Protection animale. Bilan des actions en faveur des animaux de rente
Actualité
Auteur(s) : Marine neveux
Ses actions en justice concernent surtout des animaux privés de nourriture, d’abreuvement, de soins.
L’assemblée générale de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) s’est tenue le 29 mars dernier au Sénat, sous la présidence de notre confrère Jean-Pierre Kieffer. L’association est particulièrement active, comme l’ont illustré les différents rapports, mais aussi les témoignages des intervenants et les multiples actions menées sur le terrain. Trop de brutalités sont encore à déplorer. « Dans le but de faire évoluer les mentalités, l’OABA et la Fédération française des marchés de bétail vif (FMBV), avec l’aide du Centre d’information des viandes (CIV), ont réalisé un guide de bonnes pratiques pour les foires aux bestiaux. Complété par des affiches, il sera distribué aux différents professionnels concernés au cours de cette année », a expliqué Jean-Pierre Kieffer.
L’OABA a également obtenu l’interdiction de certains jeux cruels tels que “la course aux canards” de Calais, ainsi que l’abandon de certaines pratiques ancestrales lors des “fêtes du cochon”, comme à Besse dans le Puy-de-Dôme, où l’animal était tué et égorgé en public. « Quant aux corridas, à l’horreur de la mise à mort dans l’arène s’ajoute celle des conditions de détention et de transport des taureaux de combat, dénoncées par l’association. »
Les abattoirs font l’objet d’une attention particulière, en raison des mauvaises conditions de contention des animaux dans certains d’entre eux, de l’absence d’étourdissement en dehors de l’abattage rituel, de la suspension d’animaux parfaitement conscients, etc. « A l’initiative de l’OABA, les quatre fédérations d’abattoirs se sont réunies pour étudier la mise en place d’un programme de formation du personnel amené à manipuler les animaux, depuis les stabulations d’hébergement jusqu’au poste d’abattage. » Cette formation, organisée avec l’aide de l’association, devrait voir le jour cette année.
Concernant la fête de l’Aïd el-Kebir de décembre dernier, notre confrère a rappelé que, comme chaque année, environ un tiers des deux cent mille animaux sacrifiés l’ont été en dehors de tout établissement d’abattage. Certaines situations – conditions de transport déplorables, égorgements par des personnes non formées et sur des sites temporaires, etc. – demeurent inacceptables.
Les actions contentieuses de l’OABA comptent une vingtaine de procédures pénales, engagées durant les douze derniers mois. « Ces actions en justice concernent majoritairement des animaux privés de nourriture, d’abreuvement, de soins, ou détenus dans des conditions intolérables », constate Jean-Pierre Kieffer.
Lors de l’assemblée générale, plusieurs médailles de l’association ont été remises. A cette occasion, notre confrère Stéphane Cadorel, inspecteur de la santé publique vétérinaire, a été distingué pour son action destinée à mettre un terme aux césariennes effectuées par des éleveurs en Côte-d’Or. Notre confrère a rappelé que les aides européennes sont liées au suivi de la réglementation par les éleveurs. « Mais nous faisons parfois face à des cas particuliers : des éleveurs récalcitrants ou en difficulté (animaux divagants, mal identifiés, prophylaxies non effectuées, etc.). » Il existe fréquemment un problème social sous-jacent : « La solution n’est alors pas dans la sanction. Quand l’éleveur est déjà dans un état de dénuement, le faire passer devant un tribunal ne sert à rien. » Lorsque les animaux sont en détresse, il est possible de faire réaliser des soins via une délégation du préfet. Mais avec les animaux de rente, l’action est complexe, car les troupeaux comptent souvent une centaine de bovins et il n’y a pas de fourrières adaptées. Les solutions passent alors par une aide sociale, par l’appui des chambres d’agriculture, ou par l’obtention d’une cessation d’activité pour l’éleveur en cause. Dans ces situations, la justice doit aussi suivre les actions de terrain, car il est délicat de garder les animaux pendant plusieurs années en attendant sa décision. « Il faut en outre trouver un éleveur qui accepte de s’occuper du troupeau, en plus de ses propres animaux, pendant plusieurs mois ou semaines. » Stéphane Cadorel a en outre salué le pragmatisme non dogmatique de l’OABA, ses actions pratiques et non confrontatives sur le terrain. Le travail d’enquête des délégués de l’association a aussi été applaudi, dont celui de notre confrère Charles Touge, en charge de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Marion Guillou, présidente de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), assistait à l’assemblée générale. Elle a rappelé que le rôle des scientifiques est aussi de mieux comprendre le bien-être animal. « L’éleveur n’est pas là que pour produire, mais également pour savoir ce que la société attend de lui. » Le citoyen urbain demande notamment à connaître les pratiques d’élevage et à obtenir des garanties sur leur traçabilité. « Le bien-être animal est une demande forte de la société, constate Marion Guillou. Aujourd’hui, les chercheurs essaient de cerner ce qu’est le bien-être animal, la représentation qu’il a de son environnement, de comprendre ses états mentaux, pour arriver à trouver des marqueurs objectifs. »
De son côté, Eric Kerourio, chef du bureau de la protection animale à la Direction générale de l’alimentation, a rappelé le cadre actuel des rencontres Animal et société. Ce Grenelle a en effet débuté autour de trois thèmes majeurs : le statut juridique de l’animal (avec l’analyse d’une possible harmonisation des régimes qui encadrent la protection animale), l’animal dans la ville (avec la gestion adaptée des populations), et l’utilisation de l’animal (pour sa consommation et dans le cadre du spectacle). « L’OABA participe pleinement à ce Grenelle de l’animal qui, nous l’espérons, devrait aboutir à des propositions concrètes pour améliorer les conditions de vie et d’abattage des animaux de rente », explique Jean-Pierre Kieffer.
« Le premier temps consiste à faire un état des lieux, le second à pointer les carences, a détaillé Eric Kerourio. Trop souvent, les associations de protection animale se plaignent moins des lacunes du cadre législatif que d’une absence de sanctions pour les infractions. Or il me semble nécessaire qu’elles se réunissent en dehors de ces rencontres pour se mettre d’accord sur des propositions concrètes portées par toutes. » Dans ce cadre, notre confrère a évoqué le projet sur l’abattage et la mise à mort des animaux, et celui réformant la législation européenne sur l’utilisation animale à des fins expérimentales ou scientifiques. « La révision de la directive sur l’abattage devrait s’accompagner de l’obligation de formation du personnel manipulant les animaux dans les abattoirs. Cela répond à la demande insistante de l’OABA », a précisé Jean-Pierre Kieffer. Il a rappelé le nécessaire respect des règles d’abattage rituel, qui doit s’inscrire en outre dans le cadre plus vaste de la protection animale, de l’environnement et de l’hygiène alimentaire. Selon Eric Kerourio, une harmonisation des pratiques en Europe est souhaitable.
Concernant les animaux de compagnie, le décret d’application de la loi du 6 janvier 1999 devrait sortir prochainement, presque dix ans après la loi… De même, dans le domaine de l’expérimentation animale, les arrêtés d’application de la loi de 1988 vont être refondus en un seul.
• 155 enquêtes.
• 22 visites d’élevages (de bovins, d’ovins, de caprins, de porcs, de volailles dont des autruches, d’équidés et de poissons).
• 15 visites de marchés aux bestiaux (en diminution en raison de la fièvre catarrhale ovine et de la baisse d’activité).
• 118 visites d’établissements d’abattage.
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