Traçabilité des animaux
Gestion
S’ÉQUIPER
Auteur(s) : Raphaële Dupré
L’identification électronique est un acte devenu banal, que le vétérinaire doit toutefois parfaitement maîtriser.
L’identification des carnivores domestiques est obligatoire depuis la loi de janvier 1999, pour tous les chiens âgés de plus de quatre mois, pour toute cession ou vente de chien ou de chat, ainsi que pour valider la vaccination antirabique d’un chien ou d’un chat.
Aujourd’hui, l’identification peut être réalisée grâce au tatouage ou à la puce électronique. En 2011, cette dernière deviendra la seule procédure imposée dans toute l’Union européenne.
D’autre part, en France, la puce électronique est obligatoire chez les équidés : depuis janvier 2004 lors de la réalisation d’un signalement graphique, pour tous les poulains avant le sevrage ou avant le 31 décembre de leur année de naissance, pour les pur-sang anglais avant le sevrage ou avant le 31 décembre de leur année de naissance, pour les trotteurs qualifiés, pour les ânes de race et pour tous les équidés abattus.
Depuis janvier 2005, le transpondeur est également nécessaire pour tous les étalons mis à la reproduction et pour l’ensemble des juments reproductrices, et depuis janvier 2006 pour tous les équidés participant à une manifestation équestre. En outre, à partir de janvier prochain, elle sera obligatoire pour tous les équidés présents en France.
Chez la plupart de nos voisins, la puce électronique s’est déjà imposée comme le seul moyen d’identification concevable, depuis plusieurs années pour certains. La France est donc en retard sur ses voisins, mais l’avenir de l’identification des animaux présents dans l’Hexagone est déjà tout tracé.
Il est donc impératif que toute structure vétérinaire s’équipe et sache répondre aux questions des propriétaires, tant sur la puce elle-même que sur la traçabilité de l’animal.
Si les premiers temps de l’identification électronique ont été marqués par une confusion en matière de matériels proposés, incompatibles les uns avec les autres, une normalisation au niveau international est maintenant en place.
La norme ISO 11 784 définit la structure et l’information délivrée par le code d’identification. Elle se fonde sur les transpondeurs (équipements destinés à recevoir un signal radio et à en émettre un en retour) de dernière génération FDX-B (Full Duplex System) qui remplacent les puces FDX-A de première génération. Cette norme impose aussi des codes de quinze chiffres parmi lesquels un code fabricant et un code pays, tous deux à trois chiffres (le 250 pour la France).
La norme ISO 11 785 définit, quant à elle, la technique employée pour la communication entre le transpondeur et le lecteur. Un lecteur à la norme ISO 11 785 doit pouvoir lire les transpondeurs de technologie FDX-B, mais aussi HDX (Half Duplex System, les puces destinées aux porcs, aux ovins et aux bovins). D’autre part, la plupart des lecteurs du marché peuvent aussi lire les puces qui développent la technologie FDX-A afin qu’un animal, même identifié depuis longtemps, puisse être reconnu.
Le transpondeur lui-même est composé d’une puce électronique gravée dans du silicium, qui contient le code, d’un condensateur et d’une bobine faisant office d’antenne. L’ensemble de ce matériel est réuni dans un petit cylindre en verre de la taille d’un grain de riz (environ 13,3 mm x 2,1 mm) implanté sous la peau de l’animal. Cette “puce” en verre est résistante et biocompatible.
Lorsque le transpondeur est implanté, il est totalement inerte. Il ne possède aucune énergie propre. Lorsqu’il est sollicité par un lecteur, il se “réveille” et devient actif. La puce utilise le champ électromagnétique créé par l’antenne du lecteur et la bobine du transpondeur pour communiquer.
Ce champ électromagnétique alimente le transpondeur et active la puce. Le lecteur envoie des ondes radio de basse fréquence (134,2 kHz) et le transpondeur renvoie à son tour une onde radio grâce à la technique d’induction. Cette dernière est captée par le lecteur qui interprète le signal en convertissant des données binaires en données décimales. Il affiche alors à l’écran le numéro contenu par la puce, le tout en quelques millisecondes. La technologie utilisée est d’application courante, elle est identique à celle mise en œuvre pour les étiquettes de prix “intelligentes”, par exemple. Dans le cadre d’un emploi chez un animal vivant se pose la question de la migration du transpondeur une fois celui-ci injecté sous la peau. Lors de l’implantation, le transpondeur déclenche une réaction inflammatoire du tissu conjonctif qui produit alors une gaine fibreuse autour de la capsule contenant la puce électronique. Celle-ci empêche la migration du transpondeur au-delà de 1 ou 2 cm par rapport au site d’implantation. Il est rare de retrouver le matériel au-delà de cette distance.
D’autre part, le transpondeur est parfaitement toléré par l’animal grâce aux matériaux biocompatibles et les réactions de rejet observées sont anecdotiques. Le code à quinze chiffres contenu dans la puce électronique est unique. Il est enregistré sur le fichier national géré par le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL). C’est ce code qui permet de retrouver un animal perdu et de l’identifier sans aucun doute possible.
Chez les carnivores domestiques, l’implantation se fait de façon sous-cutanée, dans la gouttière jugulaire gauche. Elle se réalise sans anesthésie, lors d’une consultation. Cet acte n’est pas plus douloureux qu’un simple vaccin.
Chez les équidés, le transpondeur est implanté dans le ligament cervical, à gauche, au tiers médian de l’encolure, 3 cm sous la crinière.
De nombreuses autres espèces peuvent être identifiées grâce aux puces électroniques. Chez les rongeurs, l’implantation sous-cutanée a lieu dans le pli du cou, à gauche. Elle nécessite le plus souvent une anesthésie générale préalable.
Cette anesthésie est aussi nécessaire pour les oiseaux, chez lesquels la puce est injectée dans le muscle pectoral gauche. Le point d’entrée doit être de préférence suturé.
Chez les reptiles, les transpondeurs sont mis en place sans anesthésie, mais les sites varient selon les espèces et la taille des individus. L’identification des serpents est réalisée de façon sous-cutanée, entre les écailles latérales et ventrales du dernier tiers du corps, ou intramusculaire, dans les muscles du dos, toujours dans le dernier tiers du corps.
La puce est implantée de façon sous-cutanée en face latérale de l’encolure chez les lézards, ou intra-abdominale chez les petites espèces, en face ventrale à 1 ou 2 cm du plan médian en faisant attention à la veine abdominale médiane.
Chez les tortues enfin, tout dépend de la taille. Pour les petites, la voie sous-cutanée peut être utilisée, soit au niveau du pli de la cuisse, soit dans le creux péritonéal entre le cou et le membre antérieur. La puce peut aussi être placée en intra-péritonéal en arrière de la cuisse. Chez les tortues moyennes et grandes, elle peut être implantée sous la peau dans le pli de la cuisse ou en face dorsale de la base de la queue chez les espèces difficiles à manier.
Les poissons également peuvent être identifiés électroniquement, comme c’est le cas en France pour les carpes utilisées dans le cadre de la pêche sportive. Le transpondeur est implanté à la base de la nageoire dorsale à gauche ou dans la cavité cœlomique. Toute la faune sauvage peut aussi bénéficier de cette méthode d’identification. C’est le cas par exemple des ours bruns récemment réintroduits en Haute-Garonne.
Enfin, chez les animaux d’élevage, particulièrement les bovins, trois types d’identification électronique sont possibles. Tous sont destinés à optimiser la traçabilité de ces animaux. Le transpondeur peut ainsi être placé dans une boucle auriculaire, un bolus électronique, ou être implanté par voie sous-cutanée dans le cartilage de l’oreille gauche.
La différence entre les divers fournisseurs tient essentiellement aux caractéristiques propres des lecteurs (maniabilité, distance de lecture, mémoire, etc.) et aux “accessoires” fournis avec les puces électroniques (médailles, autocollant, etc.).
En France, six fournisseurs distribuent des transpondeurs : Abbi, Allflex, Ceva, Merial, Vethica et Virbac. Chacun d’entre eux propose des puces aux normes ISO 11 784, ainsi que les injecteurs associés, parfois accompagnés d’une médaille portant le numéro d’identification à quinze chiffres de l’animal. Les prix s’échelonnent de 4,784 à 7,580 € pour un transpondeur.
En ce qui concerne les lecteurs, tous aux normes ISO 11 785, le prix varie selon leur taille, la distance de lecture du transpondeur, la possibilité de garder en mémoire les numéros lus, la connexion possible ou non à un ordinateur, etc., mais aussi suivant la possibilité de lire les puces au format Trovan ou Avid utilisés aux Etats-Unis. Leur prix se situe dans une fourchette allant de 100 à 500 € HT.
Leur achat doit être raisonné selon les besoins de chacun, ceux des vétérinaires n’étant pas nécessairement les mêmes que ceux de tous les utilisateurs de ce type de lecteurs (mise en mémoire des numéros dans le fichier clients de la clinique, manipulation occasionnelle ou fréquente d’animaux difficiles ou de Nac, etc.).
Quoi qu’il en soit, chaque praticien doit être capable non seulement de réaliser l’implantation de puces électroniques chez les espèces pour lesquelles il est quotidiennement sollicité, mais aussi de renseigner et d’informer ses clients sur ce type d’identification, ainsi que sur la traçabilité des animaux qui y est associée. Il est bon de rappeler à cette occasion qu’une coordination des fichiers nationaux européens est en place, afin de pouvoir retrouver un animal sur le site Internet www.europetnet.com.
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