Pour les pestes aviaires, la compartimentation permettra de préserver les échanges mondiaux

En 2006, le secteur de la génétique avicole, doté de conditions sanitaires strictes, a particulièrement souffert des embargos successifs imposés par les pays tiers sur les exportations françaises. Maintenir le statut indemne de maladies pour la totalité d’un pays se révèle difficile, surtout pour celles dont la pénétration ne peut être maîtrisée au niveau des frontières nationales. Afin d’éviter d’interrompre inutilement les échanges internationaux, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) souhaite mettre en place, en élevage de sélection, un dispositif de compartimentation. Ce moyen alternatif est intégré dans le Code terrestre 2006 (voir encadré) de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

A la différence de la régionalisation ou du zonage, fondés sur des limites géographiques, la compartimentation repose principalement sur les pratiques de gestion et d’élevage ayant trait à la sécurité biologique. Sept facteurs sont utilisés pour l’évaluation et la reconnaissance d’un compartiment : sa définition, sa séparation épidémiologique par rapport aux sources potentielles d’infection, la documentation des facteurs critiques pour le définir, sa supervision et son contrôle, la surveillance de l’agent pathogène ou de la maladie, la capacité diagnostique, et la capacité de réponse urgente, de contrôle et de notification⁽¹⁾. Les filières d’élevage intensif, dans lesquelles les systèmes de production font l’objet d’une intégration verticale, sont des bons candidats à cette procédure.

La traçabilité est l’un des critères principaux de la compartimentation

Lors de l’édition 2007 des Journées de la recherche avicole, notre confrère Thomas Pavie, inspecteur en santé publique vétérinaire à la DGAL, a présenté l’application de la compartimentation à l’étage de sélection de l’espèce Gallus gallus pour l’influenza aviaire notifiable (H5 et H7) et pour la maladie de Newcastle. Ce nouveau dispositif concerne donc les élevages reproducteurs, futurs reproducteurs et les couvoirs des filières chair et ponte. Il repose sur le volontariat des opérateurs qui s’engagent à appliquer, à tous les établissements du compartiment, un système commun de biosécurité.

La compartimentation est fondée sur la validation successive de quatre grandes étapes (^{voir figure}). Les établissements qui y satisfont, après l’examen de leur dossier par la Direction départementale des services vétérinaires (instruction de la demande de qualification et inspection de l’établissement) pour la compartimentation, se verront qualifiés d’indemnes.

Le système commun de gestion de la biosécurité est fondé sur un dispositif unifié et documenté de gestion des principes généraux d’hygiène, une procédure unifiée et documentée de gestion de la traçabilité des produits, et un plan HACCP pour les dangers liés à la maladie de Newcastle et l’influenza aviaire. L’analyse HACCP réalisée pour la filière de sélection Gallus gallus a permis de déterminer les points critiques du dispositif. Dans tous les élevages du compartiment, les mesures de gestion des risques associés doivent avoir été mises en place et testées : cela inclut les autocontrôles de procédures, la gestion documentaire, les dépistages sérologiques dans tous les élevages du compartiment, l’enregistrement des contrôles. Le renouvellement de la qualification sera annuel.

Avant son application au niveau national, la faisabilité du dispositif a été testée sur le terrain, dans quatre départements. A terme, la compartimentation pourrait être intégrée au cadre juridique communautaire.

• (1) Pour en savoir plus : A. Scott et coll. : « Le concept de compartimentation », Rev. Sci. Tech. Off. Epiz., 2006, vol. 25, n° 3, pp. 881-887, http://www.oie.int/eng/publicat/rt/2503/ pdf-br-REVIEW25-3/02-scottfr881-888.pdf Checklist pour l’application pratique de la compartimentation à l’influenza aviaire et à la maladie de Newcastle, 18/2/2008 : http://www.oie.int/fr/info_ev/Other %20Files/Fr_Checklist_Compartmentalisation_AI_ND.pdf