Les experts de la biodiversité s’accordent sur la mise en place d’un équivalent du Giec

Les spécialistes de la biodiversité espèrent, pour la fin de cette année, la création d’un groupe intergouvernemental d’expertise dans ce domaine, à l’image du Giec⁽¹⁾ pour le changement climatique. En novembre dernier, à Montpellier (Hérault), ils étaient près de quatre-vingts à s’accorder sur les missions d’une telle structure, c’est-à-dire fournir une expertise indépendante et crédible, renforcer l’activité scientifique régionale et locale, rendre la connaissance plus accessible et améliorer l’interface entre science et politique, selon un communiqué du Cirad⁽²⁾.

Cette volonté est issue de deux ans et demi de consultations internationales et régionales, organisées sur les cinq continents par le comité de pilotage international sur la biodiversité, afin de mettre en place un mécanisme international d’expertise scientifique sur la biodiversité (IMoSEB en anglais)⁽³⁾. « La communauté qui traite de ce sujet est diverse et fragmentée, et l’information scientifique ne parvient pas efficacement aux centres de décision. C’est tout l’objectif de l’initiative IMoSEB : identifier et évaluer les besoins mondiaux, lancer une consultation mondiale et relier les sciences et les connaissances de la biodiversité aux processus de décision publics et privés », expliquent ses initiateurs. Les spécialistes ont également prévu d’organiser cette année une conférence intergouvernementale, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui devrait permettre de définir les modalités de création de la nouvelle structure. Celle-ci devra notamment tenir compte des résultats et des suites de la démarche “évaluation des écosystèmes pour le millénaire” (Millennium Ecosystem Assessment ou MA), conduite entre 2001 et 2005, afin d’estimer l’influence des activités humaines sur l’environnement et, inversement, la façon dont ces changements affectent les perspectives en matière de santé et de bien-être humain.

La disparition d’espèces se répercutera sur la santé animale et humaine

Pour les experts en biodiversité et ceux du MA, « il ne suffit pas de fournir le décompte des espèces menacées ou éteintes ». La biodiversité doit être considérée dans son ensemble, en termes de gestion mais aussi de services environnementaux, du point de vue, par exemple, de l’adaptation au changement climatique. La disparition de certaines espèces peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé animale et, en conséquence, sur la santé humaine. Ainsi, des régions entières (notamment dans certaines vallées du Népal) sont d’ores et déjà privées de pollinisateurs. Un autre constat concerne l’apparition, dans certaines zones géographiques, d’agents qui perturbent l’écosystème, pouvant entraîner de graves conséquences économiques et sanitaires (il s’agit des toxines pour les fruits de mer, des virus animaux, des parasites pour les arbres fruitiers).

L’une des idées des spécialistes est de créer un réseau d’expertise à partir de l’ensemble des réseaux existants. Selon eux, les structures internationales et les organisations non gouvernementales (ONG) doivent être parties prenantes du processus. Tous les arrangements multilatéraux sont également concernés : les conventions sur la diversité biologique (CDB), sur le patrimoine mondial, sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (Cites), sur les espèces migratrices (CMS), sur les zones humides (convention de Ramsar), ainsi que les accords régionaux et les conventions sur le changement climatique et la désertification.

• (1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

• (2) Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

• (3) Le secrétariat exécutif d’IMoSEB est confié à l’Institut français de la biodiversité (IFB), dont le Cirad est membre.

• Source : Cirad.