QUATRE MOIS POUR ÉPUISER LES STOCKS DE CERFA RAGE - La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/08/2007

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Auteur(s) : Agnès Faessel

La législation concernant la vaccination antirabique des carnivores domestiques a considérablement évolué ces derniers mois. Cette vaccination ne reste obligatoire que pour les chiens dangereux ou voyageurs. Elle devra surtout être certifiée désormais dans le passeport européen, et dans lui seul.

Comme la France est devenue indemne de rage en 2001, l’assouplissement des mesures de prévention médicale sur son territoire était attendu. C’est chose faite depuis quelques mois, avec l’abrogation de l’arrêté ministériel du 22 janvier 1985 par celui du 4 mai dernier.

L’ancien arrêté de 1985 imposait la vaccination antirabique des lévriers engagés dans des courses publiques et des chiens et des chats introduits dans un camping ou un centre de vacances. Cette vaccination n’est dorénavant plus imposée. En France, il reste toutefois obligatoire de vacciner contre la rage les chiens de première et deuxième catégories (article L 211-14 du Code rural), ainsi que les carnivores domestiques introduits en Corse ou dans un département d’outre-mer (conformément à l’arrêté du 29 novembre 1991). Cette dernière disposition devrait toutefois être abrogée d’ici peu, hormis pour la Guyane française où des cas sporadiques de rage sont encore enregistrés. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a en effet rendu un avis favorable dans ce sens, le 25 juin dernier.

Un troisième cas de vaccination obligatoire concerne les animaux contaminés par la rage et dont la vaccination antirabique est en cours de validité, afin d’espérer déroger à l’abattage : une injection de rappel doit alors être effectuée au plus tard cinq jours après le contact avec l’animal contaminant. A l’opposé, toute vaccination antirabique est interdite chez l’animal mordeur ou griffeur pendant sa surveillance (interdiction reprise dans l’arrêté du 4 mai 2007).

Une vaccination incontournable pour sortir de France ou y entrer

Si un propriétaire voyage hors de France avec son chien, son chat ou son furet, la vaccination antirabique est incontournable. Cette dernière est le plus souvent requise aux frontières du pays de destination, éventuellement associée au résultat probant d’un titrage des anticorps neutralisant le virus. La vaccination en cours de validité sera de toute manière indispensable au retour en France. Si l’animal revient d’un pays tiers où la rage n’est pas considérée comme maîtrisée, un titrage des anticorps neutralisant le virus rabique est aussi demandé (titre supérieur à 0,5 UI/ml, mesuré au moins trois mois avant le départ du pays et trente jours après l’injection vaccinale). S’il revient d’un pays de l’Union européenne ou d’un pays tiers où la rage est maîtrisée, le titrage n’est pas nécessaire(1).

Instauré depuis 2003 pour les mouvements non commerciaux au sein de l’Union, le passeport européen des carnivores domestiques prévoit la possibilité d’y reporter la certification de la vaccination antirabique. C’est donc logiquement que le récent arrêté du 24 juillet dernier l’autorise, en remplacement du système de certification sur des formulaires Cerfa(2).

La fin pour les Cerfa rage mais… le début de nouvelles étiquettes

Adieu donc feuilles roses et bleues : les praticiens peuvent désormais – et devront dès le 1er janvier 2008 – certifier la vaccination antirabique des carnivores domestiques par l’apposition d’une étiquette autocollante dans le passeport européen. Comme ces passeports, chaque étiquette est munie d’un numéro unique (FR, code éditeur, numéro). Elles seront commercialisées par des fabricants agréés. Elles répondent, bien entendu, à des critères de résistance et de sécurité : non repositionnables, elles se déchirent si l’on tente de les décoller.

En pratique, jusqu’au 31 décembre prochain, les praticiens peuvent continuer à utiliser le système des Cerfa, afin d’épuiser leurs stocks. Ensuite, après chaque vaccination, ils devront :

- compléter l’étiquette au stylo bille (date de vaccination, dates de fin et de début de validité) ;

- y coller la vignette du vaccin ;

- l’apposer dans le passeport à la rubrique “vaccination antirabique” (avec cachet et signature, même si ce n’est pas précisé dans l’arrêté) ;

- compléter un registre, qui devra être conservé pendant un an.

C’est finalement ce registre qui sera le plus long à remplir, même s’il peut être informatisé. Il reprend en effet :

- le numéro de l’étiquette et sa date de délivrance, ainsi que les informations inscrites (les trois dates) ;

- le nom et les coordonnées du propriétaire ;

- l’espèce ainsi que le numéro d’identification de l’animal ;

- le nom du vétérinaire.

En pratique, un passeport européen devient donc indispensable pour valider toute vaccination antirabique d’un chien, d’un chat ou d’un furet, même si l’animal ne sort pas du territoire. Le passeport est valable à vie. Il est aujourd’hui acheté environ 1 € par les praticiens, mais est facturé le plus souvent autour de 15 €. Ce surcoût peut constituer un frein à la vaccination antirabique des chiens sédentaires, qu’il faudra lever à grand renfort d’arguments techniques et épidémiologiques… ou en consentant des efforts commerciaux, peut-être pour les clients réguliers. L’évolution de la législation peut aussi offrir l’opportunité de vendre plus facilement le passeport, alors que le Cerfa et désormais l’étiquette sont difficilement facturés.

La primovaccination est désormais valide après vingt et un jours

Un autre changement important est apporté par l’arrêté du 24 juillet dernier : à la suite d’une primovaccination, la protection contre la rage est reconnue valide après vingt et un jours (et non un mois comme précédemment). La France se met ainsi en harmonie avec la réglementation européenne. Depuis 2005, celle-ci reconnaît un délai de vingt et un jours comme nécessaire et suffisant pour la mise en place de l’immunité antirabique après la fin du protocole de primovaccination. Sans modification, la vaccination est immédiatement valide après une injection de rappel.

Ce délai de vingt et un jours avant validité est appliqué pour la primovaccination de tout animal domestique (équidés, ruminants et porcs inclus). En effet, l’arrêté du 24 juillet décrit aussi les modalités de vaccination de ces espèces, sans grand changement (voir encadré ci contre pour les modalités concernant les chevaux). Le Dictionnaire des médicaments vétérinaires (DMV) ne recense aucun vaccin antirabique commercialisé à ce jour pour les porcs. Il contient trois vaccins pour les bovins, ovins et/ou caprins, dont les protocoles diffèrent (âge minimum variable, primovaccination parfois en deux injections). Outre la possible attestation individuelle via le Cerfa, la vaccination peut être attestée :

- pour les bovins, par l’inscription sur le certificat sanitaire annuel et la fiche d’étable ;

- pour les ovins, les caprins (et les porcs), par un certificat collectif.

Si la rage revenait dans les campagnes françaises, les vétérinaires pourraient ainsi ressortir leurs Cerfa inutilisés, même les blancs…

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1278 du 14/7/2007 en pages 20 à 23. Voir aussi le tableau récapitulatif des mesures aux frontières sur le site Planete-vet.com, rubrique actualités (mesures et documents à prévoir au départ et au retour en France des animaux domestiques).

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1279 du 24/8/2007 en page 14.

Les réponses à cinq questions fréquentes

1. Combien de temps après la vaccination la protection antirabique est-elle considérée comme valide ? Elle est valide vingt et un jours après une injection de primovaccination (nouveauté), et le jour même après une injection de rappel effectuée avant la fin de validité de l’injection précédente.

2. Pendant quelle durée cette protection est-elle effective ? En France, aujourd’hui, les vingt-trois vaccins antirabiques commercialisés revendiquent une durée de protection d’un an. Réglementairement, cette durée ne pourra excéder une année que dans le cas d’une primovaccination. Mais le protocole de vaccination de Vangard® R (Pfizer), dont l’autorisation de mise sur le marché date de juillet 2006 et qui n’est pas encore commercialisé, prévoit ainsi un premier rappel un an après la primovaccination, puis des rappels tous les deux ans. Il est en outre indiqué chez le furet.

3. La vaccination doit-elle être associée à l’identification de l’animal ? Oui. Indépendamment de cette vaccination, l’identification des chiens et des chats est par ailleurs obligatoire avant toute cession, même à titre gracieux (article 276-2 du Code rural).

4. Qui peut vacciner un animal contre la rage ? Les vétérinaires titulaires d’un mandat sanitaire (et les vétérinaires ou les enseignants des ENV sur dérogation).

5. Peut-on vacciner un chien, un chat ou un furet de moins de trois mois ? Pas en France, car les vaccins antirabiques actuellement disponibles ne sont indiqués que chez des animaux de plus de trois mois (ou douze semaines).

Agnès Faessel

Vaccination des équidés

A ce jour et depuis 2003, il n’existe plus d’obligation réglementaire de vaccination des équidés contre la rage en France (sauf à l’entrée sur le territoire). Néanmoins, cette vaccination peut être exigée pour participer à des compétitions internationales dans certains pays. Si un cheval ou un âne est vacciné contre la rage, le vétérinaire l’atteste :

- par l’établissement d’un certificat Cerfa (bleu pour une primovaccination et rose pour un rappel) dont un duplicata est conservé pendant un an ;

- en l’inscrivant sur le document Sire, le livret signalétique des chevaux de course ou de sport, ou le passeport de la Fédération équestre internationale (ou encore un certificat de vaccination agréé par le ministère de l’Agriculture).

A. F.
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