Productions animales. Alerte à la “cocotte” en Grande-Bretagne
Actualité
Auteur(s) : Nathalie Devos*, Jean-Pascal Guillet**
Deux laboratoires, l’un privé l’autre public, sont suspectés d’être à l’origine des foyers de la maladie.
A ce jour, seuls deux foyers de fièvre aphteuse sont confirmés en Grande-Bretagne. Les tests réalisés dans une exploitation du comté du Kent et dans un parc zoologique et d’attractions du Surrey ont exclu la présence de la maladie, a annoncé le 15 août dernier le gouvernement britannique. Il a, de ce fait, immédiatement levé les restrictions mises en place autour des deux sites. Le 14 août, une zone d’exclusion de trois kilomètres avait été mise en place par précaution autour de ces lieux, en raison d’une suspicion de la maladie. « Celle-ci semble ne pas être “sortie” de la zone du Surrey, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Londres, où la présence du virus a été confirmée dans un élevage le 3 août au soir, puis dans un second le 7 août », a indiqué le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra).
En effet, un peu plus de six ans après la terrible épizootie de 2001, la “cocotte” a resurgi outre-Manche. Un premier foyer de fièvre aphteuse a été avéré le 3 août dernier par les autorités britanniques dans une exploitation bovine du comté du Surrey, près de Guildford, au sud de l’Angleterre (voir carte). Le 7 août, un deuxième foyer, localisé dans la zone de protection instaurée autour du premier, a été détecté. Le lendemain, les autorités britanniques ont annoncé avoir procédé « par précaution » à l’abattage d’un troisième troupeau situé près du deuxième foyer.
Le virus identifié chez le bétail contaminé est de souche O1 BFS67, similaire à celle isolée lors de l’épizootie qui a sévi dans le pays en 1967. Or deux laboratoires – l’un est un établissement pharmaceutique privé, Merial Animal Health (propriété du Français Sanofi Aventis et de l’Américain Merck, spécialisé dans la fabrication de vaccins), l’autre un organisme de recherche public, l’Institut de santé animale – disposent d’échantillons de la souche du virus relevée chez les animaux malades et sont implantés sur le site de Pirbright, distant de quelques kilomètres seulement des foyers confirmés. Les investigations officielles ne précisent pas lequel des deux laboratoires est fautif, mais les autorités britanniques les ont, dès le début, pointés du doigt. « Le rapport d’enquête préliminaire, publié le 7 août dernier, envisage l’hypothèse de leur implication. Les enquêteurs ont rejeté la thèse d’une transmission par le vent, évoquée par certains, ou l’effet des inondations qui ont affecté la région le mois dernier », explique-t-on outre-Manche. Le Premier ministre, Gordon Brown, et le ministre du Defra, Hilary Benn, ont désigné implicitement Merial. Le laboratoire privé s’est vu interdire, jusqu’à nouvel ordre, de fabriquer des vaccins à partir de souches vivantes. Selon Merial, l’enquête n’a pas « montré de faille » et n’a pas permis de « trouver une origine » au niveau de son site. En revanche, le laboratoire public voisin, géré par le Defra, peut poursuivre ses recherches.
A la suite de la déclaration du premier foyer de fièvre aphteuse dans l’élevage bovin au Royaume-Uni, la Commission européenne a décidé, le 6 août dernier, d’interdire tous les mouvements de bovins, d’ovins, de caprins et de porcs en provenance de ce pays. Les échanges de viandes, de produits dérivés, de lait et de produits laitiers n’ayant pas subi de traitement thermique et provenant de Grande-Bretagne sont également prohibés. En dépit d’un réexamen de la situation par Bruxelles le 23 août, l’interdiction reste en vigueur jusqu’au 25 août. Les produits en provenance d’Irlande du Nord ne sont pas concernés.
Dans l’Hexagone, les services vétérinaires ont procédé, dès le 4 août, au recensement de toutes les introductions de bovins, d’ovins, de caprins ou de porcs en provenance du Royaume-Uni intervenues au cours des dix jours qui ont précédé la confirmation du premier foyer, un délai en adéquation avec l’incubation de la maladie. Les premières en quêtes et visites sanitaires effectuées ont permis de confirmer l’absence de suspicion de fièvre aphteuse en France.
Les interdictions de rassemblements et de transports de bovins, d’ovins, de caprins, de porcs et autres artiodactyles, mises en place le 5 août dernier, ont été levées cinq jours plus tard. « Toutefois, aussi longtemps que l’épisode britannique n’est pas clos, il est demandé aux services vétérinaires, ainsi qu’aux organisations professionnelles et aux éleveurs, de maintenir leur vigilance, précise la Direction générale de l’alimentation (DGAL) dans une note de service. En particulier, les mesures de surveillance seront maintenues dans les exploitations ayant reçu des animaux originaires du Royaume-Uni. » Outre-Manche, face à l’absence de nouveaux cas, les restrictions de mouvements d’animaux sont progressivement allégées, sous conditions.
L’ampleur de l’épizootie de fièvre aphteuse de 2001 en Grande-Bretagne demeure dans tous les esprits, traumatisés par les immenses bûchers où avaient été brûlés plus de six millions d’animaux. Entre février et septembre de cette année-là, plus de deux mille foyers de la maladie avaient été identifiés dans tout le pays. Cette crise sanitaire a coûté près de douze milliards d’euros au Royaume-Uni. L’efficacité de la lutte contre la fièvre aphteuse dépend en premier lieu de la précocité de la détection de tout signe évocateur de l’affection. La connaissance des signes d’alerte et des symptômes est ainsi primordiale (voir tableau).
• Site du ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra) : http ://www.defra.gov.uk
• Vade-mecum fièvre aphteuse à l’usage des vétérinaires sanitaires.
• La Semaine Vétérinaire n° 1271 du 26/5/2007 en pages 38 à 41.
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