Ce ne sont que des animaux ?

Notre confrère Nicolas Pizzinat, vétérinaire à Jardiland, nous fait part de ses réflexions sur le rapport concernant le statut de l’animal de Suzanne Antoine⁽¹⁾ et se pose comme le représentant d’une certaine autorité morale : il doit y avoir une barrière infranchissable entre le statut de l’homme et celui de l’animal. Nous aurions été très intéressés de connaître les principes sous-jacents de son jugement : sont-ils économiques uniquement, religieux (la supériorité, par essence, de l’homme sur l’animal), etc. ? Au nom de quoi l’animal n’a-t-il pas de droit ? Pourquoi le changement de son statut aurait-il « des conséquences redoutables » ? Les « extrémistes de la protection animale », que notre confrère ne semble pas être loin d’assimiler à des terroristes en puissance, ne sont peut-être que des personnes qui en ont assez de voir des avalanches d’images et d’entendre les horreurs subies par les animaux (sur l’Internet, You Tube et DailyMotion en montrent des exemples), et qui veulent faire bouger les choses un peu plus. Puisque les individus sont incapables de se comporter d’une manière décente et respectueuse vis-à-vis des animaux classés sous le statut de biens meubles, alors autant changer ce dernier. Est-ce inquiétant ? Sans doute pour ceux qui nient le côté sensible des animaux et qui en tirent profit. Pour conclure, voici une citation du philosophe allemand Theodor Adorno à méditer : « Auschwitz commence quand quelqu’un regarde un abattoir et pense : ce ne sont que des animaux. »

• (1) Voir le courrier des lecteurs dans La Semaine Vétérinaire n° 1311 du 18/4/2008 en page 7.