Chirurgie urinaire chez le chien et le chat
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Philippe Zeltzman
Lors d’obstruction urétrale ou de troubles fonctionnels de la vessie, une sonde de cystostomie peut être posée.
Les sondes de cystostomie sont utilisées à court terme pour gérer une obstruction urétrale. Elles peuvent également être employées à long terme (ici plus de quatorze jours), par exemple chez un animal atteint d’une tumeur de l’appareil urinaire distal.
Des auteurs(1) ont étudié le devenir de soixante-seize animaux (trente-sept chiens et trente-neuf chats) et les complications associées au placement de sondes de cystostomie. Une complication est considérée comme grave lorsque la sonde doit être remplacée, lorsqu’une réintervention est nécessaire, ou encore si l’animal décède ou est euthanasié. La complication est jugée mineure si elle est résolue grâce à des mesures conservatrices ou qu’elle répond au traitement médical.
Chez les chiens, les sondes sont posées pour traiter une tumeur urinaire obstructrice (dix cas), un trouble fonctionnel de la vessie tel qu’un traumatisme rachidien ou une atonie vésicale idiopathique (neuf cas), une rupture de l’appareil urinaire iatrogène ou traumatique (huit cas), une vidange urinaire le plus souvent consécutive à une néo-urétérostomie (six cas), ou encore une urolithiase obstructrice (quatre cas). Chez les chats, les sondes sont mises en place à la suite d’une rupture de l’appareil urinaire iatrogène ou traumatique (quatorze cas), un traumatisme rachidien (douze cas), une urolithiase obstructrice ou un syndrome urologique félin (douze cas) ou encore pour assurer une vidange urinaire postopératoire (un cas).
Les sondes sont utilisées à court terme (moins de quatorze jours) chez seize chiens et vingt-cinq chats, et à long terme (plus de quatorze jours) chez dix-neuf chiens et quatorze chats. La durée médiane est de onze jours, mais la durée effective varie d’un jour à quatre ans.
Près de la moitié des animaux présentent au moins une complication. Pour dix-sept d’entre eux, il s’agit d’une complication grave, le plus souvent un retrait accidentel de la sonde (douze cas). Dans quatre cas, celle-ci est remplacée directement via l’orifice de la cystostomie, et dans les huit autres, elle n’est pas remplacée, car le problème médical est résolu. Les autres complications graves incluent notamment le mâchonnement de la sonde par l’animal ou encore la formation d’une fistule après le retrait du cathéter.
Vingt-deux animaux présentent une complication mineure. Il s’agit d’une inflammation ou d’une fuite d’urine au niveau du site de sortie de la sonde, d’une hématurie, d’une obstruction de la sonde, etc. La survenue d’une complication n’est pas associée au signalement de l’animal ou au type de sonde. En revanche, les risques de complication sont significativement augmentés lors d’un usage à long terme. Lorsque l’animal est rendu à son propriétaire, celui-ci juge, dans la majorité des cas, l’utilisation de la sonde comme facile ou assez facile. Les vidanges vésicales via la sonde sont assurées deux à trois fois par jour.
Des soins locaux au niveau du point de sortie de la sonde sont effectués par les propriétaires. La technique leur est expliquée.
Les sondes sont utilisées à long terme lors de tumeur ou de malfonctionnement vésical. Sans cette option, les animaux auraient probablement été euthanasiés.
Des cultures révèlent des cas d’infections du tractus urinaire chez 25 % des animaux. Escherichia coli, sans doute d’origine fécale, est le germe le plus fréquemment mis en cause. Les auteurs ne conseillent pourtant pas l’usage prophylactique d’antibiotiques. Non seulement ils ne préviennent pas l’apparition d’une infection, mais ils sont également responsables du développement de résistances. Ils sont employés en cas d’infection avérée et de manière ciblée. Les auteurs concluent que les sondes de cystostomie peuvent être utilisées à long terme avec succès. Toutefois, les possibilités de survenue de complications doivent être expliquées clairement au propriétaire.
(1) A.L. Beck et coll.: « Outcome of and complications associated with tube cystostomy in dogs and cats : 76 cases (1995-2006) », Javma, 2007, vol. 230, n° 8, pp. 1184-1189.
Après une laparotomie ou une mini laparotomie, une courte incision est créée dans la paroi abdominale. La sonde est passée à travers l’incision. Une autre courte incision vers l’apex de la vessie permet de passer la sonde. Celle-ci est maintenue à l’aide d’une suture en bourse préplacée. Si une sonde de Foley est utilisée, le ballonnet est gonflé à l’aide de sérum physiologique (préférerable à l’air). Quatre sutures entre la vessie et la paroi abdominale sont mises en place, créant ainsi une cystopexie. Après sept à quatorze jours, des adhésions se créent alors entre la paroi abdominale et la vessie. Cela évite le risque ultérieur de fuite urinaire dans l’abdomen, y compris en cas d’arrachement accidentel de la sonde.
P. Z.Plusieurs types de sondes de cystostomie sont utilisables en chirurgie canine et féline.
• La sonde de Foley, avec son ballonnet qui la maintient en place sans sutures, est sans doute la plus utilisée.
L’inconvénient majeur est que ce ballonnet se dégonfle souvent, ou peut devenir poreux. La sonde sort alors de la vessie.
• La sonde de Pezzer possède un renflement en forme de champignon.
Les sondes de Foley et de Pezzer présentent l’inconvénient de devoir être protégées par un bandage ou un tee-shirt.
• Les sondes “low profile” (voir ci-contre ) sont tellement courtes qu’elles ne dépassent guère la surface cutanée.
Le risque d’arrachement est réduit. Elles peuvent être utilisées à long terme : il s’agit en fait de sondes de gastrostomie, donc capables de résister à un milieu acide. En outre, elles ont une valve unidirectionnelle qui permet une vidange facile de la vessie à l’aide d’une seringue.
P. Z.Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire