La réussite de la première insémination est meilleure l’hiver que l’été

L’été, les vaches subissent un stress thermique dans de nombreuses régions du monde. L’impact sur les animaux varie selon la durée et l’intensité d’exposition. Une gradation des effets peut ainsi être constatée. Une élévation modérée et de faible durée de la température n’a que peu voire pas d’incidence notable, alors que des répercussions sur le bien-être et le niveau de production des animaux sont à prévoir quand une canicule s’installe : réduction de l’indice corporel et baisse de croissance chez les veaux en engraissement, diminution de la fertilité et de la production laitière chez les vaches, les cas extrêmes pouvant entraîner la mort. Le niveau de stress thermique des vaches peut être évalué selon trois éléments primaires⁽¹⁾ : sensibilité individuelle, conditions environnementales et stratégies de conduite du troupeau.

Certaines conséquences du stress thermique sont à effet différé, comme la baisse de la fertilité. En effet, il n’est pas rare que les vaches soient encore vides en automne, après un épisode de canicule estivale. Deux études⁽²⁾ ont été menées en Italie du Nord dans deux cent cinquante-trois élevages laitiers pour montrer les effets de la saison sur l’activité lutéale au cours du post partum et ses répercussions sur la fertilité. Des dosages hebdomadaires de progestérone plasmatique, effectués jusqu’au 56^e jour après le vêlage, ont permis de déterminer que 18,7 % des vaches n’ont pas d’activité lutéale (progestéronémie inférieure à 1,5 ng/ml à tous les tests), dont 89 % d’entre elles pendant l’été. Dans un second temps, les auteurs ont cherché à déterminer l’effet éventuel de la saison, malgré l’instauration d’un protocole de synchronisation des chaleurs. Les vaches ont donc été réparties en trois lots : l’un de contrôle sans traitement, l’autre traité selon le protocole ovsynch (injection de GnRH à J0, puis de prostaglandine F2α à J7, GnRH à J9) et le dernier recevant de la hCG au lieu de la GnRH, toujours selon le protocole ovsynch. Ces deux lots ont ensuite été inséminés entre seize et vingt-deux heures après la dernière injection. Les résultats obtenus entre les deux lots de vaches synchronisées ne montrent pas de différence significative, quelle que soit la saison. Leurs données sont donc regroupées en un seul lot “traité”.

D’après ces études, les effets de la chaleur sur l’activité lutéale entraînent une baisse des performances des vaches en matière de fertilité, aussi bien après une synchronisation que sans. Le lot de vaches contrôle présente un taux de réussite en première insémination de 16 % l’été et de 36 % l’hiver. Le taux de gestation observé cent trente-cinq jours post partum est respectivement de 65 % et de 72 %. Le groupe de vaches traitées ne révèle pas de différence significative en première insémination par rapport aux vaches témoins. Seul le taux de gestation à cent trente-cinq jours est légèrement meilleur (66 % l’été et 76 % l’hiver). La variation entre hiver et été est similaire à celle constatée chez les vaches sans traitement.

• (1) T.M. Brown-Brandl : « Heat stress in feedlot cattle », CAB reviews, Perspectives in agriculture, vétérinary science, nutrition and natural resources, 2008, vol. 3, n° 16.

• (2) F. De Rensis, F. López-Gatius, T. Capellibah, E. Molina, M. Techakumphu et R. J. Scaramuzzi : « Effect of season on luteal activity during he post partum period of dairy cows in temperate areas », Animal, vol. 2, tome 4, avril 2008, pp. 554-559.

• Voir aussi : Point Vétérinaire, vol. 36, numéro “reproduction des ruminants”, 2005.