“On” a bon dos

J’ai beaucoup de mal à saisir le sens du courrier de mon confrère Jean-Luc Roux, publié récemment⁽¹⁾. Des moqueries convenues et affligeantes sur les ayatollahs de Zoopsy ou autres organismes aux sigles plus ou moins clairs, en passant par une série de généralités sur les propriétaires et les “psychobidules” brumisateurs de phéromones, il affirme que « nous savons ce que cela donne comme résultat ». Nous ne savons pas de quoi il s’agit, mais nous devrions le savoir, manifestement. Et ça continue dans la même veine sur la rage, l’empilement des lois, etc. Tout cela pour nous dire qu’il s’appuiera sur son expérience lors de l’évaluation des chiens dangereux, et non sur la formation proposée. Et alors ? Quel est le rapport ?

Je n’apprécie pas ce discours à la limite de la théorie du complot ou qui dénonce par sous-entendus, ou directement, un verbiage mercantiliste et pseudo-scientifique, où l’on nous assène que tout le monde perd son bon sens, ma bonne dame, et qu’il faut savoir rester libre ! Mais libre de quoi ? D’être assez indépendant pour refuser une formation ? Magnifique ! Si des vétérinaires souhaitent se former, ils participent à la formation. S’ils s’estiment assez expérimentés, grand bien leur fasse ! Mais à lire ce courrier, j’ai l’impression d’entendre une litanie semblable à celle d’un de mes clients qui m’explique pour la dixième fois que « on » cherche à tuer tous les éleveurs en fabriquant des maladies comme l’ESB, la FCO et compagnie parce qu’il y a trop de vaches. « On » supprime les médicaments homéopathiques pour satisfaire le lobby pharmaceutique, etc. Alors « on » fabrique des troubles mentaux avec des mots compliqués, « on » confond les animaux avec des jouets, « on » formate les cerveaux avec des formations, pour le plus grand bien de nos portefeuilles. Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre. Ou la rage, tiens ! Bienvenue au Café du commerce ! Et au cas où, je précise que je suis vétérinaire en exercice mixte en zone rurale, que je n’ai que mon diplôme de base et mes dix doigts, que je n’ai rien à voir avec les organismes aux sigles compliqués et que je ne goûte guère les verbiages scientifiques, mais encore moins les discours simplistes et inutiles.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/4/2008 en page 7.