Il existe des prédispositions raciales à la dermatite pseudo-atopique canine

En allergologie, il est utile de s’accorder sur les définitions, car le consensus sur certains termes reste parfois difficile dans cette discipline. La dermatite atopique canine est la forme cutanée de l’atopie. Cette dernière est caractérisée par une prédisposition génétique au développement de réactions allergiques à des antigènes environnementaux et par un prurit localisé sur la face et aux extrémités. Ces antigènes appartiennent à la famille des aéro-allergènes, présents dans l’air ambiant issu de l’environnement (acariens de maison, pollens, phanères, moisissures, etc.), et des trophallergènes (allergènes alimentaires). La dermatite pseudo-atopique canine se définit comme une dermatite atopique pour laquelle aucune allergie n’est identifiée (R. Halliwell, 2006). Il s’agit de l’équivalent de la dermatite atopique humaine intrinsèque. La forme extrinsèque est la dermatite atopique proprement dite, associée à une allergie aux allergènes environnementaux.

Une dermatite atopique canine peut être considérée comme pseudo-atopique si aucune sensibilité, à quelque allergène que ce soit, n’est mise en évidence. Les éléments nécessaires au diagnostic de dermatite pseudo-atopique sont la présence de trois à quatre critères majeurs du diagnostic de la dermatite atopique (jeune âge, corticosensibilité, chéilite, pododermatite, otite externe), la négativité d’au moins deux intradermoréactions, un taux d’immunoglobulines E spécifiques bas (le taux d’IgE total n’est utilisé que chez l’homme et est, dans ce cas, bas également) et une absence de rémission des symptômes à la suite d’un régime alimentaire d’éviction. Jusqu’à présent, aucune étude chez le chien n’a concerné cette forme de dermatite atopique.

L’objectif de l’enquête réalisée en 2006 est de comparer la dermatite atopique et la dermatite pseudo-atopique canine vis-à-vis des formes cliniques et de la réponse thérapeutique. Ce travail a recensé tous les chiens présentés à la consultation cette année-là pour une dermatite atopique dans un cabinet de clientèle référée en région parisienne.

Mêmes symptômes pour les dermatites atopique et pseudo-atopique

Les animaux inclus dans l’étude sont ceux pour lesquels un diagnostic clinique de dermatite atopique canine est établi, après l’élimination des autres causes de prurit (ectoparasites, infections). Chaque chien présente au moins quatre critères majeurs de diagnostic de la maladie (P. Prélaud, 1996). Deux lots sont constitués. Le groupe “dermatite atopique canine” comprend les animaux dont les réponses aux intradermoréactions testant des aéro-allergènes sont positives. Dans le groupe “dermatite pseudo-atopique canine”, les individus présentent deux intradermoréactions négatives, un dosage négatif d’IgE spécifiques d’aéro-allergènes (Ceri) et une absence de réponse à un régime d’éviction de huit semaines.

Quatre-vingt-deux animaux sont retenus. Soixante et un (74 %) présentent une dermatite atopique et vingt et un (26 %) une dermatite pseudo-atopique. Aucune différence significative n’est mise en évidence entre les deux lots concernant la nature des symptômes, leur sévérité et l’âge ou le sexe des animaux atteints. Les deux formes sont corticosensibles. Les races les plus représentées dans le lot à dermatite atopique canine sont le berger allemand, le boxer, le bull terrier, le bouledogue anglais et le west highland white terrier. Dans le groupe à dermatite pseudo-atopique, 37 % des individus (huit sur vingt et un) sont des bouledogues français. Cette surreprésentation de la race dans ce lot est statistiquement significative.

La dermatite pseudo-atopique répond moins bien à la ciclosporine

Une bonne réponse à la ciclosporine est observée dans 92 % des cas (onze sur douze) dans le lot “dermatite atopique”, versus 50 % (cinq sur dix) dans le lot “dermatite pseudo-atopique”.

Au vu des résultats de l’étude, il apparaît que les symptômes, leur sévérité et l’âge et le sexe des animaux atteints sont les mêmes pour la dermatite atopique ou la dermatite pseudo-atopique. Le bouledogue français apparaît comme une race prédisposée à cette dernière. La réponse à la ciclosporine de la forme intrinsèque est moins bonne que dans toutes les études publiées sur la dermatite atopique canine classique, dans lesquelles l’efficacité est de l’ordre de 80 %.

Cette étude présente néanmoins certaines limites. Le principal biais est celui introduit par la prise en compte d’animaux référés. Pour l’exclusion d’une allergie alimentaire, un seul type de régime a été proposé. Un second, avec d’autres sources protéiques, n’a pas été utilisé. En outre, bien qu’il permette la mise en évidence de l’agent causal dans plus de 90 % des allergies aux aéro-allergènes rencontrées chez le chien, le panel d’allergènes classiquement utilisé en médecine vétérinaire reste restreint. Ainsi, en raison d’un manque de fiabilité, les moisissures ne sont pas testées.

Par ailleurs, des différences avec la dermatite atopique humaine intrinsèque apparaissent (^{voir tableau}).