La fièvre catarrhale ovine submerge la France

La fièvre catarrhale ovine n’affecte pas l’homme et n’inspire donc aucune inquiétude, ni pour la population, ni pour le consommateur », souligne le ministère de l’Agriculture sur son site Internet. Les médias grand public semblent avoir bien compris la leçon, relayant assez peu l’épizootie qui affecte depuis plusieurs mois l’Hexagone, sans doute pas assez “spectaculaire” à leurs yeux. Pourtant, les pertes sont considérables pour les éleveurs de ruminants, avec des mortalités, des baisses de production et des entraves aux échanges commerciaux.

La vague bleue est en outre difficilement contrôlable. En l’absence de vaccin, en cours de développement⁽¹⁾, les éleveurs ne peuvent que constater les dégâts provoqués par l’arbovirose. La lutte insecticide et la limitation des mouvements sont les seules mesures de prévention applicables pour le moment. Le cocktail “nouveau vecteur et nouveau sérotype dans un nouveau biotope” s’est révélé particulièrement explosif l’an passé. Le réchauffement climatique aurait contribué à amplifier l’extension de l’épizootie.

La France a recensé plus de douze mille foyers en 2007

La fièvre catarrhale ovine, également appelée maladie de la langue bleue (blue tongue en anglais), est une affection virale transmise par des insectes vecteurs du type Culicoides. Les espèces sensibles à la maladie sont les ruminants domestiques et sauvages. Jusqu’en 1998, la fièvre catarrhale ovine est considérée comme une maladie exotique avec une répartition tropicale. Elle fait alors son apparition dans le sud de l’Europe où plusieurs sérotypes sont identifiés (1, 2, 4, 9 et 16). Un nouveau venu, le sérotype 8, apparaît en 2006 dans le nord. Il s’agit alors de la première épizootie de fièvre catarrhale ovine documentée en Europe du Nord et de la première circulation du sérotype viral 8 identifiée sur le continent. Cinq pays sont atteints : l’Allemagne, la Belgique, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas. Au total, environ deux mille foyers sont notifiés en 2006, dont six en France. Une nouvelle épizootie débute en juillet 2007. A la fin du mois de décembre, neuf pays sont atteints (l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse et la république Tchèque). Quelque quarante-cinq mille foyers sont recensés, dont plus de douze mille en France. Les quatre cinquièmes du territoire français sont touchés. Et comme si un seul sérotype n’y suffisait pas, l’année 2007 voit également l’apparition du sérotype 1 dans le sud du pays.

Les éleveurs de ruminants débutent ainsi la nouvelle année dans un contexte difficile. Des campagnes de vaccination de grande envergure devraient avoir lieu dans l’Hexagone, à l’instar de la Corse touchée depuis plusieurs années par l’arbovirose. Le début d’une nouvelle époque de prophylaxie ?

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1295 des 21 et 28/12/2007 en pages 14 et 15.