L’artérite virale équine a progressé en Normandie

L’artérite virale a gagné du terrain au cours de la période estivale, passant de trois foyers déclarés dans l’Orne et l’Eure au début de l’été⁽¹⁾ à vingt-six à la mi-août (Orne, Eure, Calvados, Manche, Seine-Maritime). Le comité de suivi sanitaire de cette maladie s’est réuni le 20 août dernier. Comme la situation tend à se stabiliser, il a jugé possible une reprise des concours de modèles et allures à partir du 1^er septembre prochain, à certaines conditions et sous réserve de l’évolution épidémiologique de l’affection.

Actuellement, il est prématuré de considérer que le risque est passé

Bien entendu, les praticiens ont été impliqués, tant pour la veille sanitaire que pour fournir des conseils face aux éventuelles annulations de concours, mais aussi pour la rédaction des certificats de bonne santé. En revanche, les contrôles de ces certificats n’ont pas toujours été effectués lors des épreuves.

La recommandation des certificats vétérinaires est maintenue. Les contrôles sanitaires à l’arrivée des épreuves sont au moins à conseiller. La phase de stabilisation de la maladie n’en est qu’à son début. Les précautions pour éviter les contaminations sont donc toujours de mise : éviter l’échange de matériel entre les chevaux, désinfecter avant les soins d’un cheval à un autre, etc.

Il est aujourd’hui prématuré de conclure que le risque est passé. « Il faut prendre environ trois semaines de recul après le dernier cas positif », explique notre confrère Pierre-Hugues Pitel, du laboratoire Frank Duncombe (Caen, Calvados). La seule crainte réside ensuite dans l’émergence d’un cas d’artérite chez un cheval pour lequel le propriétaire ne ferait pas appel à un praticien et qui ne serait pas contrôlé.

Les mesures de police sanitaire ne sont pas imposées aux organisateurs

La recrudescence du nombre de foyers ces dernières semaines peut également s’expliquer par une plus grande sensibilisation de tous les professionnels du secteur. En effet, « avec la hausse des prélèvements et des contrôles, le nombre de cas positifs mis en évidence a aussi augmenté », analyse Pierre-Hugues Pitel. En outre, certaines recommandations sanitaires n’ont peut-être pas été suffisamment suivies ou n’ont pas été assez fortes, même si la filière équine s’est globalement bien mobilisée.

Le récent foyer supplémentaire déclaré en Seine-Maritime est un cas isolé, qui a touché une jument inséminée au centre technique de Bacqueville-en-Caux. La source de contamination est connue. Les signes cliniques de l’artérite virale remontent au mois de juillet. A cette période, la première étape a consisté à bloquer des concours d’élevage, car ils regroupent des populations de chevaux davantage à risque et qui sont des excréteurs potentiels.

La difficulté majeure est ensuite de gérer les concours de chevaux de sport où se mêlent des contraintes économiques. Si des mesures de police sanitaire ont été préconisées, la décision revient aux organisateurs et certains n’ont pas voulu annuler les épreuves. En effet, la prise de ces mesures ne leur est pas imposée, car l’artérite est une maladie à déclaration obligatoire (MDO). Néanmoins, il revient à chaque organisme de prendre ses responsabilités, puisque, au regard du Code rural, chaque organisateur est responsable de l’aspect sanitaire des épreuves qu’il organise. Ainsi, plusieurs concours ont été annulés par mesure de sécurité ou parce que le nombre de cavaliers inscrits était insuffisant.

Des recommandations à diffuser au niveau des stud-books ?

Cet épisode d’artérite virale équine soulève des questions pour les mois et les années à venir. Des recommandations au niveau des stud-books seront probablement effectuées, au moins pour la monte. Compte tenu de son statut de MDO et du désengagement de l’Etat pour cette classe de maladies réglementaires, la gestion de cette affection revient aussi aux stud-books, qui disposent de la possibilité d’inclure des mesures sanitaires dans leur registre.

La situation est actuellement contrastée selon les races. Ainsi, la recherche du virus est déjà effectuée systématiquement chez les pur-sang, les autres que pur-sang (AQPS) et les chevaux arabes de course. « La généralisation de cette démarche couvrirait une bonne partie du risque de transmission par la voie génitale », précise Pierre-Hugues Pitel. Ce qui ne met pas à l’abri, bien entendu, du risque de transmission par voie respiratoire. Toutefois, les acteurs de la filière sont aujourd’hui mieux sensibilisés au problème.

• (1) Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 7/7/2007 en page 14 : « Situation exceptionnelle dans l’Eure et l’Orne : des formes cliniques d’artérite virale sont déclarées. »