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Maladie vectorielle due aux phlébotomes
À la une
Auteur(s) : Valentine Chamard
Les modifications climatiques ont, selon les chercheurs du Réseau d’épidémiosurveillance franco-italien des zoonoses (Resfiz)(1), une influence certaine sur l’abondance des populations de phlébotomes (vecteurs de Leishmania infantum) dans des régions d’Europe centrale ou du Nord. La leishmaniose fait d’ailleurs office de maladie “modèle” dans le projet européen Eden qui étudie l’impact des changements environnementaux sur les maladies émergentes (voir encadré).
Une enquête menée en 2000, auprès de mille sept cent quatre-vingt-douze vétérinaires exerçant dans dix-neuf départements du sud de la France et à Monaco(2), montre une augmentation du nombre de cas sur une aire géographique en extension. En effet, cette année-là, les praticiens ont déclaré plus de cinquante cas par an dans quinze départements, alors que, dans une enquête précédente (1988), les déclarations de plus de cinquante cas annuels n’avaient concerné que six départements (voir carte).
Le changement climatique influe sur trois aspects de la diffusion de la maladie. Il favorise l’extension à de plus hautes latitudes et altitudes de l’aire de distribution des phlébotomes et allonge leur période d’activité et de reproduction (raccourcissement des périodes de développement larvaire et de diapause hivernale). Le nombre de phlébotomes infectés augmenterait également en même temps que la température.
Les scientifiques se montrent toutefois prudents quant à la part revenant aux modifications climatiques dans l’extension de la leishmaniose, car ce point nécessite des travaux plus approfondis. En effet, le réchauffement climatique n’est pas le seul élément incriminé(3). L’augmentation des déplacements des hommes avec leur animal (lors des congés notamment) contribue à la diffusion de la maladie. Les carnivores domestiques peuvent ainsi revenir de leur lieu de villégiature (sud de la France, Espagne, Italie) infectés par la leishmaniose. Le développement de la périurbanisation, les contacts plus fréquents des citadins (et de leur animal) avec la nature sont également en cause.
(1) 3e journée d’actualités sur la leishmaniose, le 23/9/2006 à Nice, organisée par le Resfiz et Virbac.
(2) E. Coulibaly, V. Heinis, C. Campos, C. Ozon, G. Bourdoiseau, P. Haas, P. Marty : « Enquête descriptive sur la leishmaniose canine dans le sud de la France en 2000. »
(3) « Réchauffement climatique et changements épidémiologiques des maladies parasitaires et vectorielles », symposium organisé par Merial les 1er et 2/6/2007.
Face à l’émergence de maladies animales, humaines ou zoonotiques, notamment vectorielles, en Europe, l’anticipation et la prévention s’imposent. Mais cela suppose d’en connaître l’épidémiologie dans des écosystèmes inhabituels. Dans cette optique, la Commission européenne appuie le projet intégré Eden (Emerging diseases in a changing european environnement)(4), dont l’objectif est de comprendre et de quantifier l’impact de changements environnementaux sur le risque d’introduction, d’implantation et de diffusion de maladies émergentes sur le territoire européen.
Eden regroupe des chercheurs de quarante-huit institutions réparties dans vingt-quatre pays. Le programme couvre l’ensemble des écosystèmes européens, depuis le cercle polaire au Nord jusqu’au bassin méditerranéen au Sud, et depuis le Portugal à l’Ouest jusqu’au delta du Danube à l’Est. Il utilise des maladies particulièrement sensibles aux changements environnementaux comme modèles. Certaines sont déjà présentes en Europe, par exemple les maladies à tiques ou à rongeurs, les leishmanioses, la fièvre West Nile. D’autres peuvent émerger ou réapparaître, comme la malaria ou la fièvre de la vallée du Rift. Eden a ainsi pour objectif d’étudier les agents infectieux potentiellement émergents, les capacités vectorielles de leurs vecteurs et des vertébrés hôtes ou réservoirs capables de mettre en place, de pérenniser et d’amplifier de nouveaux cycles de transmission.
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