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Auteur(s) : Valentine Chamard
La mobilité dans l’enseignement supérieur est en plein essor. La formation vétérinaire n’y échappe pas, puisque le nouveau cursus oblige les étudiants à une immersion à l’étranger, devenue incontournable pour de nombreux métiers.
Avec à la clé un enrichissement professionnel, linguistique, mais aussi personnel.
Dans le contexte actuel d’élargissement de l’Europe, la tendance est à la mobilité des étudiants. Plus de deux cent quarante mille élèves français ont bénéficié du programme européen de mobilité Erasmus depuis sa création, il y a vingt ans, pour un total d’un million et demi d’étudiants à travers toute l’Europe. La formation dans les écoles vétérinaires n’y échappe pas. Les futurs diplômés suivront désormais, dans le cadre du nouveau cursus(1), sept ans d’études, dont cinq à l’école, qui comprennent obligatoirement un séjour à l’étranger. Il se déroulera lors d’un stage (en université ou dans le privé) ou d’une formation (qui allie théorie et pratique, dans un établissement d’enseignement vétérinaire). « Il semble essentiel d’inciter les étudiants à acquérir cette ouverture internationale, indispensable dans de nombreux métiers », précise la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER). La période, le thème, le lieu et la durée (sans excéder deux semestres) sont à choisir par l’étudiant en adéquation avec le règlement des études de son ENV.
Les écoles vétérinaires n’ont pas attendu le nouveau cursus pour promouvoir les formations et les stages à l’étranger. Les quatre ENV disposent d’équipes responsables des relations internationales qui informent les étudiants sur les possibilités de départ à l’étranger, notamment dans le cadre des deux programmes européens de mobilité, Erasmus et Léonardo (voir encadré). Les écoles organisent en début d’année des soirées “mobilité” qui permettent de sensibiliser les étudiants français à l’intérêt d’une expérience à l’étranger. Elle sont aussi l’occasion d’accueillir les étudiants étrangers qui viennent étudier en France.
Les équipes des relations internationales sont à la disposition des étudiants pour les aider à monter leur projet. Elles disposent d’une base de données sur les universités partenaires, sur l’environnement social et pratique des différents pays, sur les structures acceptant des stagiaires. Les démarches administratives sont également gérées par ce service (visa, assurances, dossier d’admission, bourses). Dans le cadre des formations Erasmus, l’université d’accueil se charge en général de trouver un logement sur place.
De nombreuses formules aident les étudiants à partir dans le cadre d’une formation ou d’un stage : les bourses Erasmus et Léonardo de l’Union européenne, les aides des collectivités territoriales (conseils régionaux et généraux), celles du ministère de l’Agriculture et de la Pêche (DGER), du ministère des Affaires étrangères, ou de l’Agence universitaire de la francophonie (pour les stages à Saint-Hyacinthe). Les bourses distribuées par la DGER sont d’un montant forfaitaire de 400 €, lequel peut être modulé et redistribué par l’établissement selon le lieu du stage et sa durée, sous réserve qu’au final, la somme soit comprise entre 50 et 1 200 € pour chaque étudiant.
Cependant, les séjours courts ne peuvent bénéficier des bourses publiques. La durée minimale varie selon les collectivités territoriales, et donc les écoles (minimum de quatre semaines pour les subventions de la région Rhône-Alpes aux étudiants de Lyon et de six semaines pour la DGER). Le financement des stages de courte durée est avant tout personnel. Comme ces formations sont désormais obligatoires pour les étudiants, « l’application du nouveau cursus risque de poser de réels problèmes financiers à une trentaine d’élèves chaque année », explique Françoise Carrière, chargée des relations internationales à l’ENV de Toulouse. « Afin d’éviter ou de diminuer la charge financière pour les parents, l’ENV de Nantes va tout mettre en œuvre pour faire bénéficier d’une bourse le plus grand nombre d’étudiants », déclare de son côté notre confrère Jean-Louis Pellerin, enseignant à Nantes.
Plusieurs contrats de collaboration lient les écoles françaises aux universités vétérinaires étrangères et facilitent les démarches pour les étudiants. Les principaux reposent sur le programme Erasmus. L’ENV de Nantes, par exemple, offre la possibilité de rejoindre dix-sept universités dans douze pays européens ; l’ENV de Lyon dispose, quant à elle, de vingt et un partenariats Erasmus. L’Espagne et l’Allemagne sont les destinations de prédilection des étudiants vétérinaires français pour partir dans le cadre d’une formation.
L’ouverture internationale des ENV ne se limite pas à l’Europe. De nombreux partenariats hors de l’Union existent dans les quatre écoles (par exemple, et sans être exhaustif, entre l’université agronomique de Pékin en Chine et l’ENVN, entre l’université San Salvador en Argentine et l’ENVT, entre l’université de Montevideo en Uruguay et l’ENVL).
En outre, les quatre écoles ont un accord bilatéral avec la faculté de Saint-Hyacinthe (Montréal). Les étudiants peuvent s’y rendre pour effectuer un stage de six à huit semaines dans les cliniques d’animaux de compagnie, d’équine et de bovine. Ce stage a lieu l’été qui précède la T1pro, alors que les étudiants ont déjà reçu un enseignement clinique. Il est aussi possible d’y suivre une formation de trois à huit mois, destinée essentiellement aux T1pro. Suivre un internat, voire un résidanat, est également possible. L’ENVL et la faculté vétérinaire de Saint-Hyacinthe ont signé une entente de coopération scientifique et pédagogique qui, en plus des partenariats déjà cités, permet l’échange d’une année universitaire avec reconnaissance mutuelle des disciplines validées.
Le nouveau cursus impliquera le départ d’une centaine d’étudiants chaque année, toutes promotions confondues, répartis dans les diverses promotions. Mais les futurs diplômés n’ont pas attendu la nouvelle loi pour profiter des opportunités de séjours à l’étranger. En ce qui concerne les stages, une trentaine d’étudiants français partent chaque année de l’ENV de Nantes. Soixante-seize ont quitté dans ce cadre, l’an passé, l’ENV de Toulouse. Pour un stage d’été (six à huit semaines) ou une formation (entre un et deux semestres), plus d’une dizaine d’étudiants de l’ENV de Lyon et de Toulouse se rendent chaque année à Saint-Hyacinthe (Montréal).
Les séjours d’études, qui durent au moins trois mois dans le cadre d’Erasmus, ont moins de succès : entre un et sept étudiants de chaque école adoptent chaque année ce système. La T1pro, une année d’approfondissement, est au final celle qui se prête le mieux aux formations à l’étranger. Il en est de même pour les stages Léonardo, qui impliquent de partir trois mois au minimum.
Tous les ans, chaque ENV reçoit entre dix et trente étudiants dans le cadre du programme Erasmus, majoritairement des Espagnols et des Allemands. Outre l’attrait pour la langue et la culture françaises, ils recherchent avant tout la pratique. « L’enseignement clinique dispensé dans les ENV est renommé, c’est une tradition française », explique notre consœur Denise Remy, enseignante à Lyon et chargée des échanges européens.
Les écoles reçoivent également des stagiaires étrangers diplômés, hors convention de partenariat. Ces stages, payants, leur permettent d’obtenir le statut d’observateurs et d’acquérir une expérience en dehors de leur pays d’origine. Entre vingt-cinq et trente vétérinaires algériens viennent dans ce cadre à l’ENV de Lyon chaque année.
Si les séjours à l’étranger constituent une source d’enrichissement personnel et professionnel (lire l’article ci-dessous), quelques inconvénients sont parfois à contourner. Une fois le cap du financement passé, la barrière de la langue peut constituer un handicap. « Mais ce n’est pas un obstacle majeur, car les étudiants qui partent ont toujours des bases solides dans la langue du pays où ils se rendent et préparent leur séjour (cours de langue avant le départ, travail personnel) », explique Denise Remy. Le principal écueil des formations à l’étranger est de trouver un programme dans le pays d’accueil qui corresponde à celui qu’aurait suivi l’étudiant s’il était resté dans son centre de formation d’origine. « Il faut piocher dans les enseignements des différentes promotions pour composer un programme correspondant à notre référentiel », témoigne une étudiante française qui est partie à Madrid dans le cadre d’Erasmus. « Echouer aux examens est, pour certains étudiants, une source d’inquiétude qui peut les faire hésiter à partir », poursuit Denise Remy. Toutefois, là encore, l’étudiant est aidé par les services des relations internationales, pour composer au mieux le programme de son séjour.
• Erasmus est un programme de formation qui repose sur des conventions établies entre les établissements partenaires.
Il favorise la mobilité de l’étudiant sans alourdir la durée de son cursus, puisque ce séjour est sanctionné par une validation reconnue dans l’établissement d’origine. Un élève inscrit dans une ENV peut ainsi passer entre trois et douze mois, durant ses études, dans une faculté vétérinaire d’un autre pays de l’Union, partenaire du programme. Il reste inscrit dans l’école d’origine qui perçoit ses droits d’inscription. Il ne paye rien dans sa faculté d’accueil.
• Léonardo est un programme de stage d’immersion professionnelle en entreprise privée, mais aussi en université dans le cadre des activités cliniques et de recherche, pendant au minimum trois mois. Accessible aux étudiants vétérinaires depuis 2002, ces derniers peuvent, par exemple, pendant leur cursus, partir en stage chez un praticien rural en Angleterre, dans un abattoir espagnol ou encore dans un laboratoire en Allemagne.
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