Cinq tests in vitro d’irritation cutanée et oculaire sont validés par Bruxelles

La validation de cinq nouveaux tests in vitro, qui constituent une étape importante vers l’arrêt de l’utilisation d’animaux pour les essais d’irritation cutanée et oculaire, a été annoncée par le comité consultatif scientifique du Centre européen pour la validation de méthodes alternatives (Cevma), le 27 avril dernier. Ces tests, explique Bruxelles, seront appliqués à de nombreux produits courants tels que les liquides pour vaisselle, les crèmes pour le visage ou le maquillage, mais aussi à des milliers de substances chimiques industrielles qui devront être évaluées en vertu de la nouvelle législation Reach⁽¹⁾. Ces essais sont validés par un comité composé de personnes désignées par les Etats de l’Union européenne, l’industrie, le monde universitaire et les associations de défense des animaux. Ils doivent maintenant être acceptés par les autorités de réglementation et dans les pays membres.

Les nouveaux tests utilisent de la peau humaine cultivée en laboratoire

Les deux tests d’irritation cutanée ont été mis au point par l’industrie et des entreprises privées après avoir été validés par le Cevma. Les essais font appel à des cultures cellulaires in vitro qui représentent de manière réaliste les propriétés de la peau humaine. Cela permet d’évaluer le potentiel d’irritation cutanée de produits chimiques et d’identifier ceux qui sont irritants et ceux qui ne le sont pas. Tous les tests d’irritation cutanée sont actuellement réalisés sur des animaux (environ 20 000 par an, surtout des lapins). Ces essais sur les lapins sont toutefois contestables, non seulement du point de vue du bien-être des animaux, mais également en ce qui concerne leur qualité scientifique, estime Bruxelles : « Ils s’appuient sur des jugements subjectifs et non sur des mesures rigoureuses des effets. En outre, la peau des lapins ne réagit pas toujours de la même manière que la peau humaine. » Le règlement Reach prévoit actuellement l’essai d’irritation cutanée sur le lapin pour 10 000 substances chimiques qui sont déjà sur le marché depuis plus de vingt-cinq ans. Il sera maintenant possible de remplacer ces essais par les nouveaux tests qui utilisent de la peau humaine cultivée en laboratoire.

Recourir aux tissus recueillis dans les abattoirs plutôt qu’au vivant

Deux autres essais validés permettront quant à eux d’identifier des irritants oculaires à l’aide de tissus prélevés dans les abattoirs qui, autrement, finiraient au rebut. Là encore, l’essai remplacera le recours aux animaux vivants pour mettre en évidence de puissants irritants, même si l’expérimentation animale sera toujours nécessaire pour les irritants légers, précise la Commission. Cependant, le Cevma évalue actuellement huit autres modèles qui, en cas de succès, remplaceront entièrement les essais sur l’œil de lapin vivant. Quant au cinquième essai validé, il permet de réduire de moitié le nombre de souris utilisées, soit environ 240 000 animaux, pour les tests d’allergies cutanées. Ces cinq essais représentent un élément important de la politique de la Commission européenne visant à réduire, remplacer et améliorer l’expérimentation animale dans l’Union. Cette politique est directement reliée à l’actualité, notamment la dernière modification de la directive relative aux produits cosmétiques, qui interdira les essais sur les animaux d’ingrédients de produits cosmétiques à partir de 2009, ainsi que la future législation Reach, qui entrera en vigueur le 1^er juin prochain.

• (1) Règlement CE n° 1907/2006 du Parlement et du Conseil européens du 18/12/2006 concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances.

• Pour en savoir plus : Cevma (http://ihcp.jrc.ec.europa.eu/).

• Source : Commission européenne.