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Auteur(s) : Valentine Chamard
Parallèlement à l’engouement de plus en plus marqué des Français pour les “nouveaux animaux de compagnie” (Nac), de nombreux confrères ont choisi de s’y consacrer plus particulièrement. L’étude de ces animaux est devenue un domaine à part entière de la médecine vétérinaire.
Parents pauvres de la médecine vétérinaire il y a quelques années encore, les Nac s’imposent peu à peu comme une évidence pour les confrères. La nouvelle génération de vétérinaires sort désormais des écoles pourvue de notions de médecine pour ces animaux.
Mais le choix d’exercer en “clientèle Nac” ne répond pas à une stratégie d’adaptation aux demandes des clients. En effet, les confrères consultants en Nac se caractérisent avant tout par la passion qui les anime, souvent depuis l’enfance, pour ces animaux. Les praticiens interrogés déclarent unanimement que c’est avant tout l’amour de la nature et de sa faune qui les a conduits à s’intéresser à ce domaine. La seconde motivation réside dans le défi technique et diagnostique que ces animaux posent au praticien. En outre, le grand nombre de ces espèces (plus de huit mille, rien que pour les reptiles !) permet un renouvellement permanent des cas cliniques présentés. Cet atout s’accompagne toutefois d’un revers de la médaille : les confrères s’accordent pour dire qu’exercer dans ce domaine est complexe, tant les espèces sont variées et les disciplines à maîtriser nombreuses (biologie, comportement, pathologie, zootechnie, etc.). Ainsi, Franck Rival, président du Groupe d’étude des Nac (Genac), conseille aux praticiens désireux de s’orienter dans ce secteur de commencer par les petits mammifères qui sont, en outre, les Nac les plus fréquemment rencontrés en clientèle. « Soigner un oiseau ou un reptile ne s’improvise pas », précise-t-il. Seuls quelque confrères exercent exclusivement auprès des Nac en France, soit par le biais du statut de collaborateur libéral, soit au sein de cliniques dédiées entièrement à ces animaux, qui commencent à apparaître en France. La plupart pratiquent en effet une activité canine “classique” en parallèle, avec une part variable accordée aux Nac.
« Compte tenu des demandes de formations et de stages, de plus en plus de vétérinaires canins veulent acquérir des compétences spécifiques aux Nac. Toutefois, le marché serait vite saturé si un nombre important de praticiens exerçaient uniquement dans ce domaine », indique notre confrère Christophe Bulliot, consultant en Nac (petits mammifères et reptiles).
Les Nac sont des animaux sensibles au stress et il convient de veiller à le limiter le plus possible dès leur accueil à la clinique. La règle de base consiste à leur offrir une salle d’attente dédiée où ils sont séparés des autres espèces. Des mesures s’appliquent également à la salle d’hospitalisation, dans laquelle les compatibilités entre espèces doivent être respectées, les risques de contagion limités et le chauffage adapté. En ce qui concerne le matériel, l’anesthésie gazeuse à l’isoflurane paraît incontournable. L’équipement spécifique varie ensuite d’un confrère à l’autre, selon les actes qu’il est amené à réaliser : bistouri à radiofréquence pour limiter au minimum les saignements, fibroscope souple pour explorer les maladies digestives du furet, fibroscope rigide pour la cœlioscopie des tortues, des rongeurs, ou des oiseaux, matériel de dentisterie pour les lagomorphes, etc. L’organisation de la continuité des soins, dans ce domaine particulier, est plus ou moins aisée. « Je reçois tout au long de l’année des stagiaires, que je forme pendant une durée de trois mois. Ils participent au service de garde, ce qui permet de proposer à la clientèle une compétence en reptiles 24 heures sur 24 », explique notre confrère Lionel Schilliger. De son côté, Jean-Marie Péricard témoigne de la difficulté de se faire remplacer, « d’où la nécessité d’avoir des assistants formés aux Nac dès l’école ».
La “clientèle Nac” est globalement jeune. Celle des reptiles, explique Lionel Schilliger, « est souvent composée de couples de jeunes cadres dynamiques, amoureux de la nature. Leur motivation tient autant à l’attrait zoologique de l’animal qu’au plaisir de concevoir un petit coin de nature, via le terrarium ». Ceci est toutefois à nuancer en fonction des autres espèces et de l’aspect citadin ou rural de la clientèle. Selon Jean-Marie Péricard, « pour les autres animaux que les reptiles et en milieu rural, toutes les catégories d’âge sont représentées ».
De manière générale, les propriétaires de Nac sont particulièrement motivés et heureux de pouvoir confier leur animal à un vétérinaire. « Ils évoquent souvent leur regret de ne pouvoir trouver facilement de praticien acceptant de les recevoir en consultation », témoigne Jean-Marie Péricard. « Accepter un Nac ne doit pas être une contrainte. Si un vétérinaire ne le souhaite pas, il vaut mieux référer que laisser un client sans réponse », poursuit-il. La motivation du client est aussi d’ordre affectif et financier, notamment pour les perroquets, « acquis environ 2 000 €et qui vivent une quarantaine d’années », ou pour les tortues, « qui peuvent atteindre quatre-vingts ans, et être ainsi transmises à la génération suivante, représentant parfois le souvenir d’un aïeul disparu », explique Franck Rival.
A la question de savoir si cette clientèle est plus avertie qu’une clientèle canine “classique”, la réponse dépend des espèces concernées. « Pour les lapins, les cobayes et les hamsters, les connaissances des propriétaires vis-à-vis de leur animal sont proches de celles des détenteurs de chiens et de chats. Pour les furets, les données disponibles sur l’Internet font que les maîtres connaissent la pathologie. Pour les reptiles, les propriétaires de lézards ou de serpents sont bien renseignés, ceux de tortues beaucoup moins, souligne notre confrère. Pour les oiseaux, le niveau de connaissance est variable. » Jean-Marie Péricard, quant à lui, considère que « les propriétaires d’oiseaux disposent d’informations incomplètes sur leurs animaux. Ils ignorent bien souvent les règles zootechniques de base, pourtant essentielles à leur bonne santé. En effet, nous constatons que, chez les oiseaux, la moitié des maladies sont liées à une malnutrition (à l’environnement chez les reptiles). Le comportement est également souvent méconnu, avec pour première conséquence une difficulté de communication entre le propriétaire et l’animal, et d’éventuels troubles psychiques ».
Les médicaments qui disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour ces espèces sont peu nombreux. Cela ne génère pas pour autant de souci majeur en pratique. « La prescription “hors AMM” est incontournable pour les espèces non domestiques, tout en respectant la cascade et en restant prudent. De plus en plus d’études sur la biodisponibilité d’une molécule pour une espèce donnée sont disponibles, ce qui permet de préciser les dosages et les fréquences d’administration », souligne Jean-Marie Péricard. « La trousse de soins pour les reptiles se compose de peu de molécules. Seuls quelques injectables sont nécessaires (comme l’enrofloxacine, le métronidazole, la gentamycine, le calcium ou l’ivermectine). Il n’y a pas vraiment de carence dans l’arsenal thérapeutique », conclut Lionel Schilliger.
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