« Décomplexer les vétérinaires par rapport aux reptiles »

La Semaine Vétérinaire : Pourquoi avoir choisi de consacrer une partie de votre activité aux reptiles ?

Lionel Schilliger, consultant en reptiles à Chilly-Mazarin (Essonne) : Je suis tombé dedans quand j’étais tout petit ! Les reptiles sont mon domaine de prédilection : ils représentent 20 % de mon activité, le reste est consacré à la canine. La condition sine qua non pour bien les soigner est de les aimer. Cela permet de nouer avec les clients une relation privilégiée. Si le vétérinaire n’est pas détenteur lui-même d’un reptile, le dialogue est difficile et il peut passer à côté de détails que les propriétaires rapportent, pourtant essentiels à la démarche diagnostique.

S. V. : Les possesseurs de reptiles sont-ils particulièrement informés sur la pathologie ?

L. S. : Les vétérinaires souffrent souvent d’un complexe par rapport aux reptiles. Ils croient, à tort, que les propriétaires sont plus informés qu’eux. C’est une erreur de se dévaloriser. En effet, cette clientèle a bien souvent des lacunes, notamment en physiologie et en pathologie. Certains sont, il est vrai, avertis, mais ils ne sont jamais pédants : cette clientèle est charmante et c’est un vrai plaisir pour moi de la recevoir. Ce qui la différencie principalement de la clientèle canine, c’est que l’affectif ne prend pas le dessus sur le rationnel : l’animal n’est pas infantilisé. Leur attachement est d’ordre zoologique.

S. V. : Comment expliquez-vous le développement de la médicalisation des reptiles ?

L. S. : Les pionniers en la matière sont l’Allemagne et les Etats-Unis. Il y a un effet de mode réel, mais les amateurs de reptiles existent depuis une quarantaine d’années en France. Une étiquette péjorative les a longtemps mis à l’écart. Du coup, ils étaient peu nombreux à venir consulter. Ils sortent maintenant de l’anonymat, notamment parce qu’un dialogue est désormais possible avec les vétérinaires : le discours « un serpent malade est un serpent mort » n’est plus tenu par les praticiens. De plus, les vendeurs de reptiles ont pignon sur rue.