La nationalisation de la profession à l’œuvre en Suède est-elle souhaitable en France ? - La Semaine Vétérinaire n° 1271 du 26/05/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1271 du 26/05/2007

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Le gouvernement suédois a mis en place une réforme de la profession vétérinaire pour pallier le manque de praticiens dans certaines zones. Dans ce secteur à vocation libérale, le changement est de taille : en effet, la grande majorité des vétérinaires suédois sont fonctionnaires. Qu’ils exercent dans le secteur canin ou rural, ils sont rétribués par l’Etat, qui leur fournit locaux, matériel et voiture (voir La Semaine Vétérinaire n° 1263 en page 26).

L’épidémiovigilance que nous assurons est bénévole

Daniel Comperat, praticien à Arcis-sur-Aube (Aube).

J’aurais aimé que l’article consacré à la Suède donne plus de précisions sur l’organisation des cliniques d’Etat. Est-elle adaptée au fait que, comme ici, les éleveurs souhaitent une intervention rapide ? Dans l’Aube, où la densité, tant humaine qu’animale, est faible, le cheptel diminue et les exploitations se concentrent. Nous devons intervenir sur des secteurs de plus en plus vastes, c’est pourquoi nous avons choisi de rester réactifs en étant plus nombreux. Nous sommes six et disposons de trois cabinets dans des agglomérations voisines. Cette organisation exige de la polyvalence. Tout en essayant de maintenir la rurale, nous développons la canine (les résidents à la campagne font de plus en plus soigner leurs animaux de compagnie). En revanche, avec l’assainissement des cheptels, la prophylaxie diminue et nous craignons un effritement de nos missions de mandat sanitaire. S’il nous est demandé de veiller à d’éventuelles résurgences de maladies contagieuses, l’épidémio-vigilance que nous assurons est bénévole et nous laisse le sentiment de devenir les intermittents du spectacle sanitaire. Il serait normal de rémunérer le vétérinaire sanitaire pour “mailler” le territoire. Cette question peut devenir capitale pour les cliniques dont l’activité rurale est faible et donc à peine rentable. Dans le département de la Marne, certaines structures n’exercent plus qu’en canine. Conserver la délivrance des médicaments est aussi un enjeu vital pour que la rurale se maintienne.

Des missions régulières sont nécessaires

Eric Février, praticien à Saint-Mamet-La-Salvetat (Cantal).

Le Cantal ne manque pas de vétérinaires et nous avons le sentiment d’assister actuellement à un retour à la rurale des jeunes diplômés. Si nos conditions ne sont pas celles du cercle polaire, il est intéressant de voir que la Suède a pris des mesures pour que cela continue de fonctionner. La surveillance sanitaire y est beaucoup plus stricte qu’ici : par exemple, l’administration de médicaments par l’éleveur est interdite. Un tel système serait une révolution chez les éleveurs français, qui auraient du mal à accepter cette tutelle sanitaire. Je suis un praticien libéral et attaché à le rester. J’interviens chez des éleveurs qui m’ont choisi et que j’ai choisis. Cette confiance mutuelle me permet d’assurer une mission de conseil ou de premier contrôle, mais certainement pas de sanction. Ce rôle est pour l’instant dévolu à la DSV qui, par ailleurs, ne finance le maillage que partiellement, à travers des missions annuelles (visite sanitaire obligatoire d’élevage) ou des actions ponctuelles (comme pour la grippe aviaire). Pour le maintenir, il faudrait des missions plus régulières. L’Europe va demander plus de contrôles et de surveillance. L’Etat va-t-il mettre la main à la poche et nous en déléguer une partie ? Si c’était le cas, nos organisations professionnelles pourraient nous permettre d’acquérir le savoir-faire nécessaire. De notre côté, il faudrait alors nous réorganiser en structures plus importantes.

L’Etat préfère développer une relation de collaboration et de partenariat avec les vétérinaires libéraux

Carol Buy, direction départementale des services vétérinaires de la Creuse.

Du point de vue d’un agent de l’Etat, la double activité instituée en Suède, qui lie les pratiques administrative et vétérinaire, est certainement attractive, car elle renforce la relation de terrain. Si nous effectuons nous-mêmes de nombreuses visites en élevage, nous ne pouvons pas parvenir à la même proximité que le vétérinaire praticien. Néanmoins, le système suédois ne me paraît adapté ni à l’esprit ni à la situation française. Le problème d’avoir un maillage vétérinaire suffisant concerne aussi la France, mais ne se pose pas ici avec la même acuité qu’en Laponie. Dans la mesure où les vétérinaires libéraux ont toute leur place dans l’Hexagone, l’Etat préfère développer une relation de collaboration et de partenariat avec eux. En leur confiant un certain nombre de missions ponctuelles, comme la prophylaxie, les prélèvements ESST à l’équarrissage, l’inspection des petits abattoirs, etc., il leur apporte une source de financement complémentaire à leur activité libérale, tout en tirant avantage de leur compétence et de leur répartition géographique. Nous avons aussi généralisé la visite sanitaire obligatoire d’élevage qui nous permet de connaître la situation des exploitations et contribue au dialogue entre le praticien et l’éleveur. Cela permet à ce dernier d’avancer sur certains points, comme la tenue du registre sanitaire. L’esprit actuel est donc plutôt de maintenir le réseau en place. Dans la mesure où chaque acteur fait correctement son travail, notamment du côté de la DDSV, en maintenant une certaine pression de contrôle, la surveillance sanitaire devient tout à fait satisfaisante. A l’avenir, nous continuerons d’avoir besoin des praticiens libéraux. La question de la nature de ce lien pourra se poser, il s’agira de savoir jusqu’à quel point, dans l’exercice de ces délégations, le vétérinaire libéral devient un agent de l’Etat. D’autres missions permanentes de service public ne relèvent pas des praticiens et il nous faudra également redéfinir nos besoins en fonctionnaires.

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