Reproduction porcine. Journée technique de l’Ispaia
Actualité
Auteur(s) : Patrick Pommier
La présence du verrat est nécessaire à une bonne détection des chaleurs.
C’est devant une salle pleine et en duplex avec des vétérinaires toulousains que l’Institut supérieur des productions animales et des industries agro-alimentaires (Ispaia, Ploufragan) a proposé une journée technique sur l’activité ovarienne de la truie, le 6 mars dernier, en partenariat avec Ceva Santé animale.
Bénédicte Mékerke (Ispaia) a rappelé que les éleveurs, interrogés sur leurs pratiques d’élevage, placent la détection des chaleurs au premier rang des actes qu’ils maîtrisent le mieux. Cependant, sur le terrain, de nombreuses lacunes peuvent être observées, qui constituent autant de sources d’erreur. Ainsi, l’expression des chaleurs est moins nette chez des truies craintives en comparaison d’animaux confiants. Par ailleurs, la présence du verrat est nécessaire à une bonne détection. Le rapprochement doit être étroit. En effet, le taux de détection peut passer de 50 à 90 % selon que le verrat est placé dans une case à 1 m de la truie ou que les animaux sont mis en contact “groin à groin” ! Il convient de tester le comportement d’immobilisation dès la mise en présence du verrat, car une période réfractaire est observée chez les truies après une première immobilisation. L’éleveur peut ainsi “passer à côté” d’une truie qui s’est immobilisée quelques minutes plus tôt, par exemple si le verrat se promène en liberté dans le couloir.
Il faut en outre surveiller la libido du verrat utilisé pour la détection des chaleurs. Ainsi, un “bon” verrat n’est ni trop jeune (pas moins de dix à douze mois) ni trop vieux, actif, avec un état d’engraissement correct (ni trop maigre ni trop gras). Une forte salivation constitue un critère positif.
Bien entendu, la pratique de l’éleveur est particulièrement importante. La plupart des truies présentent des chaleurs faciles à détecter. Il faut éviter de passer trop de temps avec ces dernières, pour se consacrer plutôt à la détection des chaleurs chez les animaux atypiques. Ce sont eux qui font passer les résultats d’élevage “d’assez bons” à “très bons”.
Plus d’un verrat doit être disponible, afin de prévenir toute carence (maladie, fatigue) de l’animal. Au cours de la journée technique, Mads Thor Madsen (Danish Pig Production, Danemark) a insisté sur ce point et a préconisé un programme de détection par l’éleveur, en cinq points. Ces derniers, après la stimulation par le verrat et en présence de celui-ci, sont : la manipulation du flanc et la traction sur le pli du grasset ; la pression du poing sur la zone inguinale ; la pression du poing sur la zone pelvienne et sous-vulvaire ; la pression des deux mains autour de la croupe ; la pression sur le dos par chevauchement. L’insémination doit avoir lieu dans les vingt minutes qui suivent cette stimulation, période pendant laquelle un niveau d’ocytocine élevé favorise la progression des spermatozoïdes.
Bien entendu, il convient de veiller attentivement à l’insémination elle-même, d’autant plus si elle est réalisée avec de la semence prélevée à la ferme (une insémination sur quatre en France), comme l’a rappelé Patrick Pupin, de Selvet Conseil (voir encadré).
Les troubles de la reproduction (anœstrus, œstrus décalé, retours en chaleurs) peuvent être consécutifs à une mauvaise détection ou à une mauvaise insémination, mais aussi être provoqués par de réels troubles de la fonction ovarienne : truie impubère, kyste ovarien, chaleurs de lactation, etc. Leur diagnostic passe alors par le dosage de la progestéronémie. Celle-ci est nulle (inférieure ou égale à 2 ng/ml) jusqu’au premier œstrus, puis augmente au moment où il se produit pour passer, en quelques jours, à des niveaux pouvant atteindre 25 à 70 ng/ml (phase lutéale), avant de redescendre dans les jours qui précèdent l’œstrus suivant (phase folliculaire). La durée du cycle peut varier de dix-huit à vingt-quatre jours (vingt et un en moyenne), celle de la phase lutéale entre treize à seize jours et celle de la phase folliculaire de trois à six jours. En cas de gestation, la progestéronémie reste élevée, alors qu’elle est presque nulle pendant la lactation. A un moment donné, la détection d’une progestéronémie importante signe donc une cyclicité “normale”, même si les chaleurs n’ont pas été observées. Inversement, une progestéronémie basse (moins de 2 à 2,5 ng/ml) peut témoigner soit d’une absence de cyclicité (truie impubère ou anœstrus vrai), soit d’un prélèvement au cours de la phase folliculaire. Le doute est alors levé par la réalisation d’une seconde analyse, une dizaine de jours plus tard. Ce type de test était jusqu’à présent assez fastidieux (coût et délai de réponse importants), mais il est à présent réalisable “au bureau”, voire en élevage, à l’aide d’un kit Elisa de diagnostic sanguin rapide (Pig Reprokit) développé par Ceva avec la collaboration de l’Institut du porc.
• Loger les verrats à l’écart des truies.
• Utiliser des cases équipées en caillebotis intégral.
• Eviter le stress thermique d’été.
• Distribuer un aliment complémentaire spécifique au verrat.
• Employer une salle de récolte spécifique.
• Ne prélever le verrat qu’une fois par semaine.
• Respecter une hygiène rigoureuse lors de la récolte.
• Eviter les gants en latex poudré (spermicides ?).
• Effectuer des spermogrammes réguliers pour détecter les anomalies.
• Vérifier le colorimètre.
• Utiliser de l’eau distillée.
• Contrôler systématiquement la motilité après dilution.
• Connaître le statut du verrat vis-à-vis du syndrome dysgénésique respiratoire porcin (SDRP).
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