Notre consœur orchestre avec succès une “danse avec les loups” dans le Mercantour

Il aura fallu une organisation presque militaire pour mener à bien la journée de capture des vingt loups gris européens (Canis lupus lupus) de l’enclos Pélago, dans la réserve qui leur est destinée au centre Alpha à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes). L’objectif de cette intervention, qui a eu lieu le 28 novembre dernier, était de capturer les loups d’une même meute, pour effectuer des soins, des mesures de prophylaxie et divers suivis. L’enclos du Pélago est situé à 1 600 m d’altitude et s’étend sur 2,5 ha. Sa configuration est idéale pour la meute (parc escarpé, boisé, au dénivelé important). Mais elle rend le travail des intervenants “sportif”, notamment pour la téléanesthésie.

Une fois endormi, chaque animal a été vacciné et vermifugé

Véronique Luddeni (T 92), praticienne mixte en élevage ovin extensif et membre de l’Association française des vétérinaires de parcs zoologiques (AFVPZ), a orchestré l’opération. Elle a reçu l’aide de toute une équipe, dont deux praticiens également membres de l’AFVPZ : Florence Ollivet-Courtois, spécialiste européenne en anesthésie et capture de la faune sauvage, et Jean-Francois Forgue, installé en clientèle mixte et intervenant au zoo d’Asson (Pyrénées-Atlantiques).

Les tireurs sont restés actifs, à l’affût, concentrés et vigilants pendant plus de six heures, malgré le froid (- 3 °C). Une fois endormi, chaque animal a été vacciné contre la maladie de Carré, l’hépatite de Rubarth, la leptospirose, la toux de chenil, la rage et la parvovirose (avec un vaccin hautement titré pour cette dernière maladie, en raison de sa forte incidence dans la région). Un vermifuge en spot on (sélamectine) a également été administré. Une série d’analyses (coproscopie, suivis éthologique, parasitaire et de reproduction) ont été réalisées. Certains animaux servent en outre à documenter des dossiers scientifiques, dont deux thèses en préparation à l’ENV de Toulouse.

Véronique Luddeni intervient dans l’enclos environ cinq fois par an (pour les naissances, les poses d’inserts, les primo-vaccinations, les soins, les urgences). Toutefois, cette vaste opération de capture, qui nécessite une logistique et des moyens humains étendus, est rare. Elle résulte d’une association de compétences et repose aussi sur la confiance et l’amitié. « Notre profession est encore trop souvent individualiste mais, fort heureusement, l’amitié et la passion aident à la coalition, l’entraide et l’efficacité ! », souligne-t-elle.

La gestion de la meute est l’une de ses principales missions

Cette passion du loup, notre consœur l’a découverte via son activité de praticienne mixte. Confrontée aux mortalités dans les élevages, elle s’est intéressée de plus près à cet animal. Elle y consacre aujourd’hui, en plus de l’activité dans sa clinique, une journée par semaine. Une partie importante de sa mission consiste à participer à la gestion de la meute (prévision des naissances, échanges des animaux avec d’autres parcs). « Ce pôle est en mouvance permanente. Il faut toujours être proactif », témoigne Véronique Luddeni.

Une telle activité se vit comme une passion, avec son lot de belles histoires et de souvenirs. Ici l’inspection d’un enclos où quatre petites boules de poils étaient tapies dans la tanière, là l’arrivée des deux louves de sous-espèce italicus « attendues comme le messie et qui sont sorties de leurs cages comme des fusées ! », ou encore le fléchage au crépuscule d’une louve blessée, à - 10 °C, dans une ambiance digne du grand nord, avec la meute qui hurle à côté…

• Plus de renseignements sur http://www.alpha-loup.com/alpha.php