en passant par les analyses génétiques, moléculaires ou à l’échelle des populations.
Cette réunion, qui pourrait être renouvelée d’ici à deux ans, scelle une coopération intéressante entre les différents professionnels du monde canin : chercheurs, vétérinaires, responsables de la cynophilie, éleveurs. Gérard Arthus, président de la SCC, a ainsi rappelé en préambule le positionnement de sa structure en matière de recherches scientifiques : « Nous travaillons dans l’esprit d’une application des recherches menées ». « L’espèce canine mérite d’être connue plus largement dans la communauté scientifique », a-t-il en outre remarqué.
L’intervention de Laurent Tiret, de l’UMR de génétique moléculaire et cellulaire de l’école d’Alfort, a ouvert des perspectives intéressantes. Son équipe étudie en effet la myopathie centronucléaire du labrador retriever, qui a en outre servi de modèle en pathologie comparée avec l’homme (les travaux ont d’ailleurs reçu le soutien de l’Association française contre les myopathies).
Ce laboratoire se penche par ailleurs sur l’identification biomoléculaire qui pourrait, à terme, « faire l’objet d’une inscription sur les certificats des chiens », a expliqué André Varlet (SCC). En effet, l’arbre généalogique mentionné sur ce document ne correspond pas toujours à la réalité de la filiation. Le recours à l’analyse biomoléculaire permettrait de dissiper le doute et valoriserait les éleveurs qui s’engagent dans une démarche de transparence vis-à-vis des propriétaires. Elle rejoindrait ainsi l’arsenal dont disposent aujourd’hui les professionnels du secteur du chien grâce à la recherche, comme les tests de dépistage d’affections héréditaires issus des travaux de génétique canine, une discipline particulièrement étudiée à l’heure actuelle.
A l’issue de la journée, André Varlet a en outre insisté sur la nécessité de conserver une ligne directrice claire et durable en matière d’élevage et de sélection : « Nous voulons garder une cynophilie de paysan. Il ne faut pas confondre évolution et transformisme. » Il a également rappelé sa volonté de « lutter contre les risques d’hypertype », avant de citer des exemples de mauvaise utilisation ou d’hyperutilisation des reproducteurs et de souligner les méfaits potentiels de ce type de gestion sur l’élevage. Dans ce cadre, une telle journée, qui permet de confronter les points de vue des professionnels, notamment de terrain, ne peut que se révéler utile. « Nous souhaitons ces échanges de vue, mieux structurés. »
Notre consœur Sophie Palierne a présenté les travaux du laboratoire de chirurgie expérimentale du tissu osseux et cartilagineux de l’unité pédagogique de chirurgie de l’école de Toulouse. Cette dernière développe en effet une forte activité de recherche axée sur l’os. D’autres travaux s’intéressent par ailleurs au traitement du syndrome dilatation-torsion d’estomac via des interventions chirurgicales micro-invasives, ou encore aux pertes de substance chez des espèces autres que le chien.
Evoquant le modèle d’un implant de fémur canin, notre consœur a détaillé les objectifs des chercheurs, qui consistent à développer des outils numériques pour améliorer les implants utilisés en orthopédie et en traumatologie. « Ils permettent par ailleurs de tester de nouveaux implants en limitant la phase d’utilisation sur l’animal », a-t-elle souligné.
Revenant à son modèle, Sophie Palierne a rappelé le constat clinique à l’origine de l’étude sur le fémur du chien. Ainsi, les fractures fémorales constituent 25 % des fractures canines. En outre, la dysplasie coxo-fémorale est assez bien représentée, d’où la nécessité d’obtenir des implants adaptés au fémur du chien. « Les travaux ont consisté à définir les caractéristiques morphologiques et mécaniques du chien en vue du développement d’un outil numérique. » Pour cela, les chercheurs ont étudié, selon trois incidences radiographiques et dix-huit paramètres, cent trois paires de fémurs de trente-six chiens de race et de onze chiens croisés, pesant de 2 à 65 kg. Six paramètres s’affranchissaient de l’effet de taille et ne prennaient en compte que la forme du fémur. Les résultats mettent en évidence des différences morphologiques majeures entre le fémur du chien et celui de l’homme, une variabilité importante au sein de l’espèce canine, donc la nécessité de segmenter la population canine pour ces implants.
Le travail a aussi consisté à mettre l’os en compression pour mimer la situation du chien à l’appui. « Il existe alors une réelle adaptation de l’os par rapport aux contraintes qui s’y appliquent. Les axes de déformation sont en outre différents d’un individu à l’autre », remarque Sophie Palierne, dont l’intervention a prouvé l’intérêt de l’outil numérique pour approfondir les connaissances mécaniques et la conception d’implants spécifiques adaptés.
Notre consœur a conclu sur la nécessité de poursuivre les recherches dans d’autres directions (ultérieurement, l’évaluation des différences entre les chiens longilignes et les chiens brévilignes serait par exemple intéressante). L’une des applications de ces travaux est la mise en place d’implants et de prothèses capables d’évoluer avec la morphologie canine. « Un autre objectif est de développer un clou verrouillé adapté à cette espèce. »
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