Comment envisagez-vous la délégation de tâches aux auxiliaires ?

Nous sommes convaincus que déléguer est essentiel

Actuellement, nous avons cinq auxiliaires. Trois d’entre elles sont polyvalentes, les deux autres étant plus orientées vers l’accueil, le travail administratif et l’assistance en consultation. Les tâches sont réparties par demi-journées : le matin, une ou deux auxiliaires aident en salle de chirurgie ; l’après midi, l’une reçoit sur rendez-vous et une auxiliaire volante assiste les vétérinaires en consultation. Une dernière est à l’accueil toute la journée.

Les rendez-vous de l’auxiliaire sont consacrés à des soins comme les coupes de griffes, le changement de pansement, les sorties des “petites” opérations, etc. Nous ne passons pas systématiquement, et elles nous appellent si besoin.

Dans notre structure de quatre vétérinaires, nous sommes convaincus que déléguer est essentiel pour valoriser les auxiliaires, décharger les praticiens d’une partie de leur travail afin qu’ils se concentrent sur la santé animale. Tout ce qui n’est pas spécifiquement “véto”, comme les soins infirmiers et les tâches administratives, peut être délégué. C’est une question de protocole. Les auxiliaires connaissent leurs limites, et nos clients leur font confiance, car nous les valorisons dès la première consultation. Chacune d’elles est responsabilisée pour des tâches spécifiques. Nous déléguons donc de plus en plus, pour une meilleure efficacité et aussi une meilleure rentabilité, ce dont tout le monde profite.

La motivation passe par la délégation

Depuis le départ à la retraite de notre ancienne auxiliaire, nous avons pris une personne en contrat de professionnalisation. Avec une petite structure, nous avons peu l’occasion de déléguer. Par exemple, nous n’utilisons pas beaucoup les pansements, et les sutures cutanées sont résorbables. L’auxiliaire est avant tout chargée de l’accueil, de la gestion des rappels de vaccination et des factures. Elle assure la contention pour différents actes (chirurgie, imagerie) et assiste le vétérinaire pour certaines opérations, notamment les ostéosynthèses. Les détartrages lui sont rarement confiés et notre politique n’est pas de déléguer des actes chirurgicaux. Pourtant, à mesure que sa formation progresse, les aspirations de notre auxiliaire se précisent dans ce sens. Il nous semble y avoir un décalage entre l’enseignement suivi et nos besoins. La motivation passe par la délégation d’actes de haute technicité, mais nous trouvons cela difficile à mettre en œuvre quand la formation de base n’est pas acquise. Le conseil est une prérogative de l’auxiliaire. Cependant, celle-ci doit rester prudente. Notre auxiliaire actuelle donne des réponses pertinentes, tout en sachant nous demander notre avis à bon escient. Nous avons fait l’expérience d’une personne qui connaissait mal les limites de son savoir. Le client recevait des informations contradictoires, ce qui est préjudiciable pour tout le monde.

Je voudrais qu’elles deviennent de plus en plus autonomes

Nous employons deux auxiliaires à temps plein, embauchées à la suite de leur stage de fin de scolarité. Leurs tâches sont bien définies : elles sont respectivement responsables des commandes “médicaments” ou bien “aliments”, ce qui leur permet de bien connaître les besoins de la clinique. Sinon, elles tournent une semaine sur deux : soit accueil et vente au comptoir, soit aide en consultation ou en chirurgie et soins au chenil. Depuis le début, nous les encourageons à suivre des formations par l’intermédiaire du Gipsa [organisme officiel de formation professionnelle des auxiliaires, Ndlr] ou dans le cadre du droit individuel à la formation, sur la gestion du stock ou la vente.

Je voudrais qu’à terme elles sachent faire des gestes simples et deviennent de plus en plus autonomes pour les soins au chenil (faire une prise de sang, poser un cathéter par voie intraveineuse). Déléguer me permet d’avoir du temps et de me concentrer sur les actes techniques (chirurgie, échographie, endoscopie), et donc de rentabiliser l’investissement en matériels pour les examens complémentaires.

Les actes simples réalisés en médecine humaine par les infirmières et, dans les pays nord-américains, par les “techniciens vétérinaires”, devraient être pratiqués par nos auxiliaires. Le carcan actuel n’est pas fait pour durer, surtout après les conclusions du rapport Attali. Il faut prendre le train en marche. Le conservatisme est un symptôme du “mal français” et les mentalités doivent évoluer.

Néanmoins, je suis contre le fait de leur laisser effectuer un acte chirurgical, même minime.

S’il m’arrive de leur demander de commencer un détartrage, je contrôle toujours la fin de l’intervention.

En outre, les médicaments délivrés sur ordonnance sont stockés en salle de consultation ; aucune tentation, alors, pour les auxiliaires, de les délivrer sans notre accord. Le but n’est pas de remplacer le praticien, mais de l’aider.