LE COACHING PROFESSIONNEL FAIT ÉCLORE LES TALENTS CACHÉS

Installé sur une chaise, Arthur, dix-huit ans, observe les dizaines de figurines devant lui. “Lesquelles te représentent ?”, interroge Jean-Philippe. […]. L’élève de terminale […] attrape un personnage incarnant un jeune dilettante, mains dans les poches et sourire en coin, parce qu’il “en a marre de tout, du lycée, et veut changer”. Dans le futur, Arthur se verrait bien en petite statuette de cosmonaute. “Que fait le jeune pour changer d’ici au baccalauréat et se transformer en cosmonaute ?”, poursuit Jean-Philippe […]. »

Ce dialogue, paru dans un article du Figaro daté du 5 juin dernier, n’est ni un délire journalistique, ni une enquête sur les jeux de rôle. En fait, « aussi surprenant que cela peut paraître, Arthur révise le baccalauréat » et Jean-Philippe, son coach, l’accompagne pour décrocher le précieux sésame. Cette explication ne peut que susciter l’interrogation. S’il ne dispense pas de révisions assidues, le coaching serait donc un outil pour décrocher un diplôme… comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs. Si le terme coaching est désormais couramment employé, il est aussi galvaudé. Que cache réellement cet anglicisme ? S’agit-il d’un phénomène de mode ou d’une méthode efficace de développement personnel… dont les vétérinaires pourraient tirer bénéfice ?

Le coaching permet de réveiller les potentiels enfouis

« Le coaching repose sur une alliance conçue pour accompagner une personne ou un groupe vers son meilleur niveau de réussite et d’épanouissement », selon la Fédération francophone de coaching. Le verbe “accompagner” est essentiel à la compréhension de cette discipline. En effet, le coach n’a rien à apporter à son client en termes de connaissances ou de compétences. Ce dernier possède en lui toutes les ressources nécessaires pour résoudre son problème ou atteindre son but. L’objectif est seulement de l’aider à lever les résistances qui l’empêchent d’y parvenir. Le coach n’est en aucun cas un conseiller ou un thérapeute (voir encadré ci-contre). Ainsi, de façon métaphorique, le coach aide une personne au bord du gouffre à trouver le pont pour le traverser, sans pour autant lui indiquer où il se trouve, mais plutôt en lui faisant prendre conscience qu’il est capable de le trouver lui-même.

Un autre moyen de comprendre le coaching est l’exemple de l’athlète qui effectue un cent mètres en 9,5 s durant l’entraînement, mais qui ne peut descendre sous les 10,5 s lors des compétitions. Le coach (qui est bien différent d’un entraîneur) va accompagner le sportif dans la recherche des potentiels qui n’arrivent pas à s’exprimer durant les épreuves. Par extension, le coaching professionnel s’applique à un individu, une équipe, voire une organisation dans de nombreuses situations : réorientation professionnelle (coaching d’orientation ou de projet), préparation à la retraite, mise en œuvre d’un projet d’équipe (ou résolution d’un conflit), prise de poste, création d’entreprise et toute compétence à améliorer ou qu’il est difficile d’extérioriser (management, relations).

Le coaching s’adresse donc plutôt aux managers, aux cadres et aux chefs d’entreprise. Toutefois, sous le nom de life-coaching, il peut aussi s’intéresser à la sphère personnelle. Les motivations pour y faire appel sont alors multiples : bénéficier d’un accompagnement en vue d’une perte de poids, transformer le trac ressenti lors des examens ou des compétitions par de la confiance en soi, se débarrasser de peurs concrètes, augmenter sa capacité de concentration, améliorer le relationnel avec autrui (y compris la famille), apprendre à se préserver.

Un coaching répond à une méthodologie clairement définie

Le coaching est une méthode fondée sur le questionnement et la mise en action. Elle permet au client de prendre du recul par rapport à une situation problématique pour l’analyser rapidement sous différents angles et imaginer des solutions innovantes. Les séances répondent à un cadre bien défini. Un entretien préliminaire permet de cerner l’objectif précis à atteindre (et de déterminer s’il correspond bien aux capacités du client) et les conséquences attendues lorsque le but sera atteint, pour lui et son environnement. Par ailleurs, la relation de confiance étant essentielle, lors de la première séance, le client choisit son coach, celui qui lui est proposé ou un autre.

Les séances consistent en divers exercices qui conduisent à identifier et dépasser ses blocages et à prendre conscience des points clés du comportement à changer. Pour cela, différents outils existent, parmi lesquels la programmation neuro-linguistique (PNL). « Cette technique se fonde sur ce qui fonctionne bien chez des personnes qui réussissent. Différents axes d’observation permettent de définir les modèles utilisés par le client de manière automatique et inconsciente. Elle met en œuvre des exercices qui permettent de lever des blocages inconscients. Elle permet également de découvrir toutes ses ressources cachées », explique notre consœur Marlen Volland-Francqueville (voir entretien ci-dessous), désormais coach. D’autres outils existent, comme l’analyse transactionnelle (qui repose sur le changement des croyances limitantes, sur le monde et les autres, et qui empêchent de développer son potentiel) ou encore la systémique (la personne coachée n’est pas vue comme une entité, mais comme la composante d’un système relationnel plus vaste). Ainsi, en s’appuyant sur toutes les ressources de son client, le coach l’accompagne vers le changement positif. Entre les entretiens, le “coaché” est souvent invité à mettre en œuvre certaines pistes, qui contribuent à faire avancer sa réflexion. Au fur et à mesure des séances, il évalue lui-même sa situation, sa progression.

Un coaching est limité dans le temps et dure en moyenne cinq séances d’une heure et demie, voire douze séances réparties sur une année pour les accompagnements de prise de poste. Il vise à opérer le changement souhaité par le client et à lui donner le plus rapidement possible l’autonomie et les outils pour résoudre d’autres situations à venir. Mais la durée et surtout le nombre de séances sont variables. Ce dernier point dépend de l’ancienneté du problème et de la marge à franchir entre la situation vécue et la situation désirée. Ainsi, dépasser un trac isolé peut être rapide (entre une et trois séances). D’autres situations, plus complexes (plusieurs personnes impliquées, difficultés à résoudre, défi ambitieux), peuvent demander davantage de temps.

Grâce à la création d’associations reconnues, n’est pas coach qui veut…

La définition du coaching n’est pas protégée. N’importe qui peut s’improviser coach du jour au lendemain. Ainsi, des donneurs de conseils farfelus peuvent proposer des coachings dans tous les domaines imaginables. Des garde-fous existent toutefois. En effet, des associations reconnues se sont créées (Société française de coaching, Association européenne de coaching, International Coach Federation, par exemple). Avant d’entamer une telle démarche, il convient donc de vérifier que la personne choisie adhère à un tel organisme, qui fixe des règles de déontologie et de capacités strictes. Cela garantit des compétences reconnues par les pairs et le suivi d’un Code de déontologique (voir encadré en page 26). Le bouche-à-oreille et le ressenti font le reste !