La rééducation fonctionnelle d’une rupture de ligament croisé

Une chienne labrador de quatre ans est présentée en consultation de rééducation fonctionnelle pour une boiterie récidivante, apparue à la suite d’une opération du ligament croisé du grasset gauche ayant entraîné des complications.

Chronologie

La rupture du ligament croisé antérieur du grasset gauche intervient mi-février 2005. L’intervention chirurgicale a lieu en mars, avec l’ajout d’un cerclage du grasset. Ce dernier se rompt en octobre. Depuis lors, la chienne effectue des sorties hygiéniques uniquement en laisse (trois quarts d’heure, trois fois par jour). Elle est présentée à la consultation de physiothérapie un an et demi après (avril 2007), pour des boiteries intermittentes du postérieur gauche depuis février, récidivantes malgré un traitement anti-inflammatoire à base de carprofène.

Examen clinique de physiothérapie

Un léger soulagement du postérieur gauche en position statique et une position assise en grenouille sont notés. Aucune boiterie significative n’est mise en évidence à la marche, mais à la course la chienne présente une soustraction d’appui du postérieur gauche ou un engagement simultané des deux postérieurs en “saut de lapin”. La manipulation des membres met en évidence une raideur du grasset gauche, des craquements, ainsi qu’une petite limitation de mouvement non douloureuse en flexion et en extension. Aucune contracture musculaire ou rétraction tendineuse n’est décelée. En revanche, une perte de tonicité et une amyotrophie marquée sur le quadriceps gauche sont notées.

Programme de rééducation fonctionnelle

Deux séances par semaine d’hydrothérapie, des exercices actifs de soustraction d’appui du postérieur et de l’antérieur droits pour travailler le report du poids sur le postérieur gauche, une reprise progressive des promenades en liberté sont programmés. Après six séances d’hydrothérapie, une prise de masse musculaire de 2 cm est notée sur le postérieur droit et 3 cm sur le gauche. A la dixième séance, la prise de masse supplémentaire est de 1 cm sur le postérieur droit et de 0,5 cm sur le gauche. Le propriétaire débute des exercices de traction de pneu, un jour sur deux pendant 10 min, après 5 min d’échauffement en balade, en vue d’une reprise progressive de l’activité sportive de la chienne.

Bilan

La chienne a bien récupéré, tant au niveau de sa masse musculaire, de sa tonicité et d’une locomotion normale avec appui total que sur le plan de l’endurance et du travail cardio-respiratoire en vue d’une pratique sportive. Le propriétaire, satisfait de cette évolution, souhaite poursuivre la rééducation fonctionnelle pour entretenir le renforcement musculaire obtenu (quatorze séances d’hydrothérapie de 25 à 30 min de nage deux fois par semaine). Ce programme permet un renforcement et le maintien des masses musculaires acquises, un gain de tonicité et de puissance, une restauration de l’appui total et normal du postérieur gauche et la rétrocession des boiteries récurrentes.

Conclusion

La rééducation fonctionnelle, et notamment l’hydrothérapie, est une technique atraumatique, complémentaire de la chirurgie, qui permet de restituer une fonction locomotrice correcte, même sur des lésions anciennes avec échec des traitements médicamenteux.