Santé publique. Forum à l’Institut de France
Actualité
Auteur(s) : Guillaume Fournié
Plus de 60 % des agents pathogènes qui affectent l’homme et environ 80 % des maladies qualifiées d’émergentes ou de réémergentes sont zoonotiques. Toutes les dernières grandes crises sanitaires qui ont impliqué des maladies infectieuses sont le fait du passage d’un agent pathogène de l’animal à l’homme : l’ESB et le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 et, dans une moindre mesure, le virus du Sida (les deux types majeurs de virus, VIH-1 et VIH-2, ayant chacun une origine simienne). De plus, ces épidémies, qui touchent principalement les pays du Sud, sont responsables de dommages sociaux et de pertes économiques dont l’étendue et les conséquences restent encore à évaluer.
Cette importance croissante des zoonoses pour la santé publique a fait l’objet d’un forum, coorganisé par le comité des pays en développement (Coped) de l’Académie des sciences et le Groupement interacadémique pour le développement (Gid). Il s’est tenu à l’Institut de France, le 6 juin dernier, et a réuni les représentants des Académies des sciences, de médecine, d’agriculture et vétérinaire, ainsi que de nombreux experts de ces maladies.
Ces dernières décennies ont vu l’émergence de nouvelles zoonoses, mais aussi la modification de l’épidémiologie de certaines maladies, pourtant connues de longue date, qui touchent dorénavant des populations et des territoires jusque-là indemnes. La fragmentation des écosystèmes naturels et leur perturbation par l’introduction de nouvelles espèces ; la spectaculaire augmentation des déplacements et des transports ; la pénétration de nouveaux écosystèmes et la modification des interfaces homme-animaux et animaux domestiques-animaux sauvages ; l’important décalage économique à l’origine d’une dégradation des systèmes de santé, des structures de veille sanitaire et de lutte dans les pays du Sud ; les changements climatiques dont l’impact reste difficile à prévoir sont autant de facteurs d’émergence et de réémergence, principalement d’origine anthropique, de ces maladies zoonotiques.
Ainsi, en raison de la multiplicité de ces facteurs et du rôle des espèces animales dans l’émergence et le maintien des agents pathogènes à l’origine des dernières grandes crises sanitaires, tant l’étude de la dynamique de transmission de ces maladies que la lutte contre celles-ci nécessitent une approche multidisciplinaire, faisant intervenir tous les acteurs de la santé publique, notamment les vétérinaires. En effet, une stratégie de contrôle durable des maladies zoonotiques ne peut être efficace que si elle prend en compte les cycles épidémiologiques dans leur globalité et s’attache à prévenir la transmission à l’homme en luttant contre le réservoir animal d’une part, et en diminuant l’exposition des populations humaines d’autre part. La profession vétérinaire constitue donc un élément essentiel dans la lutte contre ces maladies, les praticiens ayant un rôle primordial à jouer non seulement au sein des réseaux de veille sanitaire, mais aussi dans la recherche et l’information du grand public.
Comme l’a précisé notre confrère Charles Pilet(1), initiateur de ce forum, « la veille sanitaire et les mesures de lutte ne doivent pas être mises en place lors de la survenue des épidémies, mais doivent au contraire les anticiper et viser le réservoir animal, seule stratégie efficace pour le contrôle de ces maladies à long terme ». Ainsi, une collaboration entre médecins et vétérinaires est indispensable, or celle-ci est loin d’être effective. « Si les acteurs de terrain et le monde scientifique ont depuis longtemps pris conscience de cette nécessité, c’est encore loin d’être le cas pour les institutions publiques. La haute administration française semble ignorer l’importance que revêt la santé animale pour la santé humaine, ainsi qu’en témoignent les textes publiés récemment concernant la création de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Les structures administratives en charge de la santé humaine et de la santé animale n’interagissent pas suffisamment, or ce cloisonnement nuit considérablement à leur efficacité. »
Des exemples de collaboration entre réseaux de veille sanitaire ou entre équipes de recherche existent, notamment entre laboratoires de référence en santé humaine et animale. Néanmoins, ces exemples restent trop peu nombreux et ne s’appuient pas sur des liens institutionnels forts, pourtant indispensables. Leurs collaborations en sont donc fragilisées. Ces nécessaires et indispensables rapprochements institutionnels doivent également, selon Charles Pilet, concerner la formation des futurs acteurs de la santé publique : « Les sciences de base (chimie, bactériologie, immunologie, toxicologie, génétique, etc.) étant partagées par les deux médecines, il serait logique d’envisager une préparation commune aux deux filières spécifiques, ainsi qu’un module similaire de spécialisation en santé publique à l’issue des deux formations. »
Le professeur Pilet a conclu le forum en présentant d’autres propositions relatives notamment à l’information du public et à la recherche.
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