Zoonoses. La leptospirose en question
Actualité
Auteur(s) : Gwenaël Outters
L’actualité en matière de leptospirose a fait l’objet d’une conférence lors du dernier congrès de l’Afvac.
Chez l’homme, les leptospires sont responsables d’atteintes rénales, hépatiques et/ou méningées, dont la forme clinique varie, en particulier selon le sérovar et l’inoculum. Chez le chien, elles entraînent des néphrites aiguës ou des hépatonéphrites. Chez le cheval, la forme est plus chronique, avec des uvéites et des avortements. Chez les ruminants et le porc, les formes les plus caractéristiques sont des troubles de la reproduction.
Ces bactéries hélicoïdales, de l’ordre des spirochètes, qui croissent lentement en milieu aérobie, sont mobiles grâce à leur endoflagelle. Elles survivent dans l’eau à pH plutôt alcalin, mais leur culture est difficile (milieu spécial) et longue. Leur classification a été clinique, puis sérologique (plus de deux cent cinquante sérovars et vingt-cinq sérogroupes sont dénombrés). Elle est désormais génomique. Les recherches par amplification génétique (PCR) ont permis de recenser dix-sept espèces génomiques de leptospires.
Les études de génomes entiers apportent de nouvelles approches analytiques par séquençage et permettent des découvertes fondamentales. Parmi elles, les chercheurs ont identifié la lipoprotéine de membrane externe OmpA, qui joue un rôle majeur dans la virulence. Le gène codant pour cette protéine, loa22, a d’abord été identifié, avant que son rôle dans la virulence de certaines leptospires soit prouvé.
Au niveau épidémiologique, la leptospirose touche cinq cent mille personnes par an dans le monde. Les réservoirs sont les rongeurs et les mammifères sauvages ou domestiques, porteurs plus ou moins symptomatiques. La localisation rénale des bactéries permet leur élimination par les urines et la contamination du milieu extérieur. La transmission peut être directe ou indirecte, via l’eau contaminée, si le contact est prolongé. Les bactéries pénètrent les muqueuses ou la peau lésée.
Chez le rat, la prévalence varie de 10 à 36 % selon les études. Chez le chien, elle est élevée (voir tableaux), ce qui est à mettre en relation avec la séropositivité vaccinale contre les sérovars Canicola et Icterohaemorrhagiae.
Dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire de 2006, la leptospirose a été déclarée « zoonose prioritaire » en France, afin de mieux surveiller les cas humains et animaux, et d’(in) former les acteurs en santé publique. L’Hexagone est le pays le plus touché d’Europe (l’incidence est de 0,3/100000 en métropole, de 16,19/100 000 aux Antilles et de 760/100000 à Futuna). La contamination humaine est encore professionnelle (égoutier, garde-chasse), avec moins de 50 % des cas, mais de plus en plus liée aux activités de loisir. La transmission indirecte est une “histoire d’eau” et représente plus de la moitié des cas humains. En milieu professionnel, les mesures de protection individuelles diminuent les cas de transmission directe. Il convient de ne pas négliger celle par les nouveaux animaux de compagnie, comme les rongeurs (via le contact ou les morsures). Ainsi, un récent décès survenu en Angleterre était dû à la transmission par un rat de compagnie. En conséquence, il est nécessaire de prévenir les propriétaires de ces animaux. Longtemps majoritaire, le sérovar Icterohaemorrhagiae a tendance à laisser la place à d’autres.
Le diagnostic vétérinaire est tout d’abord clinique. Puis la sérologie permet la confirmation, mais peu de laboratoires offrent une technique de séroagglutination correcte (ENVN). A l’avenir, les techniques de PCR constitueront certainement d’autres outils diagnostiques.
Le traitement, lorsqu’il est possible, est à base de pénicilline G et de tétracyclines. Il ne connaît donc pas de nouveauté. La prophylaxie passe par la maîtrise des populations de rongeurs et par des mesures de protection individuelles. Les vaccins actuellement disponibles, bien qu’imparfaits, car ne couvrant pas les sérovars majoritairement retrouvés lors des diagnostics, doivent être conseillés pour l’animal, essentiellement le chien, et dans un but de santé humaine. Dans l’espèce canine, des réactions allergiques peuvent être observées à la suite de l’injection du vaccin, d’autant plus s’il est couplé à la valence rage. En milieu fortement contaminé, il est recommandé d’effectuer un rappel tous les six mois (ce qui augmente parallèlement les risques anaphylactiques). La vaccination dès l’âge de deux mois peut être intéressante en élevage. Elle ne remplace pas la primovaccination, conseillée après trois mois.
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