La France est prise en étau par les sérotypes 1 et 8 du virus de la fièvre catarrhale ovine

L’apparition, en ce début novembre, de la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 1 (3 cas confirmés le 5 novembre) au Pays bas que espagnol, dans le canton d’Irun, près de la frontière, a entraîné la création d’un zonage concernant plusieurs provinces d’Espagne, mais aussi la France, avec un périmètre interdit dans les Pyrénées-Atlantiques et une zone réglementée qui s’étend jusqu’aux Landes. La nouvelle a de quoi surprendre et inquiéter. Jusqu’ici, l’épizootie due au sérotype 1 se propageait plus au sud de l’Espagne (^{voir carte}) et au Portugal.

L’épizootie due au sérotype 8 continue, quant à elle, sa progression nord-sud en France, avec une incidence hebdomadaire croissante. Le 7 novembre, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) comptabilisait 8 804 foyers. Certains ont été confirmés dans de nouveaux départements comme la Loire, la Charente et le Maine-et-Loire. Ils ont entraîné l’extension des périmètres interdits et de la zone réglementée. Désormais, 67 départements (53 en totalité et 14 en partie) sont concernés par le zonage FCO de sérotype 8 (^{voir carte}), 2 départements (en partie) par le zonage FCO de sérotype 1.

La vague bleue s’est d’ores et déjà déversée sur quinze pays européens

L’arrivée du sérotype 8 en Suisse a également été annoncée la semaine dernière par l’Office vétérinaire fédéral. Le voisinage de provinces allemandes atteintes laisse présager une rapide aggravation. La dissémination de ce sérotype touche maintenant 8 pays d’Europe. En Angleterre, de nouveaux cas sont apparus au nord-est de Londres (61 foyers au total le 5 novembre) et la zone de protection a été étendue. Les éleveurs britanniques, dont les échanges intérieurs sont entravés par le zonage, plaident pour que le pays entier soit placé en zone de surveillance. Il faut cependant noter que l’évolution des foyers aux Pays-Bas et en Belgique (les premiers pays touchés cette année) a tendance à régresser.

Tous sérotypes confondus (1, 2, 4, 8, 9, 16), 15 pays européens sont actuellement concernés par les zonages FCO⁽¹⁾.

La situation du bassin allaitant se débloque enfin

La gravité de l’endémie en Europe rend de plus en plus nécessaire l’harmonisation et la simplification de la politique sanitaire commune. Publié le 26 octobre dernier au Journal officiel de l’Union européenne, le règlement qui allège les conditions de circulation des animaux est entré en vigueur le 1^er novembre. Anticipant son application, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche a défini, le 31 octobre⁽²⁾, les protocoles qui permettent d’échanger les animaux depuis la zone réglementée française – périmètres interdits inclus – vers les autres Etats (voir aussi page 30). La nouvelle était attendue par les éleveurs du bassin allaitant, privés d’exportations depuis plus d’un mois. En se fondant sur les cas de bovins importés et découverts positifs⁽³⁾, les autorités italiennes ont cependant remis en cause l’application immédiate du règlement communautaire. Une délégation française s’est rendue à Rome le 5 novembre et, selon un communiqué du ministère, est parvenue à apporter aux Italiens les « garanties nécessaires de sécurité sanitaire permettant la reprise des échanges » dès le 6 novembre. L’Italie a demandé la mise en place « dès que possible » d’une vaccination, que la France s’est engagée à mettre en œuvre « dans les meilleurs délais ».

Le 24 octobre dernier, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture français, a confirmé le lancement imminent d’un appel d’offres pour « la fourniture d’une quantité minimale de 33,4 millions de doses de vaccins correspondant à la vaccination de bovins, ovins et caprins sur une large zone comprenant le territoire infecté ainsi qu’une zone tampon ». L’Angleterre a, de son côté, lancé un appel d’offres le 1^er novembre pour une commande se situant « entre 10 et 20 millions de doses ».

Chaque sérotype nécessite un vaccin particulier. Celui qui vise le sérotype 8 pourrait être prêt avant l’été 2008. Trois laboratoires travaillent actuellement sur ces vaccins inactivés : Merial, Intervet et Fort Dodge. Ce dernier est également en train de développer en Espagne un vaccin inactivé contre le sérotype 1.

• (1) http ://ec.europa.eu/food/animal/diseases/controlmeasures/ BlueTongue_RestrictedZones.jpg

• (2) Note de service DGAL/SDSPA/N2007-8268.

• (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1288 du 26/10/2007 en page 18.

• Source : OIE.