Entre nous
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Outre les pharmaciens, les groupements de producteurs et les cabinets vétérinaires “affairistes” se positionnent également en concurrents du vétérinaire de terrain pour la délivrance du médicament. Heureusement, le récent décret relatif à la prescription et à la délivrance des médicaments est relativement clair. Seul le vétérinaire “traitant”, celui qui figure sur le carnet sanitaire de l’élevage, peut prescrire sans examen clinique. Les salariés des groupements devront donc garantir la continuité des soins que nous impose le Code de déontologie pour accéder à l’autorisation de prescrire… Cependant, il y a fort à parier que les affairistes d’hier traqueront les faiblesses législatives pour devenir les affairistes de demain, toujours à la limite du droit. Le récent texte crée aussi de nouvelles obligations pour les vétérinaires : un bilan annuel d’élevage doit être réalisé pour obtenir l’autorisation de délivrer sans visite. Cette activité d’audit (à quel prix ?) aboutira à une meilleure prise en charge des besoins sanitaires globaux. Tout cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain.
La vocation du praticien n’est pas de prescrire le plus de médicaments possible, mais le mieux possible, et donc souvent le moins possible, aux éleveurs qui lui font confiance. Mais il faudra bien que les professionnels de l’élevage comprennent que le maintien d’un nombre suffisant de confrères dans les structures vétérinaires pour continuer à assurer le service de proximité et le fameux “maillage sanitaire” passe par la délivrance du médicament.
Les pharmaciens ont acquis la possibilité de renouveler les ordonnances des médicaments disponibles par les plans sanitaires d’élevage (PSE). Mais certains en délivraient déjà, ainsi que tous les autres produits pourtant interdits sans ordonnance. Il est souhaitable que tout le monde “rentre dans les clous”, y compris les pharmaciens… Vœu pieux ? De récents communiqués montrent qu’ils essayent déjà de tirer profit des nouvelles dispositions.
Mes associés comme moi-même ne ressentons pas trop la concurrence avec nos confrères et consœurs des alentours. Cela s’explique peut-être par une bonne répartition des clientèles. Mais surtout, nous avons su préserver une organisation appropriée des gardes syndicales. Le système comprend une quinzaine de vétérinaires et fonctionne bien : certains choisissent d’assurer plus de gardes que d’autres et, au final, chacun y trouve son compte. Par ailleurs, je privilégie d’abord mon travail de clinicien. Mon rôle n’est pas de “vendre” du médicament ou de l’aliment. Il m’arrive régulièrement de prescrire en pharmacie. En outre, je ne me vois pas abandonner telle ou telle spécialité (par exemple des médicaments antiparasitaires) sous prétexte que de nombreux ayants droit la délivrent. Cela ne constitue pas un frein pour notre activité.
Finalement, nos principaux concurrents ne sont pas les confrères voisins, mais essentiellement les groupements et les vétérinaires affairistes, pourvoyeurs à distance. Ceux-ci vendent tous les types de produits, aussi bien les antiparasitaires que les antibiotiques et les vaccins. En revanche, j’ignore si les vétérinaires effectuent la visite annuelle nécessaire. Nous parvenons parfois à connaître certains tarifs pratiqués par les groupements et il nous arrive de faire un geste sur le prix si l’écart n’est pas rédhibitoire. Concernant la clientèle, les pharmaciens sont fort peu impliqués dans la vente de médicaments “ruraux”, plutôt moins qu’il y a une dizaine d’années. Ils sont davantage présents en canine. Mais sur ce créneau, nos tarifs restent largement compétitifs.
En raison du positionnement des centres d’insémination artificielle sur le marché de la reproduction, notre action dans ce domaine est actuellement réduite à des échographies ponctuelles, mais nous n’effectuons plus de vrai suivi de reproduction. La tarification du centre, qui inclut l’échographie dans le prix de l’insémination, permet de proposer des échographies “gratuites”.
Il est difficile de déterminer la part exacte des éleveurs qui passent par les groupements, dans la mesure où la plupart y ont recours de manière plus ou moins occasionnelle. Les exploitations qui s’adressent à eux de façon plus systématique sont nos plus gros élevages, où nous n’avons plus qu’un rôle de pompier, le dimanche et les jours fériés ! Ce ne sont pas des mauvais payeurs, je pense d’ailleurs que si c’était le cas, les portes des groupements et des affairistes se fermeraient plus vite que les nôtres.
Le nouveau décret semble valoriser l’aspect de conseiller de notre métier, mais les éleveurs seront-ils prêts à payer pour ce qu’ils considèrent actuellement comme naturel ? Après la mise en place des fameux protocoles, qui demandera beaucoup de temps et d’investissement de notre part, les traitements ainsi définis ne vont-ils pas nous échapper, ne nous laissant que les catastrophes du dimanche (comme c’est déjà le cas dans certains gros élevages) ou les irrécupérables qui traînent des jours après l’application d’un mauvais autodiagnostic avant de nous appeler ? De plus, comment sont prévues les réévaluations des protocoles de soins ? Je pense en particulier aux diarrhées néonatales et aux mammites dont la cause peut varier au cours d’une même saison. La notion de “visite de suivi” me paraît bien floue, ainsi que sa périodicité. Je m’interroge aussi sur le principe de protocole de soins : il semble devoir être un guide pour aider l’éleveur, mais ne va-t-il pas servir d’ordonnance, grâce à laquelle ce dernier se procurera des médicaments hors du cabinet ?
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